Chapitre 3 : La politique de produit
1- Définition et classifications
A- La définition du concept :
Tout ce qu’une entreprise commercialise peut
s’entendre sous le vocable de produit. Un produit satisfait des besoins en
contrepartie, en général, d’un prix payé par l’acheteur.
Un produit peut être un bien tangible (un objet) ou un
service. Il peut aussi s’agir d’une combinaison des deux (restaurants,
hôtels…). A ces deux catégories, on peut ajouter :
-
Les expériences : loisirs,
spectacles…
-
Les évènements : jeux
Olympiques, championnats sportifs…
-
Les personnes : un
leader politique, un acteur…
-
Les lieux : l’Alsace, la
ville de Colmar…
-
Les organisations : L’unicef, la mairie de Paris…
B- Les classifications :
Il existe plusieurs classifications des
produits et services vendus par une entreprise. Les courantes opposent les
types d’acheteurs (consommateurs ou entreprises), la durabilité et la
tangibilité du produit, ou encore son usage.
Biens de grande consommation
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Biens industriels
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Produits d’achat
courant : biens de première nécessité (pain, lait), produits d’achat
impulsif (friandises), produits de dépannage (parapluie).
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Biens incorporés dans un
produit fini : produits agricoles, composants, pièces.
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Produits d’achat
réfléchi : gros électroménager, meubles, vêtements.
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Biens d’équipement :
bâtiments, installations fixes, outillage.
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Produits de
spécialité : parfums, bijoux.
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Fournitures et
services : papier, peinture, services d’entretien, conseils.
|
Une
autre classification distingue :
-
les biens périssables qui
sont des biens tangibles consommés en une ou un petit nombre de fois (produits
alimentaires, produits d’entretien) ;
-
les biens durables qui sont
des biens tangibles qui survivent à de nombreuses utilisations (réfrigérateurs,
vêtements, automobiles) ;
-
les services qui sont
intangibles et périssables (réparations, coupe de cheveux).
Aucune de ces classifications n’est parfaite. En
effet, les entreprises peuvent aussi acheter des biens de grande consommation.
De même, beaucoup de biens sont un mélange de produit et de service.
A
NOTER * A l’intérieur de l’entreprise,
les responsables commerciaux classifient les produits qu’ils vendent :
c’est ce que l’on appelle la nomenclature. Le résultat en est le fichier
« produits » de l’entreprise qui sert à l’édition du catalogue
destiné aux clients. Dans la pratique, à chaque produit est assignée une
référence produit, classification propre à chaque entreprise. Les codes-barres
(système GENCOD) sont un effort d’uniformisation destiné à faciliter les
échanges entre producteurs et distributeurs.
2- Le cycle de vie du produit :
A- Définition :
La stratégie de positionnement et de
différenciation d’un produit doit
évoluer à mesure que les conditions de marché de concurrence se modifient. Ces
évolutions peuvent être synthétisées par le concept de cycle de vie.
Quatre hypothèses sous-tendent ce
concept de cycle de vie du produit :
-
un produit a une vie limitée ;
-
ses ventes passent par différents stades d’évolution ;
-
son niveau de rentabilité varie à chaque étape du cycle ;
-
les stratégies de gestion les plus appropriées diffèrent à chaque étape.
La courbe de cycle de vie est divisée
en quatre phases :
-
la phase de lancement est une période
de faible croissance correspondant à l’introduction progressive du produit sur
le marché. Pendant cette phase, on observe un profit négatif du fait des
dépenses importantes effectuées pour lancer le produit ;
-
la croissance est caractérisée par
une pénétration rapide du produit sur le marché et un accroissement substantiel
des bénéfices ;
- la
maturité marque un ralentissement de la croissance du fait que le produit
est déjà bien implanté chez de nombreux acheteurs potentiels. Le bénéfice
atteint son niveau maximal, puis commence à décroître en raison des dépenses
marketing engagées pour soutenir le produit face à la concurrence ;
-
enfin, le déclin se caractérise par une diminution des ventes et des
bénéfices.
A
NOTER * Tous les produits ne suivent pas nécessairement
une telle courbe en S. On peut observer des séquences à double cycle
(redémarrage après une phase de déclin), une stabilisation plus ou moins longue
suivant une phase de déclin ou encore de multiples rebondissements (dus à des
innovations produit par exemple).
