Chapitre 6 : management de ressources de la production (MRP2) PARTIEII

III- Le plan industriel et commercial (PIC)

1- Définition et objectif du PIC :
         Le plan industriel et commercial (PIC), quand à lui, est situé au plus haut niveau du management des ressources de la production, juste en dessous du plan stratégique de l’entreprise. C’est l’élément de base de la planification élaboré par un dialogue constructif entre les responsables commerciaux, de la production, des achats… et la direction de l’entreprise.
         Il a pour objet de permettre un cadrage global de l’activité, établi par famille de produits. Ce cadrage facilite l’orientation de l’allocation des ressources clés de l’entreprise qui peuvent être : la main-d’œuvre, la capacité machines, les approvisionnements longs, les heures de bureau d’études…
         Le plan industriel et commercial permet d’anticiper globalement les problèmes potentiels, notamment une inadéquation entre la capacité de l’entreprise et la charge induite par les besoins commerciaux. La prise de décision anticipée permet d’assurer, à un niveau global, le service client souhaité.
         La maîtrise du PIC impose un nombre limité de familles compris entre 5 et 20 selon les entreprises. Le caractère global se retrouve dans la taille des périodes utilisées : le mois et même le trimestre (au-delà d’un an). L’horizon dépend du délai total des produits, du délai d’acquisition des équipements…, et sera de 18 mois à 2 ans ou même plus.
         L’unité employée doit pouvoir représenter les familles de produits et être bien comprise des acteurs du PIC. Elle doit être suffisamment globale, là encore : tonne, heures standard… Une unité souvent utilisée est le dirham ou le millier de dirhams.
         Le PIC est généralement revu au cours d’une réunion mensuelle entre direction générale et directeurs opérationnels. Les acteurs principaux en sont les directions commerciale, industrielle et logistique. Cette rencontre au plus haut niveau est essentielle, car elle permet de faire le point sur le fonctionnement de l’entreprise. Elle nécessite donc la présence de tous les acteurs cités.

2- Etablissement du PIC :
         Le PIC est un contrat global entre le service Production et le service Commercial. La démarche qu’il propose repose sur l’établissement de prévision de vente et de production. Remarquons que les prévisions portant sur des familles plutôt que sur des produits et des périodes relativement longues ont une meilleure précision. Il est important, en outre, que les prévisions de production tiennent compte des possibilités réelles de production de l’entreprise.

         La responsabilité des prévisions de vente incombe au service Commercial et celle des prévisions de production appartient au service Production. La logique conduit à définir le stock disponible à chaque fin de période.
L’objectif de stock est un compromis entre plusieurs intérêts contradictoires : le souhait du service Commercial de disposer d’un stock suffisamment copieux afin d’assurer un bon service client, l’objectif économique de l’entreprise cherchant à minimiser l’immobilisation financière et, enfin, les possibilités de production ne permettant pas de suivre les variations brutales de la demande et l’obligeant à lisser la charge.
         Le document du PIC (figure au-dessous) comporte trois tableaux : Ventes, Production et Stocks. Par ailleurs, chacun de ces tableaux dispose, à gauche, d’une partie « passé » où nous trouverons des valeurs réelles et, à droite, d’une partie « future » où ne figureront que des prévisions. En ce qui concerne le passé, des indicateurs permettent de comparer les prévisions et le réel. Ici, par exemple, sont mentionnés les écarts « réel-prévisionnel » et un écart en pourcentage (attention, pour le stock, il s’agit du pourcentage par rapport à l’objectif). Au prochain paragraphe (§:3), nous calculerons ces indicateurs, ce qui permettra de bien les assimiler. En outre, en bas et à) droite, figure l’objectif de stock correspondant à l’objectif financier décidé.

