Chapitre 4 : L'analyse par les ratios et l'étude des rentabilités
I- L’analyse par les ratios :
Fondements
de l’analyse par les ratios :
La situation économique et financière d’une
entreprise à un moment donné est la résultante de plusieurs facteurs qui
interagissent :
ü
des facteurs financiers :
niveau des fonds propres, niveau et coût de l’endettement, cours sur le marché
financier, dividendes… ;
ü
des facteurs économiques :
chiffre d’affaires, structure des coûts de production, importance relative des
différents types d’immobilisation amortissements, fiscalité…
ü
des facteurs organisationnels et humains : type de structure, qualité du management,
productivité du travail…
les interactions entre ces facteurs débouchent sur des
résultats que l’on retrouve « synthétisés » en comptabilité. Mais les
données comptables sont des valeurs absolues difficilement exploitables et
souvent inappropriées pour des analyses comparatives. Le suivi, sur plusieurs
exercices, des valeurs absolues de certains indicateurs (stocks, EBE, créances
clients, dettes fournisseurs, immobilisations, CAF…), peut être complété par un
autre type d’analyse, plus pertinente, qui consiste à relativiser ces mêmes
valeurs en les ramenant à des critères de base propices. L’analyste sera
capable de mieux jauger et juger des mesures plus significatives dans l’espace et dans le temps.
la méthode des ratios
bénéficie de la faveur des banquiers et des investisseurs en raison de sa
simplicité. Il est souvent facile de dégager des traits saillants de la
situation financière en se référant à une batterie de ratios. Toutefois, cette
simplicité et cet intérêt pratique ne doivent pas masquer quelques
limites :
ü
L’information comptable non corrigée peut être à l’origine de calcul de
ratios biaisés, aussi faut-il
rappeler la nécessité de neutraliser les incidences de certaines pratiques
comptables, fiscales ou juridiques qui éloignent les valeurs des ratios retenus
de la réalité économique et financière de l’entreprise.
ü
les limites du contenu informationnel de quelques ratios ; en effet on peut trouver que deux entreprises
présentent un ratio identique (de rentabilité économique ou financière par
exemple) sans que l’origine en soit la même. De même les ratios ne peuvent pas
renseigner sur la position stratégique actuelle ou sur les performances futures
et, de ce fait, ils ne peuvent pas aiguiller l’analyse dans ses démarches,
surtout quand il s’agit d’une entreprise faisant partie d’un groupe.
II- Typologie des ratios :
La méthode des ratios peut éclairer
l’analyse sur la structure financière, les contraintes de la gestion, le niveau
de la liquidité, l’efficacité productive et la séquence de la rentabilité
d’exploitation, économique ou financière.
Le tableau ci-après se propose de
synthétiser par catégories les principaux ratios utilisés ainsi que leurs
significations :
Ratios
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Significations
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1. Exemples de ratios de Structure de l’actif :
Objectif : Analyser les moyens mis à la disposition
de l’entreprise
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1
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Immobilisation/
Actif total
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Traduit
l’importance des immobilisations nécessaires pour la production. Il est plus
important dans les entreprises industrielles et immobilières.
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2
|
Stocks
/
Actif total
|
Leur
niveau dépend aussi de l’activité. Le stockage est par exemple, important
dans la distribution et dans le bâtiment.
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3
|
Titres
de participation /
Actif total
|
Montre
l’importance et la qualité des liaisons financières
|
4
|
Amortissements
cumulés /
Immobilisations industrielles brutes
|
Permet
de se faire une idée sur l’état de vétusté de l’appareil industriel de
l’entreprise
|
2. Exemples de ratios de Structure de passif :
Objectif : Analyser l’autonomie et la
stabilité financière
|
||
5
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Financement
permanent /
Passif total
|
Exprime
la stabilité financière par l’importance relative des ressources durables par
rapport à l’ensemble des ressources disponibles.