Les origines du marketing
Le concept du cycle de vie du
produit est l’un des plus connus et utilisés par les chercheurs et les
praticiens. Il a été développé par le chercheur américain Joël Dean dès 1950.
Son succès est dû à sa compréhension immédiate par analogie au cycle de vie
biologique. Selon lui, la longueur des phases est fonction des changements
technologiques, du taux d’acceptabilité du marché et de sa perméabilité à
l’entrée de nouveaux concurrents. Cependant, cette puissance pédagogique ne le
rend pas exemple de toute critique : en premier lieu, la diversité des
produits, et donc des cycles, existants rend difficile l’établissement d’un
modèle de cycle de vie universel ; en second lieu, l’impossibilité d’utiliser
le concept de cycle de vie à des fins de prévision est un obstacle majeur pour
les praticiens. Conscient des limites du concept, Joël Dean estimait toutefois qu’il était
d’une grande utilité.
B- Les stratégies marketing en fonction des phases du cycle de
vie :
Le concept de cycle de vie permet
d’analyser une classe de produit (les automobiles), un type de produit (les
véhicules utilitaires légers) ou une marque (Renault Kango).
|
En combinant la phase de vie d’un
produit et celle de son marché, plusieurs situations types peuvent être mises
en lumière. Pour un produit en phase de lancement, on distingue :
-
un produit en lancement sur un marché en lancement : le marché est créé par une entreprise qui lance un
nouveau produit (ex. : Actimel qui a créé le marché des alicaments, les
aliments médicaments) ;
-
un produit en lancement sur un marché en croissance : il s’agit d’une stratégie de suiveur par une
entreprise qui a attendu que quelqu’un d’autre prenne le risque de c réer le
marché (exemple : Darty a lancé sa Box longtemps après les leaders du
secteur comme Orange) ;
-
un produit en lancement sur un marché à maturité : c’est la politique
la plus fréquente sur tous les marchés où il faut sans cesse innover pour
continuer à exister (exemple : tout nouveau lancement de voiture sur un
segment existant, la nouvelle Laguna par exemple) ;
-
un produit en lancement sur un marché en déclin : un marché en déclin peut être très rentables
(exemple : le marché des cigarettes ou celui des spiritueux).
Naturellement, toutes les situations
sont imaginables et doivent donner lieu à une politique marketing spécifique.
C- Les limites du concept de cycle de vie :
Ce concept n’est pas exempt de
limites :
-
certains produits sont éternellement en phase de maturité (sel, sucre) ;
-
le cycle de vie de certains produits peut durer quelques mois alors que celui
d’autres produits durera des décennies ;
-
certains produits ne correspondent pas aux quatre phases classiques ;
-
la stratégie la mieux adaptée à chaque étape varie en fonction du produit et de
la marque considérés ;
-
la stratégie à adopter pour chaque phase n’est pas toujours évidente car tout
dépend de ce que fait la concurrence.
A
NOTER * Finalement, à quoi sert le cycle
de vie ? Il représente un moyen d’analyse et de planification pour
l’entreprise. Et certainement pas un indicateur objectif qui réglerait de
manière inéluctable la vie de tous les produits : les produits qui
réussissent sont ceux qui mettent en échec le cycle de vie et qui savent
prolonger les périodes de croissance et de maturité en se transformation et en
s’adaptant aux conditions changeantes du marché.
3- La notion d’offre
produit :
A- Définition :
|
Exemple :
Une bouteille d’eau satisfait le besoin de se
désaltérer, une automobile le besoin de se déplacer.
En réalité, les produits ne font pas que satisfaire
des besoins simples. Ils satisfont aussi des besoins d’appartenance, des
besoins d’estime… Le responsable marketing doit être attentif aux aspects
physiques et fonctionnels du produit mais aussi aux aspects sociologiques, car ce
sont bien souvent ces derniers qui engendrent l’achat.
B- La fixation des caractéristiques d’un produit :
Même si certains marchés se composent
de produits de plus en plus banalisés (sucre, yaourts, essence), l’objectif est
bien ici de se différencier de ses concurrents afin d’être immédiatement
reconnu et préféré par le consommateur.