Figure : Echéance du PIC
 
                   Famille :               unité :                  Date :

Ventes
M – 3  
M – 2  
M – 1  
M  
M + 1  
M + 2  
M + 3  
M + 4  
Prévisionnel








Réel





Ecart



Ecart en %





Production
M – 3  
M – 2  
M – 1  
M  
M + 1  
M + 2  
M + 3  
M + 4  
Prévisionnel








Réel





Ecart



Ecart en %





Stock 
M – 3  
M – 2  
M – 1  
M  
M + 1  
M + 2  
M + 3  
M + 4  
Prévisionnel








Réel





Ecart



Ecart en %




                                                       


Objectif de stock :






3- Exemple de PIC :
         La figure au-dessous illustre l’établissement du PIC de la famille A au cours de la réunion du 2 avril. Les colonnes de janvier et février ont déjà été remplies lors des réunions analogues des deux mois précédents et les valeurs réelles de vente et de production du mois de mars viennent d’être connues. Le nouveau stock réel est :

                  Smar = Sfév + Pmar – Vmar = 210 + 490 – 510 = 190

         Les indicateurs de performances, mis en place au §:2, sont les suivants :
         510 – 500 = 10             soit 10/500 = 2 %                   pour la vente

         490 – 510 = -20            soit – 20/510 = -4 %     pour la production

         190 – 210 = -20            avec 190/250 = 76 %    de l’objectif de stock
L’examen des trois mois passés montre que la production n’a pas atteint ses prévisions et que le service commercial les a dépassées. Le stock est actuellement tombé en dessous de la fourchette prévue. La réunion de PIC est là pour décider de la politique à choisir. Nous complétons les tableaux en supposant que les problèmes de production soient résolues et permettent d’être au niveau 520 kdh pour les mois à venir. Avec les ventes prévues, le niveau de stock remontera rapidement vers l’objectif.
Figure : Etablissement du PIC

                   Famille : A           unité : kdh           Date : 2 avril

Ventes
Jan
Fév
Mars
Avril
Mai
Juin
Juil
Août
Prévisionnel
500
500
500
500
500
510
510
520
Réel
510
510
510


Ecart
10
10
10
Ecart en %
2
2
2


Production
Jan
Fév
Mars
Avril
Mai
Juin
Juil
Août
Prévisionnel
490
500
510
520
520
520
520
520
Réel
480
490
490


Ecart
-10
-10
-20
Ecart en %
-2
-2
-4


Stock 
Jan
Fév
Mars
Avril
Mai
Juin
Juil
Août
Prévisionnel
250
230
210
210
230
240
250
250
Réel
230
210
190


Ecart
-20
-20
-20
Ecart en %
92
84
76

                                                       

300
Objectif de stock :
250


200
         Lors de l’établissement du PIC, on peut choisir entre deux politiques extrêmes :
·        La première où la production suit les variations des prévisions commerciales avec une nécessité flexibilité.
·        La seconde où, au contraire, la production est lissée, c’est-à-dire à niveau constant, ce qui entraîne des variations de stock (avec risque de stock élevé à certains moments et risque de rupture à d’autres).
Naturellement, entre ces deux solutions, il est possible de faire un choix intermédiaire permettant de suivre dans une certaine mesure les variations de la demande et en modulant la capacité des ressources de production. C’est ce qui est fait dans les entreprises à caractère saisonnier prononcé.

4- Calcul global de charge au niveau du PIC :
         Pour que le management des ressources de la production donne des résultats qui puissent être appliqués au niveau de l’exécution, il est fondamental que, dès le départ, le niveau du plan industriel et commercial soit réaliste en termes d’équilibre entre charge et capacité. Si la charge dépasse la capacité de la ressource considérée, deux solutions extrêmes sont possibles : augmenter la capacité ou diminuer la charge.
Et là encore toute solution intermédiaire est envisageable. On peut remarquer qu’en règle générale, une entreprise préférera augmenter la capacité car la charge correspond, en principe, à une demande des clients. Dans le cas du PIC, le calcul global de charge sera effectué sur les ressources critiques de l’entreprise.

En cas de surcharge, les actions consisteront, par exemple, en :
·        heures supplémentaires ;
·        emprunt de personnel à d’autres ateliers ;
·        transfert d’activité sur d’autres ateliers ;
·        embauche de personnel ;

En cas de sous-charge, les actions consisteront en :
·        limitation de la sous-traitance ;
·        relance d’actions commerciales ;
·        suppression de machines (transfert, revente, arrêt simple) ;
·        chômage technique.