|
6
|
Dettes
totales /
Passif total
|
Précise
le niveau d’endettement total et donc le degré d’autonomie financière. On
peut y substituer le ratio (capitaux propres / passif total)
|
7
|
Dettes
à plus 1 an /
Capitaux propres
|
Montre le niveau
d’endettement à terme et donc la capacité d’emprunt supplémentaire. On peut y
substituer (dettes à plus 1 an / financement permanent)
|
3. Exemples de ratios de liquidité :
Objectif : Analyser la possibilité d’honorer
les dettes à court terme
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||
8
|
Actif circulant /
Dettes à court terme
|
Exprime
l’état de la liquidité générale, c’est une autre présentation du fonds de
roulement par le bas du bilan.
|
9
|
Actif circulant - stocks /
Dettes à court terme
|
C’est
la liquidité restreinte qui traduit mieux la possibilité de
« monnayer » les actifs à court terme en ignorant les stocks
(souvent difficilement mobilisables).
|
10
|
Disponibilités
/
Dettes à court terme
|
Il
mesure la liquidité immédiate par rapport aux dettes à court terme. c’est aussi le meilleur indice de la
capacité à honorer les dettes à échéances imminentes.
|
4. Exemples de ratios de gestion / ratios de rotations :
Objectif : Analyser l’efficacité d’utilisation des actifs et la qualité
des rapports commerciaux
|
||
11
|
Stocks x 360 j /
Achats (hors TVA)
|
Mesure
(par nature de stock) le délai moyen d’écoulement dans une année
De
même, (achats/stocks) mesure la vitesse de rotation des stocks.
|
12
|
Créances
clients x 360j /
Ventes (TTC)
|
C’est le délai moyen de recouvrement des créances
clients. de même,
(ventes/créances) mesure la vitesse de rotation des créances.
|
13
|
Dettes
fournisseurs x 360j/
Achats (TTC)
|
C’est le délai moyen de règlement accordé par les
fournisseurs.
De
même, (achats/dettes Frs) mesure la vitesse de rotation des dettes Frs.
|
5. Exemples de ratios d’évolution d’équilibre
financier
Objectif : Analyser l’évolution de la
structure financière à la fin de l’exercice suite
aux opérations réalisées, aux
financements obtenus et aux résultats dégagés
|
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14
|
Financement
des
immobilisations :
Ressources
durables /
Emplois
stables
|
(ratio
> 1), son
augmentation correspond à une amélioration des structures de financement
|
15
|
L’équilibre
financier :
Ressources
durables /
Emplois
stables + BFRE
|
Si
ce ratio est < 1, alors que le ratio précèdent est > 1, l’entreprise doit recourir
aux
concours bancaires courants pour pouvoir financer l’excédent des BFRE sur les
ressources durables.
|
16
|
Le
financement bancaire de l’exploitation :
Concours
bancaires / BFRE
|
Ce
ratio complète les précédent, il permet entre autre d’apprécier le risque
bancaire dû au non renouvellement des crédits bancaires courants
et
le financement des besoins permanents de l’exploitation.
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17
|
Indépendance
financière :
Ressources propres /
Endettement à terme
|
Plus
ce ratio est élevé, plus faible est l’endettement total relatif et donc
meilleur est la possibilité de recours à des crédits extérieurs.
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18
|
Capacité de remboursement :
Emprunts / CAF
|
Ce
ratio correspond au calcul théorique du nombre d’années d’autofinancement
nécessaire pour rembourser totalement les emprunts contractés
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19
|
Taux
d’autofinancement :
Autofinancement /
Investissements
de l’exercice
+ D BFRE
|
La
CAF doit permettre de financer les investissements nouveaux et
les
variations des BFRE
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6. Exemples de ratios de productivité :
Objectif : Analyser les performances des
facteurs de production
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20
|
Valeur ajoutée / Production
|
Il
mesure le potentiel de création de la richesse par l’entreprise et sa
contribution à l’économie. Il mesure le degré d’intégration de l’entreprise
dans le tissu productif.