Pour cela, le responsable marketing
peut agir sur trois grandes variables :
-
les fonctionnalités du produit :
il s’agit de la description technique de ses composants
Exemple :
Une automobile peut être décrite en termes de
cylindrée, nombre de places, taille du coffre, direction assistée ou pas, ABS
ou pas…
-
les performances du produit : il
s’agit des performances objectivement observables par le consommateur lors de l’utilisation
du produit ;
Exemple :
Les performances d’un modèle de voiture peuvent être
décrites en termes de vitesse de pointe, de consommation moyenne, de distance
de freinage…
-
le design du produit : il
correspond à l’aspect visuel extérieur du produit.
On peut ajouter au sein de cette
liste : la conformité (respect des performances annoncées), la durabilité
(durée de vie dans des conditions habituelles), la fiabilité (absence de
pannes), la réparabilité (facilité de réparation).
Dans tous les cas, il ne s’agit
nullement d’être le meilleur partout, il faut seulement que le produit possède
des caractéristiques qui plaisent au consommateur.
C- La qualité du produit et les normes de qualité :
La qualité du produit peut être définie
comme le degré auquel ses performances répondre aux attentes que le client est
en droit d’avoir à son égard.
|
Cette définition est proche de celle de conformité. Il
faut ajouter qu’il n’y a pas une qualité mais des qualités pour un même
produit : toutes ses caractéristiques sont susceptibles d’être évaluées
par le consommateur. Le concept de qualité est donc un agrégat de l’ensemble de
ces évaluations subjectives, valable pour un consommateur en un lieu et un
instant T.
Exemple :
Un consommateur très attentif au SAV ou
au prix ne choisira pas le produit qui possède des caractéristiques
correspondant pourtant exactement à l’usage qu’il veut en faire ; un autre
consommateur se focalisera uniquement sur les dimensions ; enfin un
troisième ne jugera de la qualité du produit que par sa durabilité.
Il ne faut pas confondre qualité du
produit et avantage produit. L’avantage produit est l’ensemble des
caractéristiques distinctives du produit, c’est-à-dire celles que ses
concurrents ne possèdent pas.
Pour être vendu durablement, un produit
doit être de qualité. En revanche, il n’est pas toujours indispensable de
posséder un avantage produit (cf. les imitateurs), même si un avantage
concurrentiel est toujours appréciable (on peut communiquer dessus, en jouer
lors des négociations avec les distributeurs…).
Il ne faut pas seulement affirmer que
son produit est de qualité, il faut le prouver. C’est la fonction des normes
de qualité et des labels de qualité. Les normes les plus connues et les
plus appliquées sont les normes ISO 9000, qui garantissent le respect de la
qualité à tous les niveaux du processus de conception, production et de
distribution d’un produit ou d’un service.
Ces normes s’appuient sur des documents
et des procédures de conception, de travail, de mise au point, de contrôle, de
réponse aux demandes des clients notamment. Elles sont contrôlées par des
organismes extérieurs, habilitées par un organisme international (AFAQ,
Veritas, AFNOR…).
Les labels les plus connus sont l’AOC
(produit typique par son origine), le Label Rouge (produits agricoles de
référence dans une catégorie de produits), le logo AB (agriculture biologique).
4- La politique de packaging :
A- Définition du packaging
Le packaging est l’ensemble des éléments matériels qui
sont vendus avec le produit en vue de permettre ou de faciliter sa protection,
son transport, son stockage, sa présentation en linéaire, son identification et
son utilisation par le consommateur.
On distingue souvent trois niveaux au sein du
packaging :
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Niveaux
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Définition
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Exemple
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Le conditionnement
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C’est
le contenant de chaque unité de produit.
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Bouteille
d’Orangina, tube de dentifrice
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L’emballage
de regroupement
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Il
correspond à tout ce qui protège le conditionnement et est jeté lorsque le
produit est utilisé
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Film
plastique reliant les 6 canettes d’Orangina, carton autour du tube de
dentifrice
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L’emballage de manutention
(ou d’exploitation)
|
Emballage
nécessaire au stockage, à l’identification et au transport
|
Palettes
destinées à la grande distribution
|
Packaging
= conditionnement + emballage
Le
rôle croissant joué par le packaging s’explique principalement par le
développement du libre-service et par l’image que les entreprises essaient de
plus en plus de donner à leurs produits pour éviter leur banalisation.