L’horizon suffisamment « grand » doit permettre de déclencher ces mesures à temps, notamment quand elles demandent une préparation ou une mise en place importante (délai de livraison d’une grosse machine, formation de personnes embauchées).
En établissant le PIC d’une famille, nous avons déjà évoqué ce besoin en capacité. Mais une certaine ressource sera a priori utilisée par plusieurs familles de produits. Il faudra donc établir l’équilibre charge / capacité à partir de tous les PIC impliqués. Nous allons maintenant montrer le principe du calcul qui, évidemment, présente un caractère global.
Prenons comme exemple de ressource le personnel d’un atelier d’emboutissage où passent 4 familles de produits A, B, C et D. des ratios donnent le nombre de personnes nécessaires pour produire 100 kdh par jour (tableau suivant).
Figure : Ratios utilisés
Pour le calcul des charges globales du PIC

Familles
Ratio
A
B
C
D
5
2
3
2

Le plan industriel (le PI est la partie Production du PIC) pour les 4 familles est donné dans le tableau suivant.

Figure : Plans industriels des familles A, B, C, et D


PIC (en k€/jour)
février
mars
avril
mai
juin
Famille A
Famille B
Famille C
Famille D
200
400
400
250
180
300
400
200
210
200
500
225
230
250
600
225
200
200
500
200

         Pour calculer le nombre de personnes nécessaires dans l’atelier considéré, il suffit d’appliquer les ratios précédents. Le tableau suivant donne la charge correspondante. Ainsi, pour février, il faut :

         5 x 2 + 2 x 4 + 3 x 4 + 2 x 2,5 = 35 personnes.

Figure : Calcul de la charge déduite du PI


charge (nombre de personnes)
février
mars
avril
mai
juin
Famille A
Famille B
Famille C
Famille D
10
8
12
5
9
6
12
4
10,5
4
15
4,5
11,5
5
18
4,5
10
4
15
4
Total
35
31
34
39
33


         Les ratios utilisés seront réactualisés une à deux fois par an selon la variation observée dans l’entreprise. Ajoutons que le calcul global de charge au niveau du PIC
pourrait tout aussi bien porter sur la charge machine d’un atelier, mais le principe d’évaluation globale sur des produits « moyens » représentant les familles serait analogue.
On comprend aisément l’utilité du PIC, outil simple d’utilisation mais puissant, pour établir la planification globale de l’activité. Et son grand intérêt est de permettre d’y procéder sous la forme d’un contrat entre les responsables des diverses fonctions de l’entreprise.

IV- Le programme directeur de production (PDP) :

1- Définition et objectif du PDP :
         Le programme directeur de production (PDP) est un élément fondamental du management des ressources de la production. Il établit une passerelle entre le Plan industriel et commercial et le calcul des besoins. C’est un contrat qui définit de façon précise l’échéance des quantités à produire pour chaque produit fini. Il est donc essentiel pour la fonction Commerciale qui veut satisfaire les clients de l’entreprise et pour la fonction Production car il va constituer le programme de référence pour la production. S’il est évident que l’idéal est de produire ce qui sera vendu, les contraintes industrielles existent et le PDP permettra d’en tenir compte. Un autre rôle important du PDP, c’est d’aider le gestionnaire à anticiper les variations commerciales.

         Voici les principes fonctions du PDP :
·        il dirige le calcul des besoins,
·        Il concrétise le plan industriel (tableau Production du PDP) puisqu’il traduit en produits finis réels chaque famille du PIC.
·        Il permet de suivre les ventes réelles en comparant les commandes reçues avec les prévisions.

·        Il met à disposition du service Commercial le disponible à vendre qui est un outil donnant le nombre de produit finis disponibles à la vente sans remettre en cause le PDP prévu et donc sans déstabiliser la production.
·        Il permet enfin de mesurer l’évolution du stock.

Alors que le plan industriel et commercial s’appuie sur des périodes mensuelles, le PDP recourt à un échéancier dont la période est généralement la semaine (ou même le jour). Son horizon total couvre au moins le délai cumulé de tous les composants nécessaires à son élaboration.
2- L’échéancier du PDP :
         L’échéancier de chaque article géré au PDP (pensons aux produits finis pour simplifier) se présente sous la forme indiquée à la figure suivante.

