Chapitre 5 : Fonction, documents et données techniques
I. Introduction :
La Gestion de la production est donc
une fonction de l’entreprise en perpétuelle communication avec toutes
les autres fonctions. Cette communication s’établit bien sûr au travers de
relations directes entre les individus, mais aussi au moyen d’informations et
de documents qui supportent les données techniques.
Les données nécessaires pour gérer la
production sont de plusieurs types :
·
des données décrivant les produits et leurs composants, la manière de
les fabriquer, les ressources humaines et matérielles internes à l’entreprise
ou externes à l’entreprise. Ces données sont relativement stables et n’évoluent
qu’à la création ou à la modification des produits, des processus ou des
ressources ;
·
des données nécessaires à l’accompagnement de l’activité de production
conduisant aux lancements de fabrication, aux commandes adressées aux
fournisseurs… Ces données évoluent en permanence avec l’activité de
l’entreprise ;
·
des données résultant de l’activité passée. On peut ainsi contrôler et
analyser cette activité et affiner les données stockées.
Toutes
ces données techniques sont fondamentales, car elles renferment le savoir-faire
et la mémoire de l’entreprise. Même une minuscule entreprise a toujours des
données techniques qui éventuellement ne sont pas formalisées et qui figurent
dans un petit carnet ou dans la tête du patron et du personnel !
Si nous
suivons chronologiquement l’histoire d’un produit nous rencontrons les
fonctions suivantes :
·
la fonction Etudes dont le but est la mise au point de produits
nouveaux et l’amélioration des produits existants en vue de leur production par
l’entreprise ;
la fonction Méthodes qui va permettre l’industrialisation et se trouve à
la charnière entre la conception et la réalisation des produits ;
·
la fonction Production dont le but est de fabriquer et assembler les
produits que l’entreprise vendra ;
·
la fonction Commerciale qui est chargée de vendre les produits, ce qui
impliquera, outre la distribution des produits, des aspects de marketing et de
prévisions des ventes.
Nous
allons décrire succinctement les fonctions de l’entreprise qui créent des
documents, supports de données techniques, en amont de la Gestion de
Production.
II- Fonctions et documents :
1- Fonction Etudes et documents techniques :
1-1- Généralités :
Cette fonction est généralement remplie
par le Bureau d’études et les services Recherche et Développement lorsqu’ils
existent.
Cette fonction doit avoir le souci
permanent d’étudier chaque produit ainsi que chacun de ses éléments dans une
optique de fonctionnalité, de fiabilité et de maintenance aisée. Elle doit
également y intégrer les innovations techniques, mais avec une idée de
standardisation et de facilité de production propre à la philosophie de
production au plus juste. La conception d’un produit- on le voit immédiatement
– ne peut se faire dans l’isolement du Bureau d’études sans collaboration avec
les autres fonctions.
La collaboration se fera tout d’abord
avec le Marketing, afin de répondre à l’attente de clients. Cette attente peut
être explicite ou traduire un besoin non exprimé qu’il faudra mettre en
évidence.
La collaboration avec les services
techniques et la production est indispensable pour des techniques particulières
(injection plastique, fonderie …) mais dans tous les cas afin de concevoir rapidement
des produits faciles à fabriquer.
1-2- Documents en entrée :
Le document type en entrée est le Cahier
des charges. il explicite les
fonctions et caractéristiques techniques du produit à concevoir. Il permet
également de spécifier les conditions d’emploi et les quantités à réaliser,
c’est-à-dire les particularités permettant d’effectuer les choix techniques.
1-3- Documents en sortie :
Le Plan d’ensemble ou dessin d’ensemble définir
le produit dessiné tel qu’il se présentera devant le client avec une
nomenclature des constituants de base du produit.
Le Plan de détail ou dessin de définition
explicite toutes les données nécessaires à l’exécution d’une pièce ou partie
d’un ensemble. Il contient toutes les spécifications géométriques, d’état de
surface, de traitements spéciaux… Il constitue une annexe au plan d’ensemble.
La Nomenclature de Bureau d’études donne chaque
élément constituant le produit, identifié et décrit de façon sommaire.
Les articles
constituant l’ensemble produit doivent être identifiés. Il peut s’agir
d’articles déjà existants, donc possède un code ou d’articles nouveaux pour lesquels
il faudra créer un code.
