Chapitre 1 : L'analyse de l'activité par l'Etat des soldes de Gestion (ESG)
Une
analyse statique basée sur des indications bilanciels ne permet ni de situer
l’entreprise dans son secteur, ni de dégager ses perspectives. D’où le recours
à l’étude fine de l’activité pour comprendre le processus selon lequel se
déterminent les niveaux de performance commerciale, économique, financière et
stratégique.
Le compte de produits et de charges est
un document très important parmi les états de synthèses. La lecture du résultat
d’une société sur un bilan, ne permet pas d’expliquer dans le détail comment il
a été réalisé. Cette tâche est assignée au CPC qui, en recensant précisément
les charges et les produits (donc l’activité) de l’entreprise au cours
de l’année, permet de déterminer précisément ce qui a contribué à un bon ou un
mauvais résultat. Une première approche est faite en étudiant les trois parties
du CPC : l’exploitation, le financier et le non courant.
Le CPC, présenté d’une manière
simplifiée ou détaillée, selon les prescriptions légales et les
caractéristiques des activités des entreprises, décrit les opérations
effectuées pendant un exercice sous forme de produits et charges classés selon
leur nature : d’exploitation, financière ou non courante. L’analyse se
montre vigilant en distinguant les comptes représentatifs de flux réels de ceux
qui ne donnent pas lieu à des encaissements ou décaissements. Dans ce dernier
cas il s’agit des charges calculées (dotations aux amortissements et aux
provisions, valeurs comptables des éléments d’actif cédés) et des produits
calculés (reprises sur amortissements et provisions, plus value de cession). Le
compte de produits et de charges permet à la fois, de dégager les soldes de
gestion caractérisant l’activité, et la capacité d’autofinancement déterminant
le potentiel de croissance.
Cependant, cette démarche
est insuffisante puisqu’elle ne donne pas une analyse détaillée de la formation
du résultat de l’exercice. Le plan comptable propose pour cela un tableau qui
permet justement de mener une étude plus fine du CPC. C’est l’état des soldes
de gestion qui se décline en deux tableaux : le tableau de formation du
résultat et le tableau de la CAF.
Les
soldes intermédiaires de gestion permettent de dégager deux types
d’indicateurs : des indicateurs d’activité (chiffre d’affaires,
production, valeur ajoutée) et des indicateurs de résultat (marge commerciale,
excédent brut d’exploitation, résultat d’exploitation, résultat courant avant
impôt, résultat net, capacité d’autofinancement, autofinancement). Cette
cassade d’indicateurs se construit non seulement d’après le type d’opérations
effectuées (exploitation, financières, exceptionnelles) mais aussi d’après les
contributions des différentes parties prenantes ou partenaires de l’entreprise.
I- Calculs préalables des différents soldes :
Calculs de l’ESG
|
Nom du solde obtenu
|
1Ventes
de marchandises (en l’état)
2-
achats revendus de marchandises
|
= marges brute sur ventes en l’état
|
3
ventes de biens et services produits
4
variation stocks de produits (+ ou -)
5
immobilisations produites par l’entreprise pour elle-même
|
+ production de l’exercice
|
6
achats consommés de matières et fournitures
7
+ autres charges externes
|
- consommation de l’exercice
|
I
+ II + III
|
= valeur ajoutée
|
8
+ subvention d’exploitation
9
– impôts et taxes
10
– charges de personnel
|
= Excédent brut d’exploitation (EBE)
ou Insuffisante brute d’exploitation (IBE)
|
11
+ autres produits d’exploitation
12
– autres charges d’exploitation
13
+ reprises d’exploitation ; transferts de charges
14
– dotations d’exploitation
|
= Résultat d’exploitation (+ ou -)
|
(calculé
directement à partir du CPC)
|
+/- Résultat financier
|
VI
+ VII
|
= Résultat courant (+ ou -)
|
(calculé
directement à partir du CPC)
|
+/- Résultat non courant
|
-
Impôt sur les résultats
|
= Résultat net de l’exercice (+ ou -)
|
III- Intérêt des différents soldes de gestion :
Avant de passer en revue les différents
soldes de gestion, il est fondamental de rappeler que ces indicateurs ne
peuvent être jugés qu’à la lumière du positionnement concurrentiel de
l’entreprise par rapport à son environnement.