Figure : Echéancier du PDP

                                            St = 125 ; L = 100 ; D = 1 ; SS = 5 ; ZF = 3

1
2
3

4
5
6
7
Prévision de vente
5
20
30

40
45
50
50
commandes femmes
35
20
15

5
2


Disponible prévisionnel
120
80
40
95

50
3
53
3
PDP                   (date de fin)


100



100

Disponible          A vendre








PDP                 (date de début)

100



100



ferme

Libre = prévisionnel

         Comme pour l’échéancier du calcul des besoins, les colonnes correspondent aux périodes successives à partir de la date actuelle. Les valeurs sont valables en début de période, sauf pour le disponible prévisionnel qui donne la valeur en fin de période. Le tableau rempli représente le PDP qui est établi en se plaçant au début de la première période indiquée.
         En tête du tableau figurent les valeurs analogues au cas du calcul des besoins : stock de départ (St), taille de lot (L) et délai d’obtention (D).     Deux autres valeurs complètent cet en-tête. D’une part, le stock de sécurité (SS), destiné à assurer un bon service client malgré l’imprécision des prévisions commerciales. D’autre part, la limite de zone ferme (ZF) qui partage l’horizon déplanification en deux zones, ce qui est illustré, dans le tableau, par la double barre verticale. A l’intérieur de ZF, les ordres du PDP sont des ordres fermes, non modifiables par le système informatique, mais seulement par le gestionnaire du PDP (voir la définition donnée au paragraphe 4, «        Les différents types d’ordre ») alors qu’au-delà de ZF, des ordres proposés sont placés comme dans un calcul des besoins. Le rôle de la limite ZF est naturellement de stabiliser le PDP et de lui éviter une trop grande nervosité. En effet, sa modification permanente entraînerait une remise en cause constante des ordres, des ruptures, car les composants du produit fini n’auraient pas été prévus, mais aussi une efficacité bien faible de la production et un service client de mauvaise qualité. Des modifications peuvent être envisagées dans la zone ferme. Cependant, ces modifications exceptionnelles doivent être placées sous la responsabilité du gestionnaire qui prend l’accord de la production. Et, bien sûr l’entreprise cherchera à réduire la taille de cette zone ferme en maîtrisant et en diminuant les délais de production.
Les lignes du tableau donnent, successivement :
·        Les prévisions de ventes (PV) qui constituent une double répartition des prévisions globales antérieures du PIC, d’une part, entre tous les produits de la famille et, d’autre part, sur les périodes du PDP composant celle du PIC.
·        Les commandes femmes (CF) enregistrées par l’entreprise pour les périodes à venir. Il est bien évident que ces commandes sont connues pour les périodes proches de la date actuelle et qu’il y en a habituellement de moins en moins pour des périodes plus lointaines. Toutes ces commandes fermes consomment les prévisions de vente, c’est-à-dire que l’entrée d’une valeur C dans la ligne des commandes retranche C à la ligne des prévisions. La valeur qui reste dans la ligne « Prévisions de vente » correspond aux commandes que l’entreprise a encore prévu de recevoir. Si la somme des commandes dépasse la prévision correspondante, une valeur négative apparaîtra dans la première ligne. Le signe « moins » n’aura pas d’autre but que de souligner ce dépassement et faire remarquer que l’entreprise ne s’attend pas à d’autres commandes puisque les commandes acceptées sont déjà supérieures aux prévisions.
·        Le disponible prévisionnel (DP) est le stock réel auquel on retranche le stock de sécurité. Tout passage à zéro signifie donc un besoin de recomplètement en produit, mais il en reste encore, physiquement, la valeur du stock de sécurité.
·        Les ordres du PDP, pour lesquels la ligne « date de fin » traduit une quantité disponible en début de période. Comme indiqué un peu plus haut à propos de la limite de zone de ferme, il s’agit d’ordres fermes avant cette limite et, normalement, d’ordres proposés automatiquement par le système, au-delà.
·        Le disponible à vendre (DAV) qui donne le nombre de produits disponibles à la vente sans modifier le PDP.
·        La ligne « début » des ordres du PDP indique la période du lancement, avec décalage dû au délai, et correspond donc à la tête du calcul des besoins. Cette ligne engendrera les besoins bruts des articles de niveau immédiatement inférieur au produit fini considéré.
·        La ligne Message alertera le gestionnaire de toute anomalie. C’est notamment le moyen d’expression du système informatique à l’intérieur de la zone ferme où toute modification est réservée au gestionnaire.