B- La politique de conditionnement, d’emballage et d’étiquetage :
Lorsque le responsable marketing
construit sa politique de packaging, il doit penser à deux grands
éléments :
-
les fonctions techniques :
protection et conservation du produit (arôme du café pour les paquets sous
vide, gaz carbonique pour les bouteilles de bière), commodité d’utilisation
(forme des bouteilles, bec verseur), transport, stockage, rangement et
élimination (bouteilles d’eau qui s’écrasent lorsqu’elles sont vides),
protection de l’environnement (élimination des CFC pour les aérosols,
emballages recyclables) ;
-
les fonctions de communication :
impact visuel (face aux centaines de marques concurrentes dans les linéaires,
il faut être vu !), reconnaissance (forme de la bouteille de Perrier,
couler de Coca-Cola), identification (illustrations visuelles qui permettent
d’identifier la catégorie de produit et le produit au sein d’une gamme),
expression du positionnement (confitures Bonne Maman), information du
consommateur (dates limites d’utilisation, composition), impulsion à l’achat
(pots de moutardes qui deviennent des ventes).
Les tests de packaging
permettent de mesurer le degré auquel un packaging répond aux différentes
fonctions qui viennent d’être décrites.
En plus du conditionnement et de l’emballage,
le producteur doit penser à l’étiquetage de son produit. L’étiquette est
la partie du conditionnement qui contient l’information décrivant le produit.
Elle sert à informer le consommateur (composition d’un produit périssable,
caractéristiques d’un réfrigérateur) et à promouvoir le produit (graphisme), et
répond souvent à des obligations légales (poids, part des
lipides/glucides/protides, date de péremption, origine, code-barres).
5- La politique de gamme :
|
A- L’assortiment de produits :
On appelle assortiment
l’ensemble des gammes et articles proposés à la vente par une entreprise.
Exemple :
Renault commercialise des véhicules
particuliers, des utilitaires, du matériel agricole, des véhicules et moteurs
de compétition, des services financiers… ; Procter & Gamble vend des
lessives (Ariel…), des produits d’entretien (Mr. Propre…), des couches
(Pampers), des shampoings (Head & Shoulders…), des chips (Pringles), des
parfums (Hugo Boss, Lacoste…).
Un assortiment peut donc être composé d’une ou
plusieurs catégories de produits, c’est-à-dire des produits qui
possèdent une même fonction pour le consommateur. Chaque catégorie de produit
constitue une gamme : on appelle gamme un ensemble de produits de
la même catégorie commercialisés par la même entreprise. Chaque gamme comprend
plusieurs lignes de produits. Enfin, chaque ligne de produit est composée
d’articles (ou de références).
Exemple :
La gamme d’automobiles de Renault
comprend 8 lignes principales (Twingo, Clio, Modus, Mégane, Lagune, VelSatis,
Espace et Utilitaires).
Une gamme de produits peut être
caractérisée par sa largeur, sa profondeur et sa longueur :
-
la largeur d’une gamme se réfère au
nombre de ses lignes de produits ;
-
la profondeur d’une ligne correspond
au nombre de produits qu’elle comporte ;
- enfin
la longueur d’une gamme est le nombre total de tous les produits
différents que l’entreprise met sur le marché : c’est donc la somme des
produits de toutes les lignes.
B- Les produits d’une gamme :
Les différents produits d’une gamme
peuvent être classés en quatre catégories :
-
les produits leaders sont les
produits qui génèrent le gros du chiffre d’affaires, et souvent des marges
importantes (ex : dictionnaires chez Larousse) ;
-
les produits d’appel ont pour rôle
d’attirer le client et de faire vendre, directement ou indirectement, un
produit leader (ex : Clio de base, sans ABS ; une fois le client
attiré dans la concession, le vendeur cherchera à vendre la Clio équipée d’ABS,
plus chère mais plus sécurisante) ;
|
-
les produits tactiques ont pour rôle
de gêner la concurrence ou de répondre rapidement à une action d’un concurrent
afin de conserver les positions de l’entreprise dans la distribution et auprès
des consommateurs.
Ces différents produits sont appelés portefeuille
de produits de l’entreprise. Afin de décider de la politique à adopter pour
chaque produit, il est important de pouvoir les comparer et les classer selon
un certain nombre de critères.
