Chapitre 1 : Fondements de la comptabilité générale
La
tenue de la comptabilité générale doit respecter les normes et les règles
établies par le code général de la normalisation comptable C.G.N.C :
§
Les principes fondamentaux qui constituent le véritable système de base
de la comptabilité générale.
§
Le plan comptable général qui est le code d’application de toutes les
règles.
Section 1: Les principes fondamentaux
La
loi comptable a défini sept principes comptables :
Le principe de continuité
d’exploitation.
Le principe de la permanence des
méthodes.
Le principe du coût historique.
Le principe de spécialisation des
exercices.
Le principe de prudence.
Le principe de clarté.
Le principe d’importance
significative.
1) Le principe de continuité d’exploitation :
L’activité économique de l’entreprise
présente généralement un caractère continu d’étendant sur plusieurs années, et
la tenue des comptes annuels doit être faite dans le respect de ce principe
(permanence des méthodes) qui conditionne les principes suivants.
2) Le principe de permanence des méthodes :
La présentation des comptes de synthèse
et les méthodes d’évaluation doivent être les mêmes d’une année à l’autre. Si
des modifications interviennent, elles doivent être décrites et justifiées dans
l’état des informations complémentaires (L’E.T.I.C).
Ce principe assure vis-à-vis des tiers
la cohérence des informations d’une période à l’autre et permet des
comparaisons avec les domaines similaires.
3- Le principe du coût historique :
Tous les éléments du patrimoine restent
inscrits au bilan pour leur valeur d’entrée, leur valeur d’origine (V.O). Ce
principe ne tient pas compte de l’inflation et présente des inconvénients
vis-à-vis de la situation de l’entreprise.
Des dérogations ont été mises en place
pour corriger ces inconvénients : c’est le cas en particulier de la
réévaluation des bilans (le bilan est un état de synthèse qui représente
l’ensemble des biens d’une part et des dettes d’autre part d’une entreprise à
une date donnée).
4- Le principe de spécialisation des exercices :
Selon ce principe, l’activité de
l’entreprise est découpée en exercices comptables d’une durée de douze mois
indépendants les uns des autres :
Le résultat global doit être déterminé
pour chaque période et contenir uniquement les charges et les produits qui le
concernant (voir les travaux d’inventaire).
5- Le principe de prudence :
C’est une appréciation raisonnable des
faits afin d’éviter le risque de transfert sur l’avenir, d’incertitudes
présentes susceptibles de grever le patrimoine et les résultats de
l’entreprise.
Son objectif est de ne pas sur-évaluer
le résultat.
Le principe de prudence consiste
à :
a – Prendre en considération les pertes probables :
c’est-à-dire que les diminutions de valeur (moins -values) par rapport au coût
historique qui doivent être enregistrées dès qu’elles apparaissent probables.
Exemple :
Un fonds commercial inscrit au bilan au
début de l’exercice 2006 pour une valeur de 650 000 dh, à la fin du même
exercice il est estimé à 500 000 dh. Cette dépréciation constatée de 150 000 dh
est considérée par la comptabilité générale comme une charge.
N.B : La +/- value
résulte de la comparaison de la valeur d’entrée et la valeur actuelle.
b – Interdire la comptabilisation de plus-values
latentes (gains futurs non réalisés) : il s’agit de produits qui ne sont
pas définitivement acquis.
Exemple :
Un terrain figure au bilan du début
d’exercice N pour 450 000 dh, à la fin du même exercice sa valeur est estimée à
500 000 dh.
Donc, le gain futur (non
encore réalisé) de 50 000 est rejeté par le principe de prudence du fait qu’il
résulte d’une simple estimation et non d’une opération de vente.
6- Le principe de clarté :
Conformément à ce principe, toutes les
opérations effectuées par l’entreprise doivent être enregistrées dans les
comptes prévus par le plan comptable sous la bonne rubrique et la dénomination
adéquate.
Aucune compensation ne doit être faite
entre l’évaluation des éléments d’actif-passif du bilan et des postes charges –
produits du C.P.C (comme de produits et charges).