3- Exemple de PDP :
         Le tableau au-dessous donne un exemple de PDP dont nous allons détailler le calcul. 
 Figure : Echéancier du PDP

                                            St = 125 ; L = 100 ; D = 1 ; SS = 5 ; ZF = 4

1
2
3

4
5
6
7
Prévision de vente
5
20
30

40
45
50
50
commandes femmes
35
20
15

5
2


Disponible prévisionnel
120
80
40
95

50
3
53
3
PDP                   (date de fin)


100



100

Disponible          A vendre








PDP                 (date de début)

100



100



         Les paramètres de gestion figurent en tête. Le besoin commercial est donné sur les deux premières lignes. On remarquera que les commandes déjà enregistrées décroissent vers le futur et que les commandes consomment les prévisions : dans la période 1, par exemple, les prévisions initiales étaient de 40 mais 35 produits ont été commandés et on prévoit encore 5 commandes.
         Montrons le déroulement du calcul, en soulignant les différences par rapport à un Calcul des besoins. Rappelons-nous notamment l’existence d’ordres fermes dans la zone ferme, c’est-à-dire d’ordres déjà placés précédemment par le gestionnaire (ici, 100 produits sont prévus dans un ordre ferme avec date de début en période 2 pour date de fin en période 3).

         DP0 = St – SS = 125 – 5 = 120
         DP1 = DP0 – PV1 – CF1 = 120 – 5 35 = 80
         DP2 = DP1 – PV2 – CF2 = 80 – 20 – 20 = 40
         DP3 = DP2 + PDP3 – PV3 – CF3 = 40 + 100 – 30 – 15 = 95
         DP4 = DP3 – PV4 – CF4 = 95 – 40 – 5 = 50
         Si, dans une des périodes précédentes, le disponible prévisionnel était devenu négatif, il y aurait eu un message avec proposition de solution de placer un ordre, mais pas d’ordre proposé car nous sommes dans la zone ferme. Au contraire, au-delà de ZF, le calcul est analogue à un calcul des besoins :

         DP5 = DP4 – PV5 – CF5 = 50 – 45 – 2 = 3
         DP6 = DP5 – PV6 = 3 – 50 < 0
         donc, ordre proposé PDP6 = 100
         (avec début en 6 – D = 6 – 1 = 5)
         et DP6 = DP5 + PDP6 – PV6 = 3 + 100 – 50 = 53

         etc.
poursuivons le même exemple afin d’expliquer le calcul du disponible à vendre (tableau suivante).
        
Figure : Calcul du disponible à vendre (DAV)

                                            St = 125 ; L = 100 ; D = 1 ; SS = 5 ; ZF = 4

1
2
3
4

5
6
7
Prévision de vente
5
20
30
40

45
50
50
commandes femmes
35
20
15
5

2


Disponible prévisionnel
120
80
40
95
50

3
53
3
PDP                   (date de fin)


100



100

Disponible          A vendre
70

78



100

PDP                 (date de début)

100



100



         Le dav donne tout ce qui peut être encore promis à des clients. Une valeur est à donner en première période, puis chaque fois qu’il y a une nouvelle ressource, donc un ordre en PDP fin : ici, en périodes 1,3 et 6.
         En période 1, le stock existant est de 125 (car tout le stock, y compris le stock de sécurité, peut être vendu… sinon à quoi servirait le stock de sécurité ?) ; or, tout ce qui est déjà promis à des clients jusqu’à la prochaine ressource (période 3) est de 35 + 20.

         DAV1 = St – CF1 – CF2 = 125 – 35 20 = 70
        
         Remarquons que, s’il existait un ordre au PDP (ordre lancé figurant en PDP date de fin), il faudrait l’ajouter au stock.

         Pour les périodes autres que la première, on ne doit tenir compte que des ressources PDP, car tout le disponible prévisionnel a pu être vendu (il est inclus dans la DAV précédent).

         DAV3 = PDP3 – CF3 – CF4 – CF5 = 100 – 15 – 5 – 2 = 78

         DAV6 = PDP6 = 100 puisqu’il n’y a plus de commandes.