-
la part de chaque produit dans le chiffre d’affaires : la règle 80-20 s’applique souvent (c’est-à-dire que
20% des produits génèrent 80 % du chiffre d’affaires). Mais les moins
générateurs de chiffre d’affaires ne sont pas à abandonner pour autant car ils
peuvent être très rentables (ex : Peugeot 607) ;
-
la structure par âge de la gamme :
une gamme peut être très jeune ou trop vieille, équilibrée ou déséquilibrée. Il
faut donc calculer l’âge moyen des produits, analyser la gamme selon le cycle
de vie des produits et des marchés de chaque produit.
Il importe aussi d’éviter autant que
possible la cannibalisation entre deux ou plusieurs produits de la
gamme. C’est ce qui arrive quand un nouveau produit provoque une baisse du
chiffre d’affaires d’un autre produit de la même entreprise. Cependant, une
telle cannibalisation n’est pas forcément mauvaise si la somme des
contributions (bénéfices) est supérieure à la situation antérieure.
Exemple :
Au sein des utilitaires Citroën, le
vieux C15 cannibalise certainement le Citroën Berlingo mais contribue aussi à
faire baisser les ventes de ses concurrents, notamment Renault Kangoo, et
permet d’assurer un bénéfice supplémentaire.
6- Les stratégies de produit
A – Le lancement de nouveaux produits :
L’une des principales décisions en
termes de produit concerne le lancement de produits nouveaux. Un nouveau
produit est celui qui satisfait un nouveau besoin ou satisfait mieux un besoin
existant.
A
NOTER * Dans un contexte de plus en plus
concurrentiel, c’est u moyen essentiel pour conserver et conquérir des parts de
marché. En effet, les consommateurs et les distributeurs attendent un flot
continu de produits nouveaux et améliorés, les cycles de vie sont de plus en
plus courts, les technologies se renouvellent rapidement, les goûts des
consommateurs évoluent vite ce qui exige un renouvellement régulier des gammes.
Innover et lancer des nouveaux produits est une stratégie obligatoire et en
même temps à hauts risques : la plupart sont des échecs…
Le processus de développement d’un produit nouveau suit les phases suivantes :
-
l’émergence des idées : elles viennent des clients (rare pour les
innovations de rupture), des chercheurs, des concurrents (par imitation et/ou
amélioration), des vendeurs (expérience directe des besoins non satisfaits)… Le
but d’en proposer de nombreuses pour pouvoir ensuite sélectionner les
meilleures ;
-
le filtrage des idées : attention aux erreurs d’abandon (éliminer une
bonne idée) et aux erreurs d’adoption (adopter une mauvaise idée) ;
-
l’élaboration du concept : une idée est une possibilité de produit, un
concept est une description de l’idée sous l’angle des bénéfices clients,
c’est-à-dire des avantages que le consommateur doit en retirer ;
-
le test du concept : il s’agit de soumettre les différents concepts à des
consommateurs faisant partie de la cible ;
-
l’élaboration de la stratégie marketing : on spécifie la taille, la
structure et le comportement de la cible, le positionnement, et les objectifs
de chiffre d’affaires, de part de marché et de bénéfices pour 2 ou 3 ans ;
-
l’analyse économique : il s’agit d’émettre des hypothèses de prévision des
ventes et d’estimer les coûts et les bénéfices ;
-
l’élaboration du produit : le département R & D élabore un prototype
qui peut ensuite être testé (tests techniques et tests clients) ;
-
les marchés-tests : c’est un lancement réel (marché-test fondé sur des
panels) ou simulé (marché-test simulé) sur une zone et une période restreintes,
afin de comprendre comment les consommateurs et la distribution réagissent au
nouveau produit ;
-
le lancement : quand ? (cela dépend des produits actuels, de la
saisonnalité, des concurrents) ; où ? (sur le marché national ou à
l’international) ; auprès de qui ? (ciblage) ; comment ?
(répartition du budget entre les éléments du mix).
Les consommateurs peuvent être classés
selon leur processus d’adoption des nouveautés. On distingue alors : les
innovateurs (2 % de la population), les adopteurs précoces, la majorité
précoce, la majorité tardive et les retardataires.
Le problème de l’entreprise consiste donc à identifier
les caractéristