Chapitre 7 : La méthode Kanban
I- Introduction :
« Kanban », au départ, c’est un mot japonais
du vocabulaire courant qui signifie étiquette, enseigne.
La méthode Kanban, quant à elle, a au départ fondé
tout son fonctionnement sur la circulation d’étiquettes.
Elle a été élaborée par M. Ohno.
A cette époque-là, M. ohno constate que « les
gens des usines ont toujours tendance à faire de la surproduction » et il
cherche alors le moyen qui permettre de produire :
·
le produit demandé, et pas un autre ;
·
au moment où il est demandé (ni avant, ni après) ;
·
dans la quantité demandée (ni plus ni moins).
Dans un
atelier de production, cela se traduit par le fait qu’un poste amont ne doit
produire que ce qui lui est demandé par son poste aval qui ne doit lui-même
produire que ce qui lui est demandé par son propre poste aval et ainsi de
suite… Le poste le plus en aval ne devant produire que pour répondre à la
demande des clients.
Il
fallait donc trouver un système d’information qui fasse remonter rapidement les
besoins de l’aval vers l’amont. Ce système existe et porte le nom de méthode
Kanban.
Comme
nous le montrerons par la suite, Kanban est avant tout un système d’information
et une méthode d’organisation et de gestion de l’atelier qui n’intègre en aucun
des éléments de gestion industrielle globale, la planification par exemple.
II- La méthode :
Elle est excessivement simple aussi
bien de fonctionnement que de compréhension, mais il ne faudra pas se
méprendre : les conditions de réussite de la mise en œuvre du Kanban sont nombreuses
et difficiles.
1. Description d’un système Kanban :
|
On
peut dire de manière simple que la méthode Kanban va consister à superposer au
flux physique de produits, un flux inverse d’informations (figure suivante).
·
le poste N° 2 consomme des pièces usinées par le poste N°1. Chaque fois
qu’il utilise un container de pièces, il détache de celui-ci une étiquette
appelée Kanban qu’il renvoie au poste N°1. Cette étiquette constitue pour le
poste N°1 un ordre de fabrication d’un container de pièces.
·
Quand le poste N°1 a terminé la fabrication du container, il attache à
celui-ci le Kanban. Le container est alors acheminé vers le poste N°2.
·
Entre deux postes de travail, circulent un nombre défini de Kanban
(donc de containers).
Les Kanban sont donc :
·
soit attachés à des containers en attente d’utilisation devant le poste
N°2 ;
·
soit sur un planning à Kanban au poste N°1 en attente d’usinage de
pièces.
S’il n’y
pas de Kanban sur le planning du poste N°1, cela signifie que tous les Kanban
sont attachés à des containers en attente de consommation devant le poste N°2.
Le poste N°2 est donc très bien approvisionné et le poste N°1 ne doit pas
produire !
La règle de gestion au niveau d’un poste et donc
simple :
Il y a des étiquettes Kanban sur le planning de mon
poste, je produis ; il n’yen a pas, je ne dois pas produire !
|
Le système que nous venons de décrire
se reproduit entre tous les postes d’un même atelier, pris deux à deux. Un
Kanban particulier ne circule qu’entre deux poste de travail. Il apparaît donc
sur le Kanban l’adresse du poste amont et l’adresse du poste aval entre
lesquels il circule.
Le Kanban utilisé dans ce cas est un Kanban de
production.
Ce système ne peut bien fonctionner que
si les deux postes de travail sont situés à proximité l’un de l’autre, car il
n’existe alors qu’un lieu de stockage des containers entre le poste N°1 et le
poste N°2.
Dans le cas où le poste N°1 et le poste
N°2 sont physiquement éloignés (cas d’ateliers différents par exemple), il est
nécessaire d’effectuer une opération supplémentaire de transport des
containers.
Pour l’opération de transport, on
utilise un Kanban de transfert (figure suivante)
·
quand le
poste N°2 utilise un container de pièces, il en retire le Kanban de transport
et le place sur le planning de manutention, ce qui donne au manutentionnaire un
ordre de déplacement d’un container de pièces. Le manutentionnaire va alors
chercher un container sur l’aire de stockage du poste N°1.
·
Il en retire le Kanban de production, qu’il place sur le
planning des Kanban du poste N°1, ceci donne au poste N°1 l’ordre de produire
un container de pièces. Il fixe ensuite le Kanban de transport sur le
container qu’il achemine sur l’aire de stockage du poste N°2 et ainsi de suite…
Remarque :
Du point de vue de la circulation des
Kanban, on applique finalement la même démarche, qu’il s’agisse des opérations
de fabrication ou des opérations de transfert. Mais on génère autant de
stockages supplémentaires qu’il y a d’opérations de manutention. Cela produit
des transports, des stocks et des délais, ce qui n’est pas souhaitable. Il est
donc nécessaire, quand cela est possible, de rapprocher les postes de la ligne
Kanban en revoyant l’implantation qui est parfois mal conçue et à l’origine des
problèmes que nous venons d’évoquer.