Remarques :
         On divise l’horizon de planification en deux zones ; elles peuvent être au nombre de trois : zone gelée (modification exceptionnelle avec accord de la production), zone négociable (modification possible après vérification de disponibilité des composants et de la capacité) et zone libre.
4- Calcul des charges globales et réalisme du PDP :
         Le plan industriel et commercial a été établi en volume de production de familles de produits avant d’être validé par un calcul global de charge. Puis nous sommes passés au niveau des PDP et, là encore, les ordres de fabrication de produits finis ont été placés sans regarder, a priori, les conséquences en termes de charge. Dans le même esprit que celui du PIC, pour s’assurer du réalisme du PDP avant de le valider, un calcul de charges globales est effectué à partir de critères qui seront plus fins que celui du PIC puisque étant caractéristiques de produits au lieu d’une famille. C’est ce PDP validé qui constitue le programme de référence pour réaliser l’explosion du calcul des besoins.

5- La mesure des performances du PDP :
         En décrivant les fonctions du PDP, nous avons dit qu’il concrétisait le plan industriel et commercial, c’est-à-dire qu’il traduisait en termes de produits finis le plan industriel de famille de produits. Soyons plus claire encore : si une famille A comprend n produits  finis Ai, cela signifie que le PIC de la famille A est éclaté en n PDP, chacun relatif à un produit Ai. il est alors bien évident qu’il doit y avoir cohérence entre le PIC A et l’ensemble des PDP Ai. l’exercice de synthèse présenté en fin de chapitre aborde notamment cet aspect.
         Par ailleurs, le PDP étant l’échéancier des quantités de produits finis destinés à satisfaire nos clients, il importe que les ordres mis au PDP fournissent à la date attendue les quantités prévues. En mettant en place des indicateurs simples, on pourra suivre cette réalisation et en déduire le réalisme de la planification à moyen terme et, en cas de problème, en chercher les causes afin de remédier.

V – Les charges détaillées :
         Le réalisme du PIC est vérifié par un calcul des charges globales permettant de les comparer aux capacités globales. Ensuite, pour la même raison, le pdp est validé par un calcul des charges. Au niveau du calcul des besoins nets, de même, il est nécessaire de calculer les charges afin de les comparer aux capacités disponibles. De plus, il est alors possible de les calculer en détail.
         Ainsi, le calcul des charges détaillées a pour objectif de déterminer, de façon précise, l’échéancier des charges de chaque centre de charge de l’entreprise. Rappelons qu’un centre de charge peut être une machine, un groupe de machines, un opérateur, un atelier… le  but en est de détecter toute surcharge dès la planification, car elle conduirait à un problème lors de l’exécution.
         Pour être efficace, le Calcul des charges détaillées doit porter tous les ordres qui vont apporter une charge : ordres lancés (par les opérations non encore exécutées), ordres planifiés fermes et ordres proposés.
         Pour chaque ordre i, on connaît la quantité de l’article et la date de fin de l’ordre. La gamme associée donne l’échéancement des opérations avec, pour chaque opération, 
le centre de charge j concerné, les temps de changement de série ou préparation et le temps unitaire d’exécution. Il est donc aisé d’affecter les opérations exécutées avec chaque centre de charge dans la période concernée et d’effectuer le calcul de la charge résultante :

         Temps Prépa + Temps Exéc. x Nombre (figure suivante).

Figure : Charge d’un ordre de fabrication sur un centre de charge
Temps de changement de série : 0,5 h
Temps unitaire d’exécution : 0,01 h
Nombre d’articles à produire : 200
Charge induite : 0,5 + 0,01 x 200 = 2,5 h
 









La charge du centre j sera la somme des charges apportées par tous les ordres i exécutés dans la période considérée (figure suivante).

Figure : charge totale sur un centre de charge

Période 8
Centre de charge EX002
Ordre de fabrication
Opération
Charge (h)
OF 257
OF 278
OF 327
OF 352
20
30
20
40
18
12
25
11
TOTAL

66

L’échéancier des charges est souvent représenté sous la forme d’un profil de charge (figure suivante).
Figure : Profil de charge d’un centre de charge

Périodes
Capacité
(h)
Charge
(h)
Charge/capacité
(%)
   100 %
7
8
9
10
11
12
13
14
120
120
80
120
120
120
80
120
90
108
105
95
120
145
90
85
75
90
130
79
100
120
112
70