L’objectif de ce principe est
d’indiquer clairement les méthodes utilisées et de présenter des états de
synthèse conformes aux modèles établis par le code général de la normalisation
comptable.
7- Principe d’importance significative :
Les états de synthèse doivent indiquer
clairement tous les éléments jugés importants (capitaux propres, créances,
dettes, résultats) pour les principaux utilisateurs de l’information comptable.
Section II : Le plan comptable général des entreprises : P.C.G.E
Le plan comptable général marocain date
de 1992, il constitue le dispositif technique d’application de normalisation
comptable : c’est-à-dire la base d’une bonne organisation du travail
comptable.
A cet effet, le P.C.G présente :
-
Une liste des comptes avec définition du contenu et indication des modalités de
fonctionnement.
-
Des règles d’évaluation des biens des entreprises.
Et des modèles de compte de synthèse
tels que : le bilan et le compte de produits et charges (C.P.C).
A – Le cadre comptable :
Le cadre comptable fixé par le P.C.G.E
fournit une liste des principaux comptes adaptables par chaque entreprise
(selon les besoins) organisés en classes et numérotés.
1- L’organisation des comptes en classes :
Les comptes sont répartis en catégories
homogènes, qui se référent à la nature des opérations appelées classes. Chaque
classe comprend les comptes principaux, les comptes divisionnaires et les
sous-comptes (c’est-à-dire du plus général au plus détaillé).
L’ensemble des classes est utilisé par
la comptabilité générale à l’exception de la classe 9, qui est réservée à la
comptabilité analytique.
Les classes sont regroupées dans trois
catégories de comptes.
-
Les classes de comptes de bilan ou de situation.
-
Les classes de comptes de gestion
-
Les classes de comptes spéciaux.
a-
Les classes de comptes de bilan ou de situation : de 1 à 5, concernant les
opérations du bilan :
-
La classe 1 : compte de financement permanent : appartiennent au passif et représentent les capitaux
internes et externes à la disposition de l’entreprise pour une durée supérieure
à une année.
-
La classe 2 : compte de l’actif immobilisé : l’ensemble des biens durables (d’équipement + les
créances).
-
La classe 3 : compte de l’actif circulant : représentent les éléments d’exploitation non
durables comme les stocks, les créances et les valeurs de placement.
-
La classe 4 : compte de passif circulant : correspondent aux dettes d’exploitations dont le délai
de remboursement est inférieur à un an.
-
La classe 5 : compte de trésorerie : la caisse, la banque, les chèques postaux…..
b
- Les comptes de gestion : ce sont des comptes qui enregistrent les
opérations relatives :
-
à La classe 6 : compte de charges.
-
à La classe 7 : les comptes de produits.
-
à La classe 8 : les comptes
de résultat qui permettent de
déterminer le résultat net et le faire apparaître au bilan.
c
- La classe de comptes spéciaux :
la classe zéro est réservée aux comptes d’ouverture et clôture du bilan,
engagements hors bilan dans l’état des informations complémentaires (L’E.T.I.C).
2- La numération des comptes : codification décimale
Le système de classement décimal des
comptes est assez simple pour s’adapter aux exigences du P.C.G.E, à chaque
compte est affecté un numéro de 4 chiffres ou plus :
1-
Le chiffre indique le n° de la classe.
Par exemple : Classe 2 : l’Actif immobilisé.
2-
Le 2ème chiffre mentionne la rubrique.
Par exemple : Rubrique 23 : Immobilisations
corporelles.
3-
Le 3ème chiffre représente le poste : par
exemple : Poste 232 : Constructions.
4-
Le 4ème chiffre précise le compte : par exemple :
compte 2321 : Bâtiments.
3- La liste des comptes du plan comptable général
appartenant aux classes 1 à 8. Voir la plan comptable
B- Règles d’évaluation :
Les règles d’évaluation des biens de
l’entreprise constituent la base d’enregistrement comptable, elles représentent
l’expression des faits économiques en monnaie locale (Maroc, c’est le dirham).
D’après la loi comptable, les éléments patrimoniaux
de l’entreprise doivent figurer au bilan à la date d’entrée pour leur valeur
d’entrée (valeur d’origine) et à la fin de l’exercice pour leur valeur nette
comptable.
1- L’évaluation à la date d’entrée dans le patrimoine :
Les éléments d’actif (l’ensemble des
biens de l’entreprise) sont inscrits au bilan :
-
au coût d’acquisition : pour les biens acquis à titre onéreux.
-
à la valeur actuelle : pour les biens acquis à titre gratuit.
-
au coût de production : pour les biens produits.
Il est à signaler que : les
créances (comme les dettes) sont évaluées à leur valeur nominale (montant
initial).
2- L’évaluation à la fin de l’exercice comptable :
A l’arrêté des comptes, des corrections
peuvent être apportées pour déterminer la valeur nette qui doit figurer au
bilan sous forme : d’amortissements pour les biens de l’actif immobilisé
si la dépréciation est jugée définitive :
|
Ou de provisions, si la
diminution estimée est réversible :
|
Il est à remarquer que la correction par le biais des provisions
concerne tous les éléments actifs et passifs (les biens et les dettes) de
l’entreprise.
C- Les modèles de bilan
et de C.P.C :
Le plan comptable marocain propose deux modèles de bilans et
de C.P.C.
1- Modèle simplifié :
qui s’adresse aux petites entreprises.
2- Un modèle normal : qui s’adresse à la majorité des
entreprises (voir exemples suivants) :
Bilan modèle normal
Actif
|
brut
|
Amrt
et prov
|
N
|
Passif
|
N
|
||||||||||||
Actif immobilisé
|
|
|
|
Financement permanent
|
|
||||||||||||
Immobilisations en
non-valeurs (A)
Frais préliminaires
Charges à répartir sur
plusieurs exercices
Primes de remboursements
des obligations
Immobilisations
incorporelles (B)
Immobilisation en recherche
et développement
Brevets. marques. droits et
valeurs similaires
Fonds commercial
Autres immobilisations
incorporelles.
Immobilisations
corporelles (C)
Terrains
Constructions
Installations techniques,
matériel et outillage
Matériel de bureau et
aménag divers
Autres immobilisations
corporelles
Immobilisations corporelles
en cours
Immobilisations financières
(D)
Prêts immobilisés
Autres créances financières
Titres de participation
Autres titres immobilisés
Ecarts de conversion –
actif (E)
Diminution des créances
immobilisées
Augmentation des dettes de
financement
|
|
|
|
Capitaux propres
Capital social ou personnel
Moins : actionnaires,
capital appelé non versé
Capital appelé/dont versé
Primes d’émission, de
fusion, d’apport
Ecarts de réévaluation
Réserve légale
Autres réserves
Report à nouveau
Résultats nets en instance
d’affectation
Résultat net de l’exercice
Total des capitaux propres (A)
Capitaux propres
assimilés (B)
Subventions
d’investissement
Provisions réglementées
Dettes de financement
(C)
Provisions durables pour
risques et char(D)
Provisions pour risques
Provisions pour charges
Ecart de
conversion-Passif (E)
Augmentation des créances
immobilisées
Diminution des dettes de
financement
|
|
||||||||||||
|
|
||||||||||||||||
TOTAL I (A+B+C+D+E)
|
|
|
|
TOTAL I (A+B+C+D+E)
|
|
||||||||||||
ACTIF CIRCULANT (HORS TRESORERIE)
|
|
|
|
PASSIF CIRCULANT (HORS TRESORERIE)
|
|
||||||||||||
Stocks (F)
Marchandises
Matières et fournitures
consommables
Produits en cours
Produits intermédiaires et
produits résiduels
Produits finis
Créances de l’actif
circulant (G)
Fournis. débiteurs. avances
et acomptes
Clients et comptes
rattachés
Personnel
Etat
Comptes d’associés
Autres débiteurs
Comptes de régularisation
Actif
Titres et valeurs de
placement (H)
Ecarts de conversion –
actif (I) (éléments circulants)
|
|
|
|
Dettes du passif
circulant (F)
Fournisseurs et comptes
rattachés
Clients créditeurs, avances
et acomptes
Personnel
Organismes sociaux
Etat
Comptes d’associés
Autres créanciers
Comptes de régularisation
Passif
Autres provisions pour
risques et char(G)
Ecarts de conversion –
Passif (éléments circulants) (H)
|
|
||||||||||||
TOTAL II (F+G+H+I)
|
|
|
|
TOTAL II (F+G+H)
|
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||||||||||||
TRESORERIE
|
|
|
|
TRESORERIE
|
|
||||||||||||
Trésorerie Actif
Chèques et valeurs à
encaisser
Banques, trésorerie
générale, chèques postaux
Caisse, régies d’avances et
accréditifs.
