Introduction
I. L’évolution de la compétitivité de l’entreprise :
Dès qu’une entreprise a existé, il a
fallu gérer sa production. Ainsi le rôle de la gestion de production est aussi
ancien que l’entreprise elle-même.
Pourquoi en parle-t-on de plus en
plus ? La réponse à cette question réside dans l’évolution des conditions
de la compétitivité économique.
Depuis un passé récent (1950 pour fixer
les idées), on peut distinguer trois phases dans l’environnement de
l’entreprise. Selon son secteur d’activités, l’enchaînement de ces trois phases
dans le temps peut être différent.
La première phase représente une
période de forte croissance avec un marché porteur, des marges confortables et
une offre de biens inférieure à la demande. Il s’agit pour l’entreprise d’une période
de sérénité où les fonctions essentielles sont techniques et industrielles. Il
faut alors produire puis vendre.
Lorsque l’offre et la demande
s’équilibrent, nous atteignons une deuxième phase où le client a le choix du
fournisseur. Il faut alors : produire ce qui sera vendu.
Très rapidement, on passe à la phase
suivante où l’offre excédentaire crée une concurrence sévère entre les
entreprises face au client exigeant. Cette compétitivité implique :
·
la maîtrise des coûts ;
·
une qualité irréprochable ;
·
des délais de livraison courts et fiables ;
·
de petites séries de produits personnalisés ;
·
le renouvellement des produits dont la durée de vie s’est
raccourcie ;
·
l’adaptabilité par rapport à l’évolution de la conception des produits
et aux techniques de fabrication…
l’entreprise
tend désormais à produire ce qui est déjà vendu. Nous voyons apparaître
des soucis de stratégie industrielle et de contrôle précis de la gestion. De
plus, on y décèle des contractions (prix-qualité, prix-petites séries…) qui nécessiteront
des arbitrages pour obtenir une cohérence globale.
|
II- Le contexte de la nouvelle gestion de production :
L’objectif
« Produire ce qui est déjà vendu » reste l’objectif dominant.
Pour y parvenir l’entreprise se doit
d’être au moins réactive voire proactive.
L’entreprise doit chercher dans le
cadre de sa gestion de production à passer d’une logique de charges à une
logique de flux.
Il est alors nécessaire de chercher à
transformer des activités apparemment indépendantes en un processus continu en
supprimant progressivement les opérations non génératrices de valeur utile pour
le client (opérations de transport, de stockage…).
Il est aussi nécessaire de mettre en
œuvre un processus continu d’améliorations. Cela consiste à induire une
mobilisation constante de l’ensemble des forces de l’entreprise dans un but
d’évolutions et de transformations à petits pas.
Dans ce contexte, le temps a une
importance fondamentale.
Il faut chercher à réduire tous les
délais : d’approvisionnement, de fabrication et de livraison. Mais cela
n’est pas suffisant ; il faut aussi diminuer les temps de conception-mise
à disposition du produit par utilisation de l’Ingénierie Simultanée, diminuer
les temps de circulation et de mise à disposition de l’information, raccourcir
les délais de prise de décisions…
Il faut donc vendre, concevoir et
produire autrement et cela nécessite un changement de culture dans l’entreprise
et une évolution des comportements de tous.
III- La gestion de production et les flux :
Quand on parle de gestion de production
dans les entreprises, on fait constamment référence à des notions de
flux : implantation en flux, flux poussés, flux tirés, flux tendus.
Les principaux flux qui intéressent la
gestion de production sont :
·
les
flux physiques ;
·
Les flux d’information.
L’une des
préoccupations majeurs de la gestion de production étant la satisfaction des
clients, celle-ci se doit de chercher à maîtriser ses flux.
Pour
cela, elle doit :
·
Simplifier les flux physiques ;
·
Fluidifier et accélérer les flux physiques ;
·
Créer un système d’informations de gestion de production cohérent et pertinent.
Maîtriser
ses flux physiques et informationnels est, pour une entreprise, l’un des
challenges déterminants des années 90.
VI- Gestion de production et aspect financier :
En règle générale, chaque société
possède des fournisseurs, des clients et apporte une valeur ajoutée à
son produit.
|
La valeur ajoutée est le moteur
économique de la société.
Quels que
soient le système politique et les opinions de chacun, la recherche de la
pérennité condamne l’entreprise à rechercher un niveau de rentabilité
suffisant, compte tenu à la fois de la compétitivité internationale de plus en
plus agressive, et des exigences croissantes du client.
Au lieu
de considérer la relation classique :
Coût de revient + marge bénéficiaire = prix de
vente
|
Il est
préférable de s’appuyer sur la relation suivante :
Prix de vente - coût de revient = marge bénéficiaire
|
Si ces deux relations sont équivalentes d’un point de
vue mathématique, il en va autrement du point de vue de la philosophie de
l’entreprise et de sa gestion de production : à prix de vente imposé par
la concurrence, la marge est fonction de la diminution des coûts.
La gestion de production va agir sur ces deux
paramètres par :
·
la diminution des stocks et en-cours, par différents moyens
(fiabilisation de la demande et des approvisionnements, recherche d’une
meilleure fiabilité des moyens de production, responsabilisation des
personnes…) et différentes méthodes (MRP, Kanban) ;
·
l’enchaînement des opérations par une meilleure implantation et un
meilleur ordonnancement –lancement-suivi de production…
·
la diminution des tailles de lots de fabrication et des temps de
changement de séries.