·
La marge commerciale :
La marge commerciale est un indicateur
particulièrement adapté pour apprécier les performances d’une entreprise ayant
une activité commerciale ou de négoce. Une analyse interne s’intéressera aux
marges des différents produits de façon à apprécier leur contribution
respective.
Exemple : Avec un
CA = 1200, Achats = 250, SI = 70 et SF = 50 :
La marge commerciale est 1200 – 270
= 930
Le
chiffre d’affaire :
Le Chiffre d’Affaires (CA) regroupe les
facturations hors taxes de la période, que ces facturations soient encaissées
ou non. Il s’agit des ventes de marchandises, de produits ou de services au
cours de l’exercice dans le cadre de l’activité courante.
Plus que son niveau, les variations du
CA doivent être appréciées : si le CA diminue, s’agit-il d’un effet de
volume ? (Les ventes ont diminué) ou d’un effet de prix ? (les prix
ont baissé). La deuxième situation étant moins préoccupante que la première.
Etant donné la proportionnalité
existante entre le chiffre d’affaires et le coût d’achat des marchandises
vendues, l’évolution de la marge commerciale se juge à travers le taux de marge
ou le taux de marque :
-
Le taux de marge = marge commerciale
/ coût d’achat des marchandises vendues.
-
Le taux de marque = marge commerciale
/ CA (HT)
La pertinence de ces chiffres va
dépendre évidemment des indicateurs sectoriels.
Dans l’analyse il faut accorder une
attention particulière aux réductions commerciales (rabais, remises et
ristournes) et au calcul de la variation des stocks de marchandises.
·
La production de l’exercice :
C’est
le concept central de calcul des E.S.G pour les entreprises industrielles. Ce
solde ne peut être le reflet fidèle de la valeur produite au cours d’une
période, car la production stockés et la production immobilisée sont
généralement évaluées au coût de production alors que la production vendue est
évaluée au prix de vente.
·
La consommation de l’exercice :
Les
consommations sont les approvisionnements (matières et fournitures utilisées,
+/- la variation des stocks) et les autres charges externes (loyers,
assurances, transport, publicité, redevance de crédit-bail, etc.)
·
La valeur ajoutée :
L’agrégation
des valeurs ajoutées de l’ensemble des entités économiques du pays donne le
Produit Intérieur Brut (PIB), indicateur économique très important, dont
l’évolution dans le temps permet de calculer le taux de croissance de
l’économie du pays.
Ce
solde d’importance cruciale appelle certaines remarques :
v
Ce concept permet de mettre en lumière la stratégie de produits de
l’entreprise ;
v
On trouve des raisons (VA/CA) très différents entre une
entreprise qui sous-traite largement sa production et une autre qui est
intégrée. Le suivi du ratio : [Valeur ajoutée / (production + ventes de
marchandises) x 100] dans le temps et en comparaison avec d’autres entreprises
est nécessaire. Ainsi une variation de ce taux peut avoir des causes internes
ou externes :
o
Variation du prix d’achat des matières premières ;
o
Variation des autres charges externes.
v
Malgré un coût en général plus élevé, sous-traiter permet pour une
entreprise de reporter sur ses fournisseurs les aléas des marchés, d’alléger
les immobilisations et de réduire le besoin en fonds de roulement
d’exploitation.
v
La valeur ajoutée est aussi souvent présentée comme la rémunération des
différents facteurs de production (Etat, salariés, bailleurs de fonds,
actionnaires,…) qui ont permis sa création.