2- La fonction Méthodes et documents techniques :
2-1- Généralités :
La fonction Méthodes a pour finalité de
permettre de passer d’un plan ou d’une idée à un produit et même le plus
souvent à des milliers de produits.
Outre ces objectifs techniques et
économiques, la fonction Méthodes a des objectifs humains. En effet, la
réalisation des processus et la conception des postes de travail, pourront
conduire à des postes pour opérateurs « pensants », sollicitant leur
réflexion et pas seulement leurs muscles.
A court terme, la fonction Méthodes
effectue la préparation technique du travail de production : définition et
mise à jour des gammes, dessin et étude de pièces et outillages nécessaires,
tenue des fichiers outillage, machines, coûts par poste… A moyen terme, son
rôle comprend l’amélioration des procédés, la simplification des produits et de
leur fabrication, l’amélioration des postes de travail et de leur implantation.
A plus long terme, afin de conserver ou d’obtenir une avance sur la
concurrence, elle est amenée à définir les moyens nécessaires à la réalisation
des nouveaux produits, à apporter des innovations dans les procédés existants,
à analyser et chiffrer les investissements nécessaires.
2-2- Documents en entrée :
Pour effectuer sa tâche, la fonction
Méthode utilise les documents produits par la fonction Etudes, les données
technologiques existantes notamment en matière de moyens de production et les
procédés connus.
2-3- Documents en sortie :
La fonction Méthodes va élaborer les
gammes. La GAMMES définit la succession des opérations à effectuer. Il
s’agit donc d’une suite ordonnée des différentes phases d’un processus. Une
gamme peut être définie pour tout type de travail.
3- Documents créés par la Gestion de Production :
La fonction Gestion de Production
manipule de nombreuses informations et produit également plusieurs
documents :
· Le dossier de fabrication
accompagne les produits au cours de leur évolution dans l’atelier.
· Le bon de travail décrit
le travail à réaliser sur un poste donné. Il reproduit le libellé et le mode
opératoire de la phase considérée de la gamme. Il sert aux suivis technique
(retour d’information) et administratif (comptabilité analytique).
· La fiche suiveuse, comme
son non l’indique, suit les pièces d’un lot en fabrication. Elle va récapituler
l’historique de la réalisation des pièces et donner un compte rendu d’exécution
des différentes phases.
· Le bon de sortie de magasin permet
d’obtenir les matières et composants nécessaires à la production en indiquant
les qualités et quantités à délivrer par le magasin.
III- Généralités sur les données techniques :
La Gestion de Production doit gérer
d’une part, les produits, composants et matières premières et d’autres part
gérer les charges et capacités.
Dans l’introduction, nous avons groupé
les données nécessaires à la gestion d’une production en trois familles que
nous allons préciser :
·
les données de base décrivant le système de production et les
produits ;
·
les données d’activité évoluant avec l’activité de l’entreprise ;
·
les données historiques résultant de l’activité passée.
Un point
facile à comprendre mais fondamental est la nécessité d’exactitude des
données techniques. En effet, c’est sur elles que va reposer toute la gestion
de la production.
Nous
commencerons par présenter les quatre fichiers de base de la Gestion de
Production : les fichiers Articles, Nomenclatures, Postes de charge et
Gammes puis nous aborderons les autres données.
VI- Articles :
1- Définition :
Un article est un produit de
l’entreprise ou un élément entrant dans la
composition d’un produit, que l’on veut gérer. C’est un terme
général correspondant à un produit fini, un sous-ensemble, un composant ou une
matière première.
Il y a création d’une
« fiche » ou « enregistrement » article chaque fois que
l’on veut gérer un tel élément.
Il s’agit le plus souvent d’articles
ayant une existence physique, mais on peut, également, créer des articles
fictifs ou fantômes. Ceux-ci permettent, par exemple, de représenter des
sous-ensembles en état transitoire non physiquement stockés mais incorporés
immédiatement dans un produit, des sous-ensembles non-stockés entrant dans la
composition de plusieurs produits, des groupes de pièces utilisées ensemble
comme des éléments d’un emballage…
Les données liées aux articles
constituent la base de tout le système de gestion de production et il convient
de construire en première le fichier « Articles ».
- Données Articles :
Un
enregistrement Article comprend :
·
une référence ou code constituant une relation biunivoque
entre l’article et le code.
