Chapitre 1 : L'implantation des moyens de production
Gérer
une production consiste – entre autres – à organiser les flux physiques de
produits au travers de moyens de production. Dans ce chapitre, nous aborderons
l’organisation de ces moyens physiques sur la base d’une typologie de
production en dissociant les grands types de production. Nous dégagerons les
grandes lignes qui doivent guider l’industriel lors de la conception d’une
unité moderne de production. Enfin, après avoir décrit les moyens d’analyse
d’un système de production nous étudions les méthodes de résolution qui
permettent d’améliorer son implantation.
I. Typologie de production :
Chaque entreprise est unique de par son
organisation et par la spécificité des produits qu’elle fabrique. Cependant, on
peut réaliser une classification des entreprises en fonction des critères suivants :
·
quantités fabriquées et répétitivité ;
·
organisation des flux de production ;
·
relation avec les clients ;
ces critères ne sont bien sûr pas exhaustifs, mais ils
permettent de bien cerner le ne sont bien exhaustifs, le type d’une entreprise.
Une typologie de production est fondamentale, car elle conditionne le choix des
méthodes de gestion de production les plus adaptées. Cette analyse est donc un
préalable indispensable à tout projet de mise en place ou de restructuration
d’une gestion de production.
1- Classification en fonction de l’importance des séries et de la
répétitivité :
La première différence notable entre
les entreprises concerne bien sûr l’importance des productions. Les quantités
lancées peuvent être :
·
en production unitaire ;
·
en production par petites séries ;
·
en production par moyennes séries ;
·
en production par grandes séries.
Chacun
de ces types de production nécessite un type de gestion particulier et une
implantation des moyens de production adaptée.
2- Classification selon l’organisation du flux de production :
On distingue trois grands types de
production, sachant que l’on pourrait trouver de nombreux types
intermédiaires :
·
production en continu ;
·
production en discontinu ;
·
production par projet.
2-1- Production en continu :
Une production en continu est retenue
lorsqu’on traite des quantités importantes d’un produit ou d’une famille de
produit. On dit que l’on est en présence d’un atelier à flux que nos collègues
anglos-saxons nomment « flow shop ».
De plus, afin d’éviter de créer des
goulots d’étranglement et de fluidifier l’écoulement de produits, l’équilibrage
de la production de chacune des machines doit être soigné.
Ce type de production est accompagné
d’une automatisation poussée des processus de production ainsi que des systèmes
de manutention. Cette automatisation est rendue nécessaire par le besoin d’obtenir
des coûts de revient bas, un niveau de qualité
élevé et stable, de n’avoir que très peu
d’en-cours et une circulation rapide des produits. Elle a pour conséquence
l’obligation de recourir à l’entretien préventif des machines sous peine de
risquer un arrêt total de l’atelier.
2-2- Production en discontinu :
Une production en discontinu est retenu
lorsque l’on traite des quantités relativement faibles de nombreux produits
variés, réalisés à partir d’un parc machine à vocation générale (exemple :
tours, fraiseuses…).
L’implantation est réalisée par ateliers
fonctionnels qui regroupent les machines en fonction de la tâche qu’elles
exécutent (tournage, fraisage…).
Le flux des produits est fonction de
l’enchaînement des tâches à réaliser. On dit que l’on est présence d’un atelier
à tâches que nos collègues anglo-saxons nomment « job-shop ».
Il est donc très difficile d’équilibrer
les tâches dans une production en discontinu, ce qui génère des niveaux de
stocks et d’en-cours élevés.
2-3- Production par projet :
|
Dans
ce type de production, on ne peut pas stabiliser de façon formelle une
production. Aussi, l’organisation doit être capable de prendre en compte de
nombreuses et importantes perturbations extérieures et de permettre des
modifications.
2-4- Comparaison type continu et discontinu :
On définit un indicateur – le ratio
d’efficacité du processus – qui permet de déterminer le rapport entre le temps
de présence d’un produit dans le système, et le temps pendant lequel une valeur
ajoutée a été apportée au produit.
Ratio d’efficacité du processus (parfois
appelé ratio de tension des flux) :
temps de travail effectif
REP = /
temps total y compris les temps d’attente
|
remarque : on s’aperçoit qu’il vaut mieux avoir à gérer des
processus continus plutôt que des processus discontinus.