·
L’Excédent Brut d’Exploitation (E.B.E) :
C’est un solde qui est calculé indépendamment de la
politique financière de l’entreprise, indépendamment de la politique
d’investissement, indépendamment de la politique fiscale et indépendamment des
éléments non courants. Il est donc particulièrement utile pour comparer les
performances économiques des entreprises.
Par ailleurs, il représente le flux de trésorerie
potentiel dégagé par l’exploitation. Avec cet excédent qu’elle tire de son exploitation,
l’entreprise est censée maintenir et développer l’outil de production
(investissements) et rémunérer les capitaux engagés (capitaux propres et
empruntés).
Remarques :
v
L’évolution des frais liés à l’embauche de personnel par rapport au chiffre
d’affaires est à surveiller. Il est évident que si l’activité se réduit, les
réductions de personnel réagissent avec retard.
v
L’E.B.E est considéré aujourd’hui comme un élément d’anticipation de
crise financière. Cette ressource potentille de trésorerie est susceptible
d’être transformée en disponibilités au terme du processus lié au décalage
entre l’engagement des opérations et leur règlement définitif.
L’EBE doit être mesuré en valeur absolue et en taux de croissance de
manière globale ou par produit.
Taux de croissance de l’EBE = EBE (n) – EBE (n-1) /
EBE (n-1)
En somme, l’EBE est un bon indicateur
de performance économique en ce sens qu’il facilite des comparaisons intra
sectorielles, permet l’appréciation du potentiel de trésorerie généré par
l’exploitation et sert de base pour plusieurs calculs financiers.
·
Le résultat d’exploitation :
Ce solde mesure le résultat dégagé par l’activité
normale de l’entreprise, il est égal à l’EBE corrigé des charges et produits
d’exploitation « calculés » (amortissements, provisions).
En effet, les amortissements augmentent
proportionnellement avec les investissements réalisés par l’entreprise. Cela
nous permettra de mesurer la rentabilité des investissements.
Le système des provisions est un peu similaire aux
amortissements dans le sens ou cette charge n’est pas décaissée et elle est
également calculée par l’entreprise.
Toutefois, le
résultat d’exploitation ne tient pas compte des produits et coûts financiers.
Cela le rend particulièrement intéressant puisqu’il montre les performances
économiques de l’entreprise indépendamment de l’importance de ses dettes.
·
Le résultat courant :
Ce solde est calculé à partir des éléments normaux et
habituels de l’activité, excluant ainsi les éléments no courants et l’IS. Le
résultat financier joue un rôle important dans le résultat net, il sera un
élément d’appréciation de la bonne gestion des disponibilités de trésorerie et
de la gestion du financement de l’entreprise.
Il permet ainsi la comparaison des performances
interentreprises ou la comparaison des performances d’une même firme d’un
exercice à l’autre.
·
Le résultat non courant :
Ce solde regroupe les opérations non courantes de
l’exercice.
Il est nécessaire de remarquer que les produits de
cession figurant sous cette rubrique, gonflant (ou dégonflant) le résultat
final, ce qui appelle à analyser ce point avec attention.
·
Le résultat net :
Le résultat net (RN) ainsi obtenu est un résultat net
comptable. C’est celui-là qui sera retraité extra-comptablement afin d’obtenir
le résultat fiscal De ce fait, il est économiquement peu significatif, car
fiscalement trop déformé (manipulé).
Le RN
représente ce que gagne vraiment l’entreprise. Les éléments non courants
faussent un peu l’appréciation de la vraie rentabilité de l’entreprise. C’est
pourquoi les analyses préfèrent calculer le RN « courant ».
Remarques :
·
Les résultats courants avant impôts, non courant et net comptable sont
trop composites (conglomérats) pour autoriser une analyse cohérente, en
particulier pour les comparaisons interentreprises. Le suivi de leur évolution
pour une même firme peut contribuer à comprendre certains accidents en cas de
variation brutale.
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Chapitre 1 : L'analyse de l'activité par l'Etat des soldes de Gestion (ESG)
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