·
une (ou plusieurs) désignations (s) donnant l’appellation en
clair de l’article. Il y a intérêt à normaliser les désignations à l’intérieur
de l’entreprise en choisissant structuration et vocabulaire utilisés. Dans le
cas de plusieurs désignations, elles peuvent être exprimées en langues
étrangères ou adaptées à certains clients ;
·
des données de classification utilisées pour des tris ;
·
des données de description physique sous forme libre ou
structurée. Notamment peuvent figurer des codes utilisés en technologie de
groupe ;
·
des données de gestion comme lots de lancement ou commande,
article de remplacement, référence du gestionnaire, référence du ou des
fournisseurs, stock minimal de déclenchement, délai d’obtention, lieu de
stockage (magasin, emplacement) … C’est également ici que l’on trouve un
éventuel coefficient de perte destiné à compenser la perte prévue
pendant le cycle de fabrication de l’article, et qui s’applique à toutes les
utilisations de l’article ;
·
des données économiques indiquant des prix et coûts standards selon
les besoins de l’entreprise.
V- Codification des Articles :
1- Besoin de codification :
La codification des objets utilisés en Gestion de
Production concerne tous les fichiers de données, mais le système de
codification primordial est celui concernant les articles.
La manipulation dans l’entreprise de milliers ou
dizaines de milliers d’articles rend impossible leur identification par la
seule désignation. Le but de la codification est de passer du langage naturel
trop long et imprécis à un langage symbolique court et précis. Elle permet une
rationalisation et une homogénéisation de l’information indispensable à son
traitement informatique. Le code constitue la clé d’accès à l’enregistrement
« Article ».
Les
règles pour assigner le code article doivent être claires et comprises de
toutes les personnes qui les manipulent. D’autre part, un changement du système
de codification est une action lourde et coûteuse pour une entreprise. Il est
donc indispensable de penser et choisir un système adapté aux objectifs
attendus et d’une durée de vie suffisante.
2- Qualités d’un système de codification :
Un
système de codification doit être :
·
précis et discriminant,
·
souple,
·
stable,
·
homogène,
·
simple.
3- Différents types de systèmes de codification :
On peut classer les codifications en
trois catégories :
·
codification significative ou analytique ;
·
codification non significative ;
·
codification mixte.
3-1- Codification significative ou analytique :
Dans une codification de ce type,
chaque champ a pour but de décrire une caractéristique de l’objet. Finalement,
le code décrit l’article selon les critères choisis. La structuration du code
est établie soit pour la juxtaposition, dans un ordre prédéfini, de champs
indépendants, soit au moyen d’un ensemble hiérarchique arborescent.
Avantages : codes faciles à retenir (au
début),
possibilité de
classification.
Inconvénients : codes peu flexibles donc difficilement
évolutifs,
pérennité difficile
à assurer,
codes souvent longs,
gaspillage de
stockage informatique.
3-2- Codification non significative :
Dans ce type de codification le code est
en général numérique, homogène et sans signification. Il peut être attribué
d’une manière aléatoire en fonction d’une liste préétablie sans corrélation
entre les éléments. Il peut également être attribué d’une manière séquentielle,
les objets étant enregistrés les uns derrière les autres. Il y a alors
corrélation entre le code et lordre de création.
Avantages : création rapide du code,
code court,
utilisation maximale
du système,
pérennité.
Inconvénients : risque de double utilisation d’un code.
pas de possibilité
de regroupement ou classement,
difficile à retenir.
3-3- Codification mixte :
Les codes comprennent une
partie non significative et une partie composée d’un ou plusieurs champs
significatifs.
4- Prévention et détection des erreurs :
Les erreurs sont difficiles à éviter
totalement au moment des opérations de codification, de saisie ou de
communication des codes, que ce soit par intervention humaine ou même par
saisie automatique. ces erreurs
peuvent avoir des conséquences lourdes et il faut mettre en place des systèmes
de prévention et de détection pour réduire au mieux ces erreurs.
En la matière, La prévention consiste à éviter la confusion dans
l’acquisition et la transmission des codes.
Si malgré les précautions précédentes
des erreurs se produisent, leur détection est capitale. On la réalise
déjà d’une manière élémentaire. part
ailleurs, les programmes informatiques doivent posséder des tests de
vraisemblance au moment de la saisie. Le moyen le plus efficace est de
juxtaposer au code que l’on souhaite attribuer, une clé de contrôle qui sera
intégrée à son extrémité.