         Pour cette représentation, la charge de chaque période est calculée comme indiqué précédemment. Quant à la capacité, elle provient du fichier des centres de charge avec le calendrier associé. Le diagramme illustre les rapports charge/capacité de chaque période et repère les écarts à la ligne charge = 100 % (capacité). Le schéma peut être dessiné avec l’axe des temps vertical comme sur la figure précédente ou horizontal comme dans l’exemple de synthèse décrit en fin de chapitre.
         Le profil de charge est une représentation très visuelle qui permet de mettre clairement en évidence les périodes de surcharge et de sous-charge. Il est alors aisé d’anticiper les problèmes et de prendre les mesures appropriées pour lisser la charge en respectant les dates de besoins. En cas de surcharge, deux solutions extrêmes consistent à augmenter la capacité ou réduire la charge, et toute solution intermédiaire est envisageable.

VI- La gestion d’atelier :

1- Définition :
         La planification à trois niveaux successifs (PIC, PDP et calcul des besoins), respectivement validés par les calculs de charges, a conduit à des ordres proposés. Le gestionnaire va maintenant devoir en lancer l’exécution. Le but de la gestion d’atelier est d’aider celui-ci à livrer les bons ordres de fabrication à la bonne date et notamment d’agir pour rendre disponible la capacité nécessaire.
         Nous appellerons pilotage des activités de production (PAP) l’activité destinée à piloter l’exécution qui a été planifiée dans la partie supérieure de MRP2. Le mot pilotage est choisi volontairement pour souligner l’interactivité par opposition au mot
traditionnel de suivi de production qui semble ne représenter qu’une course après la réalité sans souhait d’intervenir ! Nous allons, dans cette activité, passer de la planification à l’évolution des produits dans l’entreprise, jusqu’à la sortie des produits de l’atelier vers le magasin de stockage des « produits finis ». parallèlement à cette évolution physique des produits, les ordres de fabrication (OF) vont évoluer selon leur état : ordre proposé, ordre lancé (ou ouvert, ou en cours), jusqu’à l’état ordre fermé.
         Le PAP cherche à optimiser la relation entre les hommes, les machines, les stocks et les mouvements physiques (des matières premières aux produits finis) pour exécuter le PDP, contrôler les priorités, améliorer l’efficacité (productivité), minimiser les stocks, diminuer les en-cours et améliorer le service client.
         Les ressources pilotées sont les suivantes : le personnel, l’outillage, les machines, et les matériaux.

2- Activités lors de l’exécution :
         Le PAP recouvre cinq principales activités lors de l’exécution :

- Vérification et lancement ;
        
- Programmation détaillée ;
        
- Suivi de production ;
        
- Contrôle et rétroaction ;
        
- Fermeture de l’ordre.
        
3- Condition de bon fonctionnement :
         Soulignons maintenant les conditions de bon fonctionnement du PAP que nous allons répartir en cinq points.

3-1- Principes de base :
         L’exécution doit être réalisée selon la planification établie ; on déterminera à ce niveau la priorité des opérations et non celle des ordres (celles-ci provenant des dates de fin du calcul des besoins). Il s’agit enfin de gérer les ressources de l’atelier et non pas de les acquérir (un achat de machine ou une embauche de personnel ne se décide pas à ce niveau !). Le tableau suivant résume de quelle manière la PAP acquiert les informations fondamentales nécessaires.
Figure : Les informations du pilotage des activités de la production


Calcul des besoins
Autres sources
Quoi ?
code article

Quand ?
date de fin

Combien ?
quantité

Où ?

fichier centres de charge
Comment ?

fichier gamme

3-2- Qualités du système de planification :
         Il doit présenter les quatre qualités suivantes :
·        être complet et intégré,
·        formel ;
·        valide ;
·        réaliste.

3-3- La base de données :
         Elle peut être centralisée ou répartie, mais elle doit être unique, les données doivent être précises, complètes, clairement définies et surtout accessibles par le système du PAP.

3-4- L’interface :
         L’interface entre le système de planification et le système de pilotage des activités de production doit être formelle.

4- La mesure de performance :
         Là come ailleurs, cette mesure indique si les engagements sont tenus ou si des actions correctives doivent être menées. L’objectif de l’atelier est de respecter les dates de fin d’opérations ou d’OF. Les seules qui comptent pour le service client sont les dates de fin d’OF. Un indicateur simple permet de mesurer cette performance :

Nombre d’OF avec date de fin dans la période et terminés dans sa période
Nombre total d’OF avec date de fin dans la période

         Une fonction souvent mal remplie est le retour d’information depuis l’atelier. Lorsqu’un retard est prévisible ou constaté au niveau de l’atelier, celui-ci doit avertir le gestionnaire ou l’atelier client de façon à pouvoir mesurer les conséquences de ce retard et prendre les mesures adéquates.