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21
|
Valeur ajoutée /
Effectif moyen
|
Ce
ratio mesure la valeur ajoutée créée en moyenne par personne employée. Il
donne une idée sur la productivité de la main d’œuvre qui augmente
proportionnellement à l’intensité capitalistique de l’entreprise.
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7. Exemples de ratios de rentabilités
Objectif : Analyser les niveaux des résultats
d’exploitation,
économique et financier
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22
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EBE / Chiffre d’affaires
(HT)
|
Traduit
la rentabilité d’exploitation. c’est
le niveau de résultat atteint sans prise en compte de la politique
financière, de la fiscalité et des opérations non courantes. on peut y substituer le ratio : [résultat d’exploitation / CA (HT)]
|
23
|
EBE
/ Actif économique
|
C’est
la rentabilité économique de l’entreprise que l’on peut décomposer
ainsi : R23 = [EBE/CA (HT)] x [CA (HT) / Actif économique] ; Ce
qui veut dire que la rentabilité économique dépend à la fois de la
rentabilité d’exploitation et de la rotation de l’actif économique.
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24
|
Résultat
net (RN) /
Capitaux propres
|
C’est
la rentabilité financière qui intéresse le plus les actionnaires. Ce ratio
peut à son tour être décomposé ainsi :
R24
= [RN / CA] x [CA / Actif total] x [Passif total / capitaux propres] ;
Ainsi,
la rentabilité financière est fonction de la politique commerciale de
l’entreprise, de la rotation des actifs et de la structure financière de
l’entreprise.
|
NB :
La décomposition des ratios R23
et R24 montre que deux ou plusieurs entreprises peuvent avoir des
résultats économiques ou financiers identiques mais avec des origines
différentes.
|
la
méthode des ratios permet d’analyser les informations consignées par le bilan
ou le CPC. En mettant en lumière quelques grandeurs caractéristiques et en
apportant un éclairage sur un point particulier de l’activité les ratios
permettent entre autre de :
ü
vérifier
que les ordres de grandeur sont respectés ainsi que l’évolution sur plusieurs
années. ;
ü
observer
toute incohérence dans la formation du résultat de l’entreprise ;
ü
Comparer les performances de différentes entreprises d’un même secteur
d’activité.
cependant, l’analyse par les ratios ne doit pas se
limiter à l’observation des ratios pris individuellement ou d’une même
catégorie : on ne doit pas perdre de vue les interactions possibles entre
divers ratios.
de même, l’analyste financier, dans ses investigations,
doit rester vigilant en reconnaissant les limites de l’outil. L’utilisation des
ratios ne doit pas être systématisée et retenue comme seule mesure possible de
la santé d’une entreprise.
l’analyse de la rentabilité s’effectue en comparant le
résultat obtenu et les moyens mis en œuvre (moyens économiques ou financiers)
pour obtenir ce résultat.
Enfin, il ne faut pas confondre marge et
rentabilité : la marge est le rapport d’un résultat au chiffre d’affaires
(ou à la production) et la rentabilité est le rapport d’un résultat aux moyens
utilisés.
III – Analyse des rentabilités :
L’analyse de l’activité d’une
entreprise est basée sur les principes simples suivants :
1.
Produire ou vendre nécessite des moyens économiques ;
2.
Les moyens économiques requièrent des moyens financiers ;
3.
Tous ces moyens permettent d’atteindre un niveau d’activité (production,
chiffre d’affaires, valeur ajoutée) ;
4.
Ce niveau d’activité permet de dégager des résultats (EBE, RE… ) ;
5.
Ces résultats s’apprécient par rapport à ces moyens à travers :
-
la rentabilité d’exploitation (taux de marge : résultat /
activité)
-
la résultat économique (résultat / moyens économiques)
-
la rentabilité financière (résultat / moyens financiers)
1- La rentabilité d’exploitation :
Le taux de marge d’exploitation exprime la marge
dégagée à partir d’un chiffre d’affaires. Il est la conséquence de la politique
de prix et du niveau des coûts qui dépend à son tour de la position de
l’entreprise par rapport au seuil de rentabilité.
pour un produit donné, la différence entre son prix de
vente (PV) et ses coûts variables unitaires (CV) constitue la marge sur coût
variable
PV – CV = marge sur coût variable
Soit Q la quantité de biens à vendre qui permet de
couvrir les coûts fixes (F) avec la marge sur coût variable.
Q
est telle que :
Q x (PV – CV) =
F
Au-delà
de cette quantité (ou du chiffre d’affaires correspondant), l’activité de
l’entreprise devient bénéficiaire.
L’amélioration
du seuil de rentabilité passe par la réduction des charges fixes, la diminution
des charges variables unitaires ou l’augmentation du prix de vente.
Il faut rappeler que, souvent, les
charges variables ne sont pas strictement proportionnelles au niveau d’activité
et que les charges fixes varient par paliers d’activité.
Le
levier d’exploitation est justement
un outil simple qui mesure la relation entre la variation des ventes et celles
du résultat d’exploitation.
Le
coefficient de levier d’exploitation mesure la sensibilité du résultat
d’exploitation à une variation du niveau d’activité, c’est-à-dire l’élasticité
du résultat d’exploitation à l’activité.
Coefficient de levier
d’exploitation = (D RE / RE) / (D Q / Q)
Par
exemple, si suite à une augmentation de l’activité de 10% le résultat
d’exploitation s’accroît de 20%, alors le coefficient de levier d’exploitation
est 20% / 10% = 2. Il signifie qu’une augmentation de l’activité de 10% induit
une progression du résultat d’exploitation de 20%. Ce mécanisme va dépendre de
la proximité par rapport à un palier de charges fixes, sans oublier plusieurs
autres contraintes liées à l’exploitation.
En somme, la rentabilité d’exploitation
va dépendre du chiffre d’affaires, de la structure des charges et du seuil de
rentabilité. Un système de contrôle de gestion efficace va permettre à
l’entreprise d’infléchir la rentabilité d’exploitation aux impératifs
concurrentiels.
2- La rentabilité économique :
La rentabilité économique mesure l’efficacité
de l’outil économique utilisé par l’entreprise pour son exploitation courante.
C’est un point fondamental de l’analyse financière qui tient compte des
performances managériales, stratégiques, concurrentielles, et du degré
d’adéquation des actifs économiques à l’activité de l’entreprise.
L’intérêt de la rentabilité économique
est de pouvoir isoler les seules performances de l’appareil productif,
indépendamment des modes de financement retenus par l’entreprise.
Le rapport (résultat d’exploitation /
Actif économique) mesure ce que rapporte l’outil de production.
L’actif économique pourrait être
assimilé à la somme des immobilisations d’exploitation et du besoin en fonds de
roulement d’exploitation.
Ces notions peuvent être élargies en
prenant pour actif économique l’ensemble des immobilisations, la totalité du
besoin en fonds de roulement et la trésorerie. Dans ce cas, le résultat qui est
rapproché de cet actif économique est le résultat économique ; il peut
être calculé en faisant la somme du résultat net, de l’IS et des charges
financières.
Rentabilité économique = résultat économique / actif
économique
Exemple 1 : La société Y utilise des immobilisations d’une valeur
de 100 000 dhs. Le BFR lié à l’activité de la société est de 35 000 dh. Le CPC
de la société fait apparaître un résultat d’exploitation de 16 200 dhs.
La rentabilité économique de la société
Y est donc de :
16 200 / 135 000 = 12 %
Une décomposition du ratio de
rentabilité économique permet de montrer qu’il est la résultante de deux composantes :
Rentabilité
économique = [(résultat économique/CA) x (CA/actif économique)]
Rentabilité
économique = Taux de marge d’exploitation x taux de rotation de l’actif
économique.
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Chapitre 4 : L'analyse par les ratios et l'étude des rentabilités
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