5- Code Article et documentation :
A chaque article est attachée une
documentation : dessins techniques, gammes nomenclatures, études de
postes… La création et la maintenance de cette documentation liée au produit
est d’une extrême importance car elle convient souvent le savoir-faire de
l’entreprise. La référence de l’article
est l’élément permettant de gérer cette documentation. Afin de bien pouvoir
jouer de rôle, il faut en particulier que le code puisse refléter les
évolutions successives de l’article. Dans ce but, on introduit en fin de code
un ou plusieurs caractères indiquant la version de ce dernière.
La gestion des différentes versions doit être tenue de
façon rigoureuse notamment par l’intermédiaire d’un document faisant office d’historique
des évolutions.
6- Règles d’interchangeabilité des articles :
Il est important de définir les règles définissant si
deux articles différents mais qui remplissant les mêmes fonctions au même coût
doivent porter des références différentes ou la même. C’est un choix de
l’entreprise.
Généralement on applique la règle suivante :
lorsque deux articles composants sont parfaitement interchangeables dans
l’insertion de l’article-parent sans différence de coût et de qualité, on adopte
la même référence. C’est le cas notamment d’articles standards comme les joints
ou les boulons achetés chez des fournisseurs différents.
VI- Nomenclatures :
1- définitions :
|
Une
nomenclature comprend plusieurs niveaux. Par convention, on attribue aux
produits finis le niveau 0. A chaque décomposition, on passe du niveau n
au niveau n+1.
niveau 0
niveau 1
niveau
2
|
Le nombre de niveaux de nomenclature varie en
fonction de la complexité des produits de l’entreprise. Il faut surtout veiller
à ne pas commettre l’erreur de créer des niveaux correspondant en fait à de
simples étapes du processus, c’est-à-dire de confondre nomenclature et gammes,
sauf s’il y a besoin de gérer un article intermédiaire. Pour la plupart des
produits manufacturés, le nombre de niveaux est de trois à cinq. Les
produits les plus complexes peuvent justifier de six à huit niveaux.
Dans une nomenclature multiniveaux tous les
composants issus d’un composé sont représentés :
Nomenclature multiniveaux
de A
Une nomenclature à un niveau d’un composé de
niveau ne donne, au contraire, que les composants du niveau n+1.
2- Structure des produits et nomenclatures :
Selon les nombres comparés de produits
finis et de leurs composants, ce qui dépend naturellement des secteurs
d’activité concernés, les nomenclatures peuvent se présenter sous quatre
formes :
·
structure convergente ;
·
structure divergente ;
·
structure à point de regroupement ;
·
structure parallèle.
Des points standardisés, avec une faible diversité des produits finis,
mais de nombreux composants ont une structure convergente. Le nombre de
niveaux de nomenclature dépend de la complexité du produit fini. Ce type de
structure se retrouve dans la fabrication de circuits électroniques ou
d’ensembles de mécanique générale.
Dans
certains cas, un nombre réduit de matières premières ou même une seule
conduisent à une grande variée de produits finis. Nous avons alors une structure
divergente.
3- Différentes Nomenclatures :
La nomenclature fonctionnelle
reflète une approche de Bureau d’Etudes qui utilise les fonctions élémentaires
correspondant au Cahier des Charges Fonctionnel pour avancer les solutions
techniques propres à les satisfaire.
La nomenclature de fabrication ou d’assemblage
décrit les états d’avancement de la production de l’article concerné.
La nomenclature de Gestion de
Production découle de la précédente, elle regroupe les articles gérés
(fichier Articles).
La Gestion de production utilise
également des nomenclatures de planification :
·
les macro-nomenclatures sont situées au sommet de la structure
(produits ou familles de produits), et destinées à planifier les besoins à
moyen et long termes. Non détaillées, elles sont constituées de composants
agrégés (regroupement d’articles) et, éventuellement, de composants critiques à
surveiller (composants stratégiques à long délai) ;
les nomenclatures modulaires rendent de grands services dans le
cas de produits avec de nombreuses variantes.
Nous
venons de montrer que le même produit est vu dans l’entreprise de différentes
manières selon le service concerné. Cette multiplicité de nomenclatures est une
entrave à l’objectif d’intégration. Il se pose par exemple une difficulté de
mise à jour suite à modification. La standardisation des diverses
nomenclatures, à l’usage du bureau d’études, des méthodes et du système de gestion
de production est donc un but à atteindre malgré les frictions possibles entre
services. Il en va de la fiabilité des données techniques.