5- Le suivi des flux :
         Il constitue pourtant une aide précieuse au pilotage de la production. Le principe en est très simple puisqu’il s’agit de mesurer et contrôler le flux physique qui passe à travers un centre de charge (ou un atelier) pour une période données. Ce pilotage est évidemment le plus utile pour un poste goulet.
vii – Régulation de MRP2 :
         Dans ce chapitre, nous avons présenté les divers niveaux de planification et de gestion d’atelier constituant le management des ressources de la production. Nous avons notamment montré leur enchaînement depuis le domaine stratégique jusqu’à celui de l’atelier. Nous avons à plusieurs reprises souligné la nécessité d’un  réalisme dans la mise en œuvre à tous les niveaux.
         Pour y pouvoir le système comporte trois boucles fonctionnelles de régularisation schématisées sur la figure suivante et décrites ci-après.

         Parmi ces trois boucles :
·        la première concerne les délais. Elle est double et relie les résultats de la planification des capacités aux deux niveaux constitués par le calcul des besoins nets et le programme directeur de production.
·        La deuxième suit les charges et capacités. Elle connecte le lancement des ordres à la planification des capacités par le suivi du flux des charges.
La troisième, enfin, traite des priorités. Elle est située entre, d’une part l’ordonnancement et le suivi à court terme et, d’autre part, le calcul des besoins.



VIII- Conclusions :
         Le management des ressources de la production est donc une méthode de planification de l’ensemble des ressources d’une entreprise industrielle. Cette méthode comprend trois niveaux de planification, avec détail de plus en plus fin depuis le plan industriel et commercial, en passant par le programme directeur de la production vers le calcul des besoins nets. Cette planification prépare l’exécution.
         La planification est fondée sur une prévision de la demande, indispensable quelle que soit la typologie de vente de l’entreprise, mais de nature différente selon le cas.
         L’évaluation des besoins est à tous les niveaux calculée à capacité infinie mais doit toujours être validée par un calcul de charge. Il faut surtout s’attacher à une bonne planification de « tête » (PIC puis PDP), réaliste , pour bénéficier d’un calcul des besoins utile, conduisant à une exécution ainsi facilitée. Nous avons également mentionné la régularisation par des boucles de rétroaction.
         Que devient MRP2 dans l’optique de la production au plus juste ? Il est utopique de vouloir faire réagir toute l’industrie instantanément à la moindre demande du client final créant le besoin indépendant d’Orlicky. Quelle que soit la typologie de vente de l’entreprise, nous retombons sur les incontournables prévisions commerciales permettant une planification des ressources de l’entreprise en stocks, machines, main-d’œuvre avec évaluation des charges et des capacités. Les Japonais, maîtres dans l’art du juste-à-temps, estiment qu’il faudrait  anticiper à dix ans, mais que devant la difficulté ils se contentent d’évaluer jusqu’à cinq ans. Evidemment, il s’agit ici de la « tête » de MRP2 (PIC) et à plus court terme du programme directeur de production. Il faut souligner l’évolution fondamentale de la méthode dans le cas d’une exécution au plus juste : la planification ne donne qu’une enveloppe estimée au niveau du PIC, puis affinée d’une manière plus solide à plus court terme dans les PDP. L’exécution, quant à elle, n’est plus réalisée sur la base d’une programmation poussée par la planification, mais seulement tirée par l’aval. On remarque le lien étroit et indispensable entre planification et exécution ainsi que le besoin de flexibilité permettant de réagir en temps réel.
         Ce chapitre nous a permis de développer la base d’une planification solide de la production. Nous avons, dans le dernier paragraphe, évoqué l’évolution vers l’excellence en citant l’approche juste-à-temps et lean Production que nous développerons au chapitre plu tard. Nous allons dès le prochain chapitre présenter la méthode la plus connue du JAT, la méthode de Kanban, méthode de gestion d’atelier qu’il ne faut pas confondre avec le JAT lui-même






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