|
|
|
|
Trésorerie – Passif
Crédits d’escompte
Crédits de trésorerie
Banques (soldes créditeurs)
|
|
||||||||||||
TOTAL III
|
|
|
|
TOTAL III
|
|
||||||||||||
TOTAL GENERAL I+II+III
|
|
|
|
TOTAL GENERAL I+II+III
|
|
Comptes de produits et charges (CPC)
CPC (Hors taxe)
Modèle normal
|
Montants
|
Exploitation
|
|
- I produits
d’exploitation
- Ventes de marchandises
(en l’état)
Ventes de biens et services produits
chiffre d’affaires
- Variation des stocks de
produits (+/-) (1)
- Immobilisations produites
par l’entreprise pour elle même
Subventions d’exploitation
Autres produits d’exploitation
Reprise d’exploitation, transferts de
charges
|
|
Total I
|
|
- II Charges
d’exploitation
- Achats revendus (2) de
marchandises
- Achats consommés (2) de
matières et fournitures
- Autres charges externes
- Impôts et taxes
- Charges de personnel
- Autres charges
d’exploitation
- Dotations d’exploitation
|
|
Total II
|
|
III RESULTAT
D’EXPLOITATION (I-II)
|
|
FINANCIER
|
|
- IV produits financier
- Produits des titres de
participation et autres titres immobilisés
- Gains de change
- Intérêts et autres
produits financiers
- Reprises financières,
transferts de charges
|
|
Total IV
|
|
- V Charges financières
- Charges d’intérêts
- Perte de change
- Autres charges
financières
- Dotations financières
|
|
Total V
|
|
VI RESULTAT FINANCIER
(IV+V)
|
|
VII RESULTAT COURANT
(III+VI)
|
|
- VIII produits non
courants
- Produits de cessions
d’immobilisations
- Subventions d’équilibre
- Reprises sur subventions
d’investissement
- Autres produits non
courants
- Reprises non
courantes : transferts de charges
|
|
Total VIII
|
|
- IV Charges non courantes
- Valeurs nettes
d’amortissements des immobilisations cédées
- Subventions accordées
- Autres charges non
courantes
- Dotation non courantes
aux amortissements et aux provisions
|
|
Total IX
|
|
X RESULTAT NON COURANT
(VIII+IX)
|
|
XI RESULTAT AVANT IMPOTS
(VII+IX)
|
|
XII IMPOTS SUR LE
RESULTAT
|
|
RESULTAT NET (XI-XII)
|
|
Résumé du chapitre
I :
La comptabilité générale est soumise à :
1- Des principes de
base au nombre de sept :
·
De continuité.
·
De permanence des méthodes.
·
Du coût historique.
·
De spécialisation des exercices.
·
De prudence.
·
De clarté.
·
D’importance significative.
2- A des normes
d’application concernant :
-
La nomenclature des comptes codifiés et hiérarchisés :
·
Les comptes de bilan (Actif et Passif).
·
Les comptes du C.P.C (charges et produits).
-
Les règles d’évaluation des immobilisations :
·
A la date d’entrée des biens = valeur d’origine.
·
A la date d’inventaire = valeur d’inventaire (valeur actuelle).
·
La date d’arrêté des comptes = valeur nette.
|
-
Les tracés des comptes financiers :
·
Le modèle normal du bilan et C.P.C
|
Chapitre 1 : Fondements de la comptabilité générale
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