·
L’amélioration de la chaîne logistique qui part des fournisseurs pour
aller jusqu’à la livraison aux clients.
Afin de
réduire la surface quantité multipliée par durée, il est souhaitable de ne
commander les produits nécessaires qu’au moment où on a besoin.
Mais cette solution n’est pas sans
risque car dans le cas d’un manquant, c’est l’ensemble de la production qui
sera retardée. Ainsi, commander au plus tard est un jeu délicat qui peut être
dangereux pour l’entreprise car l’espérance d’un petit gain peut générer une
perte bien plus importante si on ne maîtrise pas totalement les paramètres de
production.
V- Place de la gestion de production dans l’entreprise :
|
Contraintes
au niveau du temps
·
service commercial : les délais doivent être les plus courts
possibles ;
·
service fabrication : il faut du temps pour fabriquer des produits
fortement différenciés, il faut du temps pour fabriquer des produits de
qualité.
Contraintes
de qualité
·
service commercial : un produit est plus facile à vendre s’il est
de bonne qualité ;
·
service fabrication : un produit de qualité est plus difficile à
obtenir.
Contraintes
de prix
·
service commercial : un produit est plus facile à vendre si son
prix est faible ;
·
service fabrication : les contraintes de coût sont toujours
difficiles à tenir.
Située au
carrefour d’objectifs contradictoires, la gestion de production est une
fonction transversale c’est-à-dire qu’elle est en relation avec la plupart des
autres fonctions et la majeure partie des systèmes d’information de
l’entreprise. Aussi la gestion de production doit être parfaitement intégrée
dans le système informationnel de l’entreprise.
Nous
schématiserons sa position vis-à-vis des diverses fonctions par la figure
suivante :
Une
solution tout à fait actuelle, face aux risques de dispersion, consiste à
rassembler dans une même direction, appelée logistique, toutes les fonctions
qui concourent directement à la maîtrise des flux se rapportant aux matières.
Elle entraîne une simplification des grands objectifs de l’entreprise :
ventes, recherche et développement, production, efficacité et performance de
l’utilisation des moyens.
VI- Gestion de production et aspect humain :
L’influence technologique est dominante
dans la fonction production mais le facteur humain dont dépendra toute la
réussite du plan d’entreprise reste fondamental. Il intéresse au premier chef
le gestionnaire de production, au carrefour de multiples informations et
instructions, qu’il reçoit et qu’il communique à de nombreux utilisateurs.
Le système de production ne fonctionne
correctement qu’avec des informations rapides et fiables, un respect rigoureux
des consignes et procédures, des initiatives et réactions individuelles en cas
d’anomalie ou d’écart par rapport à la prévision.
Cette collaboration effective ne peut
pas être obtenue dans un contexte de mauvais fonctionnement des relations de
travail, quelles qu’en soient les causes. Aussi la gestion de production
doit-elle impérativement être mise en œuvre par des personnes motivées,
réactives, responsabilisées et formées.
L’organisation classique de la
production était fondée sur la division du travail, la spécialisation des
tâches, la centralisation des responsabilités et la hiérarchisation des
compétences. Cette production de masse parcellisée, fait place, chaque jour
davantage, à des structures plus souples en petites équipes, ou à des
individus, réalisant des tâches plus complexes et moins répétitives. Cette
restructuration du travail implique une polyvalence et une polytechnicité
accrue nécessitant la formation du
personnel. Le rôle de la hiérarchie tend à évoluer vers plus d’animation et de
conseil, dans le but d’accroître la motivation de l’ensemble du personnel,
améliorant productivité, qualité, sécurité…
VII- Conclusion :
Quel
que soit son secteur d’activité, l’entreprise a besoin d’une gestion de
production résolument moderne et efficace qui se traduit par la mise en œuvre
de nouveaux principes de gestion de production, l’implication, la formation des
acteurs de l’entreprise et la mise en œuvre de technologies.
Si on cherche à hiérarchiser la
démarche d’évolution de la gestion de production, on peut dire qu’on
doit :
1-
se fixer une stratégie d’excellence industrielle ;
2-
en déduire les principes de gestion (tension des flux, qualité totale,
planification) ;
3-
définir les méthodes appropriées (MRP2, Kanban…) ;
4-
définir les outils appropriés (SMED, SPC…)
Ces quatre axes de travail doivent
découler les uns des autres et être cohérents entre eux, ce qui n’est pas
simple à réaliser.
Ils doivent par ailleurs s’intégrer
dans la stratégie globale de l’entreprise qui impose généralement :
·
de bons
produits
·
Une bonne organisation de la production
·
Un bon système de fabrication
|
·
Une bonne gestion
·
Une bonne fonction commerciale.
Nous
venons de définir les points clés du fonctionnement de l’entreprise. Les
Japonais l’ont compris depuis bien longtemps. N’en restons pas au temps où les techniciens accusaient
les mauvais commerciaux qui eux-mêmes parlaient contre l’incompétence des
techniciens…
L’objectif
de cet module est de donner une idée générale ainsi que les bases des
techniques courantes rencontrées dans la fonction gestion de production et
surtout de faire prendre conscience au stagiaire de la philosophie générale de
l’organisation de la production qui, plus que de techniques ou de recettes, a
besoin d’un esprit…
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