2- La gestion des priorités en Kanban :
Qu’il y ait des aspects de transferts à
gérer ou non, un poste amont fournisseur réalise la plupart du temps plusieurs
types de produits pour le ou les postes avals clients. On dit qu’en général, il
ne doit pas en fabriquer plus de dix différents car au-delà, cela
devient ingérable.
|
Si
pour différentes raisons, on n’y parvient pas, le Kanban ne doit pas être appliqué,
il est préférable de rester dans un système de gestion de la ligne de
production par ordres de fabrication.
Pour que le poste fournisseur puisse
répondre correctement aux besoins de son ou ses clients, il devra gérer
correctement ses priorités.
Quand le planning Kanban d’un poste de
travail comporte plusieurs types de Kanban, le principal problème de l’opérateur
consiste à choisir le type de pièce à fabriquer en priorité.
Supposons qu’un poste de travail
fabrique 3 types de pièces :
·
Référence A : 8 Kanban en circulation ;
·
Référence B : 5 Kanban en circulation ;
·
Référence C : 3 Kanban en circulation.
Cas
N°1 : il n’y a aucun Kanban sur
la planning ; l’opérateur du poste ne doit donc pas produire !
Cas
N°2 : le planning a la
physionomie de la figure suivante.
Sachant
que pour la pièce A, on a 8 Kanban en circulation et qu’on en a trois sur le
planning, il y a donc 5 containers de pièces A stockées.
De même, on a 5 – 3 = 2 containers de
pièces B stockées et 3 – 3 = 0 container de pièces C stockées.
Il est donc urgent de
lancer la fabrication des pièces de référence C.
On tiendra ce raisonnement chaque fois qu’on voudra
usiner un container de pièces et on choisira de lancer la production des pièces
dont la quantité stockée est la plus faible. Mais, attention, cette démarche
n’est possible que si le temps de changement de série sur le poste fournisseur
est très court. Sinon, les temps de réglage vont terriblement perturber la
production, on ne produira plus des pièces mais des réglages ! Si le temps
de réglage est important sur le poste fournisseur, on choisira de produire par
lot de 2 ou 3 ou davantage de Kanban, ce qui posera évidemment des problèmes de
réactivité, mais permettra de « rentabiliser » les réglages !
Pour que l’opérateur puisse tenir ce type de raisonnement,
il est nécessaire de faire apparaître sur le planning des index indiquant le
total de chaque type de Kanban (figure suivante).
Afin d’éviter des ruptures au niveau du flux de
production, on peut décider de conserver un stock minimal de containers de
pièces. On utilisera alors un deuxième index qui définit une zone d’alerte
au-delà de laquelle il faut lancer la production. Le principe de fonctionnement
de ce système est le même que celui décrit précédemment, mais en utilisant les
index d’alerte au lieu des index total des Kanban pour définir la gestion des
priorités (figure suivante).
ce système se traduit par l’existence de stocks de
sécurité qui sont là pour absorber les aléas divers qui peuvent se produire sur
les postes de travail.
Dans notre exemple, cela donne :
·
stock de sécurité de A = 2 containers ;
·
stock de sécurité de B = 3 containers ;
·
stock de sécurité de C = 1 containers ;
On choisira dans notre exemple de lancer la production
des pièces dont la colonne de Kanban est la plus proche de l’index zone
d’alerte, c’est-à-dire C.
Le système Kanban, se rapproche donc de la méthode de
gestion des stocks à point de commande. La différence réside surtout dans le
délai de production matérialisé par l’index d’alerte. Dans une situation
traditionnelle à point de commande, celui-ci représente souvent plusieurs
semaines de production. En Kanban, l’index d’alerte ne représente que quelques
heures.
3- Caractéristiques des Kanban :
Le Kanban est l’étiquette qui est
attachée à un container. Il se présente généralement sous la forme d’un
rectangle de carton plastifié ou non de petite taille. Un certain nombre
d’informations sont précisées sur un Kanban.
Ces informations varient
beaucoup selon les entreprises, mais il existe des informations indispensables
minimales que l’on retrouve sur tous les Kanban :
·
la référence de la pièce fabriquée ;
·
la capacité du container, donc la quantité à produire ;
·
l’adresse ou référence du poste amont fournisseur ;
·
l’adresse ou référence du poste aval client.
Mais il
existe aujourd’hui de nombreuses entreprises ayant des lignes de production
appliquant les principes du Kanban sans étiquette..
4- Dimensionnement d’un système Kanban :
A- A propos de la taille d’un container :
Chaque container d’un même type de
produits doit contenir le même nombre de produits conformes.
Pour déterminer la taille d’un
container il faut tout d’abord tenir compte des caractéristiques du produit
(poids, volume…). Par ailleurs, la taille doit permettre d’assurer la fluidité
de la production. On tient compte du délai de production, et du délai de
consommation des produits. On a coutume de dire que dans un container on doit
trouver un nombre de pièces représentant moins d’un dixième de la
consommation journalière, pour assurer une fluidité minimale.
Mais cette règle n’est pas obligatoire
et ne s’adapte pas à toutes les situations. Il convient donc de tâtonner
quelque temps, d’observer le fonctionnement du système dans différentes
situations avant d’arrêter une décision. On peut remarquer que cette décision
ne sera que temporaire puisqu’un système Kanban se doit d’être évolutif, d’être
amélioré en permanence. Les améliorations apportées permettent au système
d’être plus réactif et flexible et cela permet de diminuer la taille des
containers au fur et à mesure des améliorations. L’objectif est de parvenir à
la situation optimale, qui se traduit par une seule pièce dans le container.
Mais pour y parvenir, on a besoin de fiabiliser presque totalement le système
de fabrication ce qui n’est pas facile !
B- A propos du nombre de Kanban :
Les entreprises procèdent en général
empiriquement, pas à pas, en mettant beaucoup de Kanban au début puis en
diminuant petit à petit le nombre jusqu’à ce que le flux casse.
Pour déterminer le nombre de Kanban, il
n’existe pas de formule magique !
Le nombre de Kanban doit tout de même
permettre de couvrir les aléas existant dans le système au moment où on met en
place la méthode (réglages, pannes, non qualité…), sinon le flux va casser en
permanence et on ne produira que peu de pièces.
Le nombre de Kanban peut néanmoins être
calculé grâce à la formule suivante :
DL + G
/ C
Où :
D :
représente la consommation moyenne de produits par les clients par unité de
temps ;
L :
le délai de mise à disposition des produits ;
G :
le facteur de gestion : facteur de couverture contre les aléas et les
changements de séries ;
C :
le nombre de pièces contenues dans un container.
Mais la façon de déterminer le nombre
de Kanban n’est pas important. Ce qui compte, c’est de se demander comment
doit-on améliorer le système de production pour fixer un nombre de Kanban
minimum ?
La réponse à cette question comporte un
certain nombre d’éléments, en particulier :
·
la diminution des temps nécessaires aux changements d’outils ;
·
la diminution des délais de productions ;
·
la diminution du nombre de pièces non conformes ;
·
la suppression des stocks de sécurit que l’on garde généralement pour
se protéger contre les aléas de production.
Tous ces
éléments vont permettre de diminuer considérablement le délai de mise à
disposition des containers.
III- Conditions de réussite de la mise en place d’un système
Kanban :
Comme nous venons de le voir, cette
méthode est excessivement simple à mettre en œuvre. Mais il ne faut pas oublier
que l’utilisation d’un Kanban dans un atelier correspond à l’apparition d’un système
d’information qui va mettre en évidence la plupart des problèmes d’atelier.
Gérer un flux de l’écoulement des produits. Loin de réguler les perturbations,
le système Kanban, lorsqu’il est tendu, a plutôt tendance à amplifier leurs
effets, contrairement aux stocks qui les amortissent. L’atelier ne pourra donc
fonctionner que si les problèmes sont résolus ou en partie résolus.
Les actions à réaliser doivent être
engagées d’une part avant et d’autre part pendant la mise en œuvre de la méthode
Kanban dans l’atelier. Ces actions sont une condition nécessaire à la réussite
de l’installation du Kanban dans l’entreprise.
Les modifications à apporter sont
multiples et on peut remarquer que la démarche de progrès n’est pas la même
dans toutes les entreprises.
Certaines entreprises rencontreront des
problèmes liés à leur implantation et devront travailler en priorité ce point
là, d’autres ont des temps de réglage très longs et nuisibles au bon
fonctionnement du Kanban.
La plupart des actions sue l’entreprise
doit entreprendre sont :
·
la nécessité d’une bonne implantation des ateliers ;
·
la nécessité de réduire considérablement les temps de changements de
série ;
la suppression des aléas (pannes, pièces non conformes…) ;
·
le développement de relations privilégiées, le véritable partenariat
avec les fournisseurs internes et externes à l’entreprise ;
·
la nécessité d’une importance polyvalence du personnel que l’on peut obtenir
par
la formation. On ne recherche plus seulement la
productivité dans un atelier qui fonctionne en Kanban mais plutôt la qualité
des produits, ce qui passe forcément par la responsabilisation du personnel.
Ce personnel doit en outre être capable de changer de
poste, de lancer des actions de réglage ou d’entretien. C’est est aujourd’hui
très difficile à réaliser dans certaines entreprises, la culture ne permettant
pas toujours d’évoluer dans ce sens là ;
·
la nécessité de faire évoluer les produits et leurs composants. Pour
simplifier la gestion du Kanban, il faut standardiser les composants et/ou les
sous-ensembles du produit, ce qui permet de diminuer le nombre de référence à
gérer.
IV- Mise en place d’un système Kanban :
1- Avantages du système :
Il permet de révéler les problèmes
de l’atelier.
D’autres avantages plus concrets
existent bien évidemment :
·
dans un
atelier qui utilise la méthode Kanban, on peut souvent constater une
circulation rapide de l’information entre les postes de travail concernant, les
problèmes machines, les pannes, les pièces défectueuses ;
·
On peut également observer le développement de la cohésion entre les
postes de travail du fait de la très grande dépendance existant entre
eux ;
·
Le service proposé au client s’améliore et se traduit par une meilleure
fiabilité au niveau du respect des délais, de la qualité et des quantités. On
peut livrer le client plus souvent et par petites quantités. L’objectif ultime
du Kanban est de fabriquer et de livrer un petit peu de tout tous les
jours ;
·
Le Kanban permet de décentraliser et de simplifier la gestion de production
au sein de l’atelier :
·
Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’un des avantages principaux
peut d’exprimer en terme de diminution des stocks ; cela produit
généralement un dégagement de trésorerie, davantage de place dans les ateliers
et les entrepôts, une plus grande facilité de gestion des stocks, et une
réaction plus rapide aux évolutions (puisqu’on n’a plus à attendre d’écouler un
stock important pour réagir) ;
·
On peut citer un dernier élément intéressant pour l’entreprise qui est
la conséquence de ceux précédemment présentés. Il s’agit de l’accroissement de
la réactivité du système, devenu flexible, qui permet à l’entreprise de
s’adapter vite, de réagir vite.
2- La convivialité MRP-Kanban :
Il faut tout d’abord rappeler que la
méthode Kanban ne s’applique que dans les entreprises ayant une production
répétitive.
On peut en effet constater qu’une des
limites du Kanban est qu’il correspond à u système de gestion d’atelier à court
terme et ne peut à ce titre intégrer des informations prévisionnelles.
Faut-il supposer que le Kanban est
inutilisable dans ce type de situation ?
Nom ! On va utiliser l’outil de
planification MRP pour pallier cette lacune. Il va permettre de lisser la charge de l’atelier. Le
fonctionnement de l’atelier ne sera plus alors fondé sur la demande réelle mais
sur une demande régularisée. L’outil MRP va pour cela établir des programmes
prévisionnels de production assurant l’équilibre entre la charge et la capacité
des ateliers et prévoyant l’utilisation prévisionnelle des machines, de la main-d’œuvre,
le doublement éventuel des équipes, l’appel à la sous-traitance…
Il existe par ailleurs des possibilités
d’ordonnancement simultané MRP-Kanban, certains ateliers pouvant fonctionner en
Kanban, d’autres en MRP.
On peut par exemple citer la combinaison :
·
ateliers de montage fonctionnant en Kanban, car plus proches au niveau
délai de la demande ;
·
ateliers d’usines des composants et des sous-ensembles gérés par Ordres
de Fabrication classiques.
Le Kanban
n’étant qu’un système de régulation à court terme du flux de production, il ne
fonctionnera correctement que si la régulation à moyen terme a été bien
définie. Il existe donc une forte complémentarité entre MRP et Kanban.
Conclusion :
La
méthode Kanban est l’outil d’application japonais de la philosophie du Juste à
Temps. Tous les éléments de réflexion et tous les outils du Juste à Temps
doivent y être appliqués pour que le système Kanban fonctionne bien.
Cette méthode n’est en fait qu’une
méthode d’organisation et de gestion d’atelier et ne va pas au-delà.
Si l’entreprise qui l’utilise évolue
dans un environnement parfaitement stable en terme de demande, elle pourra se
satisfaire de piloter à vue avec son Kanban. Malheureusement, rares sont
les entreprises dans cette situation. Il devient alors nécessaire, dans un
environnement instable, de coupler le Kanban avec le système de planification
MRP qui sera là pour régulariser la demande et rendre le fonctionnement du
Kanban possible et efficace.
N’oublions pas que d’autres éléments
sont nécessaires pour que le Kanban soit efficace, en particulier la
polyvalence, polytechnicité, autonomie et flexibilité des personnes qui feront
fonctionner le Kanban. Ces personnes, comme dans tous le projets sont l’un des
facteurs clés de la réussite de celui-ci.
Le Kanban est aujourd’hui un outil
très répandu dans les entreprises où il est surtout apprécié pour sa
réactivité, condition essentielle de survie de l’entreprise dans le contexte
économique actuel.
Chapitre 7 : La méthode Kanban
Reviewed by IstaOfppt
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