Lorsqu’on compare les différents types
de production (continu, discontinue et par projet), on note une relation
étroite entre le coût et le volume de production.
Pour les faibles volumes, une
production par projet sera plus avantageuse si le volume augmente, on passera
par la production en discontinu et si les volumes deviennent très importants,
on passera à la production en continu.
Un des points épineux est le passage du
fonctionnement en continu au fonctionnement en discontinu car le discontinu
offre des avantages de flexibilité qu’il faut pouvoir conserver le plus
longtemps possible.
3- Classification selon la relation avec le client :
Dans la classification selon la
relation avec le client, on distingue trois types de production et de vente :
·
vente sur stock ;
·
production à la commande ;
·
assemblage à la commande.
3-1- Vente sur stock :
Le client achète des produits existants
dans le stock créé par l’entreprise.
On retient ce type de production pour
deux raisons principales :
·
lorsque le délai de fabrication est supérieur au délai de livraison
réclamé ou accepté par le client ;
·
pour produire en grande quantité et diminuer les coûts.
3-2- Production à la commande :
La production à la commande n’est
commencée que si l’on dispose d’un engagement ferme du client. On évite alors
(sauf cas d’annulation), le stock de produits finis. Ce type de production est
préférable au type de production sur stock, car il conduit à une diminution des
stocks, donc des frais financiers.
3-3- Assemblage à la commande :
Ce type de production se situe entre
les deux premiers. On fabrique sur stock des sous-ensembles standard. Ces
sous-ensembles sont assemblés en fonction des commandes clients. Cette
organisation permet de réduire de façon importante le délai entre la commande
et la livraison d’un produit. En effet, le délai apparent est réduit à
l’assemblage des sous-ensembles.
3-4- Comparaison sur stock/à la commande :
Il est évident qu’une entreprise a tout
intérêt à ne produire que ce qui est acheté. Pour cela, il faut que son délai
de production soit inférieur au délai acceptable par le client.
II- Les différentes organisations de la production :
1- Implantation en sections homogènes :
C’est l’implantation que l’on rencontre
le plus dans le cas des processus discontinus. Elle résulte de l’organisation
taylorienne. On regroupe les machines ayant la même technique, ou les mêmes
fonctions.
On regroupe également les machines sur
des critères de qualité (précision) ou de capacité. En règle générale.
Avantages
principaux :
·
regroupement des métiers – le personnel travaillant dans un secteur et
un professionnel de ce type de machine. Il peut facilement passer d’une machine
à l’autre ;
·
flexibilité – l’implantation est indépendante des gammes de
fabrication, il est donc possible de fabriquer tous les types de produits
utilisant les moyens de l’atelier sans perturber davantage le flux.
Inconvénients
principaux :
·
Ces flux sont complexes avec de nombreux points de rebroussement,
d’accumulation ;
·
en-cours importants – c’est la conséquence logique de la complexité des
flux.
2- Implantation en lignes de fabrication :
On trouve principalement ce type
d’implantation dans les processus continus.
Les machines sont placées en ligne dans
l’ordre de la gamme de fabrication.
Ce type d’implantation possède les
avantages suivants :
·
pas de point de rebroussement ;
·
flux faciles à identifier.
Cependant, l’implantation étant
spécialisée pour un produit ou une famille de produits, la flexibilité de ce
type d’implantation est extrêmement limitée.
3- Implantation en cellules de fabrication :
Une implantation en cellule est
constituée de petits ateliers de production spécialisés pour réaliser
entièrement un ensemble de pièces. On appelle également ces cellules des îlots
de production. C’est un compromis entre la ligne et l’implantation
fonctionnelle. Ce type d’implantation permet de diminuer considérablement les
stocks et le délai dans le cas des processus discontinus.
Aménagements
d’une cellule :
L’aménagement
des cellules peut être très différent d’un cas à l’autre. Les principaux types
d’aménagement :
·
aménagement
enligne droite ;
·
Aménagement en serpentin ;
·
Aménagement en U ;
·
Aménagement circulaire.
III- Conception d’une unité moderne de production
1- Les principes de base :
La conception d’une bonne implantation
d’un système de production repose sur quelques principes de base :
·
tout déplacement qui n’amène pas de valeur ajoutée à une pièce est un
gaspillage, il faut le supprimer dans la mesure du possible ;
·
une pièce ne devrait jamais être déplacée deux fois sans apport de
valeur ajoutée entre les déplacements ;
·
une bonne implantation est une implantation dans laquelle le
cheminement des pièces est évident.
2- Les problèmes des implantations en sections homogènes :
Ce type d’implantation provient du
modèle taylorien. En règle générale, ce type d’implantation a pour effet
d’augmenter les trajets des matières et des produits.
|
On cherche à les optimiser en utilisant la fabrication
par lots. Ce type de fabrication entraîne des délais de production et des
niveaux de stock élevés.
Donc, il faut fluidifier le
trafic des pièces dans l’atelier. Cela consiste à :
·
enchaîner les opérations ;
·
supprimer les stocks intermédiaires ;
·
réduire au strict minimum les opérations de manutention ;
·
simplifier le flux des pièces ;
·
faciliter le suivi de production.
Pour cela, les grandes orientations que l’on doit
prendre sont les suivantes :
·
La séparation des usines ;
·
La séparation géographique des fabrications de produits
différents ;
·
La décentralisation des activités de stockage et d’expédition ;
·
La multiplication des machines.
3- La séparation des usines :
Une usine est souvent le mélange de
plusieurs types de production. Or, comme nous l’avons déjà signalé, a chaque
type de production correspondent un type de gestion et un type d’implantation.
Pour clarifier la situation, il ne faut pas hésiter à créer au sein de la même
usine, plusieurs « micros-usines » ayant chacun sa spécialité.
Ainsi, schématiquement, les produits
fabriqués en grandes séries pourront être implantés en ligne de fabrication,
les séries moyennes en cellules, et on conservera l’implantation fonctionnelle
pour les petites séries.
4- La séparation géographique des fabrications de
produits différents :
Cette méthode est couramment employée
dans les entreprises faisant un type de produit unique dans des versions
différentes.
Dans ce type d’organisation, bien que
le produit s’adapte bien à une typologie continue, nous retrouvons l’atelier à
tâches.
Une organisation plus rationnelle
consiste à séparer les différents types de produits en créant des sous-ensembles
indépendants dans lesquels les machines sont mises en ligne.
Pour optimiser ce type d’implantation,
il faut supprimer la traditionnelle séparation entre fabrication et montage. Le
montage doit être en prise directe avec la fabrication.
5- La décentralisation des activités de stockage et d’expédition :
Un
déplacement est une dépense d’argent qui n’apporte aucune valeur ajoutée au
produit. Or, la centralisation des activités de stockage, réception et
expédition, conduit souvent à des déplacements inutiles.
|
6-
La multiplication des machines :
Dans ce cas on note que la machine est un point de
passage obligé entre chaque étape de la fabrication. Il est donc impossible de
mettre en ligne les machines à cause de cette machine centrale. Il est parfois
plus intéressant en terme de flux de disposer de plusieurs machines de faible
capacité, plutôt qu’une machine de force capacité. La multiplication des
machines est parfois source de beaucoup de fluidité dans les ateliers de
production.
IV- Les méthodes d’analyse :
1- Les documents à réunir :
Un problème d’implantation est un
problème complexe qui nécessite un grand nombre de données. Les informations
nécessaires sont souvent dispersées, et la première synthèse consiste à réunir
l’ensemble des informations.
Les éléments nécessaires sont les
suivants :
·
les plans à l’échelle des locaux et des installations ;
·
le catalogue des objets fabriqués dans l’entreprise ;
·
les nomenclatures des produits ;
·
les gammes de fabrication des produits ;
·
le programme de fabrication de l’entreprise (quantité, cadences) ;
·
les caractéristiques des machines et des postes de fabrication ;
·
les caractéristiques des moyens de manutention.
La
partie analyse d’un projet d’implantation consiste à mettre en forme ces
informations pour bien comprendre les différentes contraintes liées au projet.
Les méthodes qui suivent ont toutes pour objectifs de synthétiser les
informations.
2- Le graphique de circulation :
Ce graphique consiste à représenter sur
un plan les différents flux par différentes couleurs. Plusieurs versions de ce
programme peuvent être réalisées :
·
plan papier avec flux au crayon ;
·
plan mural avec flux représentés par des ficelles de différentes
couleurs fixées par des épingles ;
·
plan informatique CAO Multicouche ou logiciel spécifique à
l’implantation.
les deux
dernières représentations sont préférables à la première pour la facilité de
modification des flux. Ce diagramme visualise :
·
la longueur des circuits ;
·
la complexité des flux ;
·
la logique de l’implantation ;
·
les lieux de stockage ;
·
les points de rebroussement ;
|
·
les déplacements inutiles ou trop longs ;
·
l’importance des manutentions.
3- Le schéma
opératoire :
Il permet de schématiser la suite des opérations nécessaires
pour fabriquer un produit. Le principe de ce schéma consiste à décomposer les
processus opératoires en cinq éléments :
·
Ce schéma n’indique pas
d’information quantitatives de type distance, quantité, temps. Il synthétise les
trajets et permet de visualiser l’importance des opérations sans valeur ajoutée
par rapport aux opérations avec valeur ajoutée ( ). Toutes les opérations sans valeur
ajoutée sont parfois représentées en rouge. Elles représentent des sources de
productivité si on arrive à les supprimer.
Ce schéma n’indique pas
d’information quantitatives de type distance, quantité, temps. Il synthétise les
trajets et permet de visualiser l’importance des opérations sans valeur ajoutée
par rapport aux opérations avec valeur ajoutée ( ). Toutes les opérations sans valeur
ajoutée sont parfois représentées en rouge. Elles représentent des sources de
productivité si on arrive à les supprimer.
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4- Analyse de
déroulement :
Application : fabrication du plat
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Distance
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Temps
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Quantité
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Poids
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Déroulement
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sortie magasin
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70 m
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0,3 h
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1000
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25 kg
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vers sciage
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0,12 h/p
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sciage
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10 m
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0,1 h
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1000
|
25 kg
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vers entaillage
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0,08h/p
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|
entaillage
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10 m
|
0,1 h
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50
|
1,25 kg
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vers perçage
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0,06h/p
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|
|
perçage
|
|
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|
5 m
|
0,1 h
|
50
|
1,25 kg
|
vers montage
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1
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4
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3
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0
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0
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95 m
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Figure : Analyse de déroulement
L’analyse de déroulement est plus
précise que le schéma opératoire. Elle se focalise sur la fabrication d’un
produit. En plus de la description des opérations, on trouve les informations
de distance, temps, quantité, poids.
Ce tableau est souvent utilisé pour
comparer plusieurs solutions.
5- Le plan coloré :
Le plan coloré consiste à représenter
sur un plan les différentes zones de l’entreprise afin de montrer leurs
importances respectives. En général, on différentie trois types de zone :
·
en vert, les zones ou il y a apport de valeur ajoutée, c'est-à-dire
principalement les zones de production ;
·
en orange les zones de stockage, magasins et en-cours ;
·
en bleu les zones de transport, allées, quai de chargement ;
·
en rouge les zones de non qualité, zone de rebut, attente pour
retouche.
Ce
schéma, très didactique, montre clairement le ratio entre les zones apportant de
la valeur ajoutée et les autres. Les améliorations à apporter apparaissent
clairement.
Ce plan est parfois astucieusement
appelé le plan « VOIR » à cause des quatre couleurs utilisées (Vers,
Orange, un digo, rouge)
V- Les méthodes de résolution :
1- La logique et les méthodes :
L’implantation des moyens de production
doit être établie en respectant une logique qui permet de bien séparer les
usines.
1.
identifier
parmi l’ensemble des moyens de production, des îlots de production le plus
possible indépendants.
2.
Implanter chaque îlot repéré, en suivant la démarche suivante :
·
rechercher une implantation linéaire ;
·
à défaut, rapprocher les machines entre lesquelles circule un trafic
important ;
·
à défaut, implanter l’îlot en section homogène.
2- Recherche des îlots de production :
La recherche des îlots de production parmi l’ensemble
des gammes de l’entreprise a suscité de nombreux travaux dont notamment ceux de
Kuziack et de King.
3- Méthode de mise en ligne :
Après avoir identifié les îlots de
production indépendants, il faut procéder à l’implantation de chaque îlot.
L’implantation idéale doit suivre le plus possible la gamme de fabrication.
C’est pour cela qu’on cherchera autant que faire se peut à mettre en ligne les
machines. Cela peut se faire de multiples façons. Nous présentons deux
méthodes : la méthode des antériorités et la méthode des rangs moyens.
4- Optimisation – Méthode des chaînons :
La méthode des chaînons est
certainement la méthode la plus connue pour implanter les ateliers de
production. Les objectifs de cette méthode sont :
·
de minimiser les manutentions dans un atelier à tâches ;
·
de rapprocher les machines qui sont le plus en relations.
VII – Technologie de groupe :
Nous venons de présenter les méthodes d’implantation
d’atelier. Cependant, la philosophie de regroupement qui prévaut dans les
techniques d’implantation peut être
généralisée à l’ensemble des secteurs de l’entreprise. C’est l’objectif de la
technologie de groupe qui propose par un codage spécial de rassembler les
produits à forte similitude dans des familles, et ceci, dès la conception.
1- Pourquoi la technologie de groupe :
Nous avons vu que la première
distinction entre les types de production vient de la taille de la série. Les
grandes et les petites séries sont très différentes par l’organisation de leur
production. Schématiquement,
|
Pour
les grandes séries on a :
·
une organisation assez aisée de la production ;
·
une préparation du travail très poussée.
Pour
les moyennes et petites séries :
·
une préparation du travail succincte ;
·
de nombreux lots en lancement.
Il est
évident que l’organisation d’une production en grandes séries est plus facile
que dans le cas des petites séries. Or, l’analyse des différentes entreprises
sur le marché montre que plus de 75 % des types de pièces sont fabriqués en
séries de moins de 50 unités.
L’idée
de la technologie de groupe consiste à rechercher des regroupements de pièces
dans le cas des petites et moyennes séries qui permettent de bénéficier dans ce
type de production des facilités de gestion des productions en grandes séries.
Pour
faciliter ce regroupement, il faut rechercher une méthode qui permettre :
·
de regrouper les pièces présentant de analogies ;
·
d’éviter d’étudier deux fois de suite la même pièce ;
·
de diminuer les coûts d’outillage ;
intérêt
pour le bureau d’études :
Ce regroupement oriente la conception
vers une réutilisation maximale des pièces déjà dessinées et vers une action de
standardisation des pièces et éléments de forme.
Intérêt
pour le bureau des méthodes :
·
diminuer le nombre de gammes à créer ;
·
réduire le temps consacré à l’écriture et au chiffrage ;
·
réaliser une préparation du travail homogène ;
·
utiliser de façon rationnelle le parc machine.
Intérêt
pour la fabrication :
·
diminuer le nombre de pièces d’où une planification plus aisée ;
·
regrouper les pièces de même forme et donc de même gamme ;
·
créer des îlots de fabrication, des groupes ou cellules de
fabrication ;
·
augmenter la taille des séries ;
·
diminuer les temps de changement de séries ;
·
faciliter l’écoulement des pièces ;
·
|
2- Systèmes de classification :
Le regroupement des pièces par famille
est souvent réalisé par codage des produits sur un critère morpho-dimensionnel.
Les principes généralement retenus pour ce codage sont :
·
systèmes de classification fondés sur des familles de pièces
apparentes, généralement définis par leurs fonctions (arabes, cartes, vilebrequins,
rouleaux) ;
·
systèmes de classification fondés sur une codification
universelle ;
·
système de classification à partir d’un code adapté à l’entreprise.
Les deux
systèmes de classement morpho-dimensionnel les plus connus sont le système OPTZ
et le système CETIM PMG pour les pièces de mécanique générale. Tous deux
reposent sur un système de codification analytique comme la grande majorité des
classements présents sur le marché.
VII- Conclusion :
Ce chapitre nous a permis de faire une
étude des différents types de production avec leurs spécificités. Les chapitres
suivants nous permettront d’approfondir les différentes méthodes de gestion de
production qui s’appliquent particulièrement à chaque type de production.
L’étude détaillée des méthodes d’implantation
des ateliers de production nous a permis d’insister sur l’importance de la mise
en ligne des moyens de production. Héritage de l’ère taylorienne, les
implantations en sections homogènes ont montré leurs limites dès que les séries
commencent à devenir importantes. Une des bases de la gestion de production
moderne consiste à simplifier avant de gérer. C’est bien l’objectif de
l’implantation qui permet de simplifier les flux et ainsi, de supprimer un
nombre important d’opérations qui n’apportent pas de valeur ajoutée, mais
génèrent des délais et des coûts.
Chapitre 1 : L'implantation des moyens de production
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