4- Représentation des Nomenclatures :
Il y a de nombreuses façons de
représenter une nomenclature. La plus simple est une liste des composants. La vue
éclatée issue d’un Bureau d’Etudes, complétée le plus souvent par la liste
des composants correspondant à un repère sur le dessin, représente un type de
nomenclature.
La nomenclature arborescente (figure
suivante) de compréhension simple et visuelle, est la plus utilisée en gestion
de production.
Une
nomenclature cumulée correspond à la liste de tous les composants des
plus bas niveaux (composants achetés). La figure suivante décrit le cas de
l’article A. Par exemple, le composant I intervient avec le coefficient 0,3
dans G qui lui-même entre dans D avec le coefficient 1. A contient 2 D.
Finalement il y a 0,3 x 2 = 0,6 U dans A.
Une
nomenclature indentée est facile à produire sur un listing d’ordinateur.
La représentation matricielle consiste
en un tableau à deux entrées avec des lignes de composés et des colonnes de
composants ou l’inverse. Le coefficient de lien figure à l’intersection des
lignes et des colonnes.
Remarque : une nomenclature est valorisée
puisqu’y figure la valeur des composants.
5- Données des Nomenclatures :
Les données d’un enregistrement de lien
de nomenclature comportent :
·
la référence de l’article composé qui sert de clé d’accès
à l’enregistrement ;
·
la référence de l’article composant ;
·
le coefficient de lien ;
·
sa validité définie par les dates de début et de fin
d’utilisation de ce lien ;
·
d’autres données de gestion comme la date de création du lien,
le type de nomenclature (fonction, fabrication…) ;
·
le coefficient de rebut.
VII- Postes de charge :
1- Définitions :
Un poste de charge est une unité
opérationnelle de base que l’entreprise a décidé de gérer. Précisons tout de
suite qu’il ne faut pas le confondre avec le poste de travail. Celui-ci est une
unité physique qui entrera dans un poste de charge, alors que le poste de
charge est une entité qui résulte d’un choix
d’organisation. En général, le poste de charge résultera de la combinaison
de plusieurs postes de travail associés pour réaliser une action de
production déterminée. Ainsi, selon le cas, le poste de charge peut être une
machine, ou un groupe de machines, un ou plusieurs opérateurs, une association
machine (s)-opérateur (s), un atelier…
2- Données des Postes de charge :
Les données d’un enregistrement Poste
de charge contiennent :
·
la référence du poste de charge ;
·
la désignation du poste de charge ;
·
l’indication de la nature du poste ;
·
la capacité du poste de charge ;
·
le poste de remplacement qui permet de réorienter la production
vers ce poste en cas de surcharge ou d’indisponibilité :
·
les données pour le calcul des coûts.
La référence du poste de charge est normalement un
code structuré ou un ensemble de codes définissant la section, la sous-section
et le poste ou la machine.
La capacité du poste de charge est fonction du nombre
d’opérateurs, du nombre de machines, du temps d’ouverture du poste et de son coefficient
d’efficacité. Le temps d’ouverture du poste correspond à son ouverture
théorique corrigée par le calendrier standard de l’usine ou le calendrier
spécifique au poste. On trouve par exemple un calendrier annuel de l’usine, un
calendrier hebdomadaire et un calendrier particulier du poste. La capacité
démontrée ou réelle du poste est obtenue en multipliant la capacité
théorique ou calculée par le coefficient d’efficacité. Toutes les
données nécessaires à ces calculs doivent figurer dans les champs de
l’enregistrement.
Pour le calcul des coûts, le taux horaire affecté au
poste de charge ou un coût forfaitaire permettant la valorisation des temps
calculés à partir des gammes (§:VIII) ou des temps observés. On pourra trouver
des taux machine, taux main-d’œuvre, taux pour le réglage, coûts forfaitaires
des opérations en processus continu… avec l’unité de référence (heure, lot…).
Le fichier des postes de charges sera utilisé
pour déterminer les capacités disponibles et les coûts de
revient.
3- Outillages :
Dans un système de Gestion de la
Production, les outillages spécifiques, les outillages consommables, à durée de
vie limitée ou nécessitant une maintenance doivent être gérés afin d’assurer
leur disponibilité lors de la planification puis de l’exécution.
Le problème est analogue à celui des
articles : délai de mise à disposition correspondant soit à un délai de
livraison d’un article acheté, soit au temps de préparation de l’outil comme un
article fabriqué. Les données outillages seront donc de même type que celles
des articles.
VIII- Gammes :
1- Définitions :
|
Toutes ces opérations sont répertoriées et précisées
sur un document comportant des données théoriques ou réelles décrivant les
caractéristiques techniques utiles à la réalisation d’un article. ce document est communément appelé
gamme et édité par le service des Méthodes. Suivant le secteur d’activité, ce
document prend d’autres noms : process (électronique), recette
(agro-alimentaire), formule (chimie)…
La gamme est donc l’énumération de la succession
des actions et autres évènements nécessaires à la réalisation de l’article
concerné.
Si l’article est obtenu par transformation de la
matière, il s’agit d’une gamme d’usinage. Il existe de même des gammes
d’assemblage, des gammes de contrôle, gamme de transfert… une
gamme de Gestion de production est destinée à calculer la charge sur les
postes de charge et les délais d’obtention des articles. Elle est donc beaucoup
moins détaillée puisque seuls sont alors indispensables, l’ordre des
opérations, le poste de charge concerné et les temps d’utilisation du poste.
L’utilisation de la technologie de groupe ou
simplement l’existence de gammes ressemblantes conduit à déterminer des gammes
types qui permettent de créer par recopie avec quelques modifications et
ajouts des gammes filles.
Dans la planification à long et à moyen termes, on est
amené à étudier les charges globales (PIC et PDP). Cette planification globale
des capacités utilise des macro-gammes. Ces dernières, correspondant à des
produits finis ou des familles de produits, ne comprennent pas les opérations
élémentaires, mais décrivent globalement les temps de passage dans certains
groupes de postes de charges ou certains postes critiques (goulots
d’étranglement identifiés). On peut ainsi estimer les charges globales à
comparer aux capacités, afin de valider les premières étapes de la
planification, sans mettre en œuvre un traitement lourd et inapproprié à ce
stade.
2- Données des Gammes :
Les données d’un enregistrement Gamme
comprennent les données de l’en-tête et celles du corps de la gamme.
L’en-tête comporte :
·
la référence de la gamme.
Le plus souvent il s’agit de la référence de l’article correspondant. Lorsqu’il
y a des gammes communes à plusieurs articles, on est amené à définir des
références spécifiques de gammes et à rattacher la gamme adéquate à chaque
article ;
·
la désignation de la gamme en clair ;
·
la description sous forme de commentaire ou de renvoi vers un
dossier technique ;
·
les conditions d’emploi ;
·
les outillages nécessaires ;
·
la référence de la gamme de remplacement ou gamme secondaire
éventuelle qui se substitue à la gamme principale ;
·
les dates de création, mise à jour, validité…
|
Le corps
de la gamme est constitué de la liste ordonnée des opérations et chaque
opération sera décrite par :
·
un numéro d’ordre (par exemple 10, 20, 30…) permettant d’insérer
de nouvelles étapes ;
·
les conditions de jalonnement (opérations parallèles,
consécutives, chevauchement… avec délai de jalonnement) ;
·
la référence du poste de charge concerné ;
·
les temps dans une unité de temps définie.
Les temps définis dans les gammes sont :
·
le temps de réglage ou de préparation ;
·
le temps unitaire d’exécution (main-d’œuvre ou machine) qui,
multiplié par le nombre d’articles, donnera le temps total d’exécution ;
·
les temps technologiques comme un refroidissement ou un
séchage ;
·
le temps de transfert vers le poste suivant ;
·
le temps d’attente devant le poste.
Le temps
d’exécution peut être constant ou dégressif en fonction des quantités produites
(phénomène d’apprentissage)
Le
fichier Gammes contribue donc à :
·
calculer la charge sur un horizon donné pour chaque poste de
charge ;
·
valider la planification ;
·
ordonnancer à capacité finie ;
·
calculer les coûts prévisionnels ;
·
établir le dossier de fabrication ;
·
comparer le réalisé (suivi de production) avec le prévu.
IX- Autres données techniques
1- données relatives à l’environnement :
L’environnement de l’entreprise
comprend trois types de partenaires :
·
les
clients ;
·
Les fournisseurs ;
·
Les sous-traitants.
Les
données de base les concernant sont gérées par la fonction Commerciale dans le
premier cas et par la fonction Achat pour les deux autres.
Les
enregistrements comportent dans tous les cas une références permettant d’y
accéder et de mettre en relation les fichiers du système d’information de
l’entreprise,
|
l’identification du
partenaire, des données de description et de classification. Ces dernières
concernant la Gestion de Production pour l’évaluation qualitative ou
quantitative des partenaires.
2- Données d’activité :
Les données d’activité sont à l’origine
des informations qui génèrent et pilotent cette activité. Dans le cas de la
Gestion de Production, il s’agit tout d’abord des données créant l’activité,
puis des données de lancement et de suivi de cette activité.
Les premières ont pour origines les
commandes clients ou les prévisions de commandes qu’il faut conforter aux
ressources de l’entreprise. Il en résulte la création d’Ordres de Fabrication
(OF), d’Ordres d’Achat (OA) ou d’Ordres de Sous-Traitance (OST) selon le cas.
Les données d’un OF sont
typiquement la référence de l’ordre, la référence de l’article
concerné, la quantité à produire, les dates de début et de fin,
la gamme à utiliser, les dates de création et de modification de l’OF,
éventuellement la référence de la commande. Les données d’un OA ou d’un OST
sont quasiment les mêmes à l’exception de la gamme.
Les données de suivi de production concernent
l’état d’avancement des travaux, les niveaux de qualité et des en-cours. Le
suivi est plus ou moins détaillé, notamment en fonction de la durée des ordres
et des opérations. Dans le cas d’un suivi détaillé par opération, elles
comporteront la référence de l’OF, le numéro de l’opération, le poste concerné,
le code de l’opérateur, le type d’opération, les dates-heures de début,
interruption, reprise ou fin d’opération, les quantités de pièces bonnes, à
reprendre ou à rebuter…
Le suivi des stocks se traduit par la
saisie des informations concernant tous les mouvements physiques d’entrées et
sorties de magasin. Les données de suivi des stocks
comprennent la référence article ou outillage,
la quantité, la date du mouvement, le type de mouvement (entrée ou sortie,
manuelle, ou automatique, régularisation d’inventaire…), le code du magasinier,
le numéro de lot de l’article, le numéro de l’ordre (OF, OA ou OST), le numéro
de l’opération concernée…
3- Données historiques :
Les données historiques constituent un
journal et une synthèse de l’activité de production. Ainsi on conserve
l’historique des mouvements de stocks, des commandes, ordres d’achat et de
sous-traitance avec la réponse de l’entreprise en matière de quantité, qualité,
prix, délais. Les modifications techniques apportées aux produits sont utiles
au service Après Vente. Le cumul par OF des données du suivi de production
permet de calculer le coût de revient de l’OF qui pourra être comparé au coût
prévu. Ces données historiques constituent donc la mémoire de l’entreprise
permettant d’analyser le passé pour prévoir et améliorer le futur.
|
X- Qualité des données techniques :
Les données techniques sont la base du
système de Gestion de la production. La qualité de cette gestion dépendra
donc de la qualité des données :la planification et la
programmation ne seront réalistes que si les données techniques sont exactes.
Pour ce faire il faut tout d’abord que les données soient exactes au
moment de leur création, et en outre, qu’elles soient maintenues à
jour lors des modifications. L’exactitude des données repose en
premier lieu sur la formation et la motivation des personnes qui les
gèrent ; ensuite, sur la prévision et la détection des erreurs par choix
du système de codification, recherche de vraisemblance des transactions…
D’après l’expérience d’un grand nombre
de cas réels d’entreprise, les cabinets Oliver Wright estiment que pour qu’un
système de Gestion de Production fonctionne bien, il est nécessaire que
certains indicateurs de performances satisfassent des valeurs minimales.
Fichier
|
Indicateur de performance
|
Minimum
|
Stocks
|
Nb stocks exacts/nb stocks vérifiés
Stocks physique-stock
informatique < tolérance (2%)
Stock informatique
|
95%
|
Nomenclatures
|
Nb nomenclatures exactes/Nom
vérifiées
Composants et coefficient
exacts
Nomenclature complète
Structure reflétant la
production et sa gestion
|
98%
|
Gammes
|
Nb gammes exacts/Nb gammes
vérifiées
Séquences opératoires exactes
Postes de charge exacts
Temps à 10% près (+ou-)
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98%
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C’est grâce à une telle
qualité des données maintenues à jour que l’entreprise planifiera dans de
bonnes conditions de réalisme la production qui alors, pourra être exécutée
dans les conditions les plus favorables.
Chapitre 5 : Fonction, documents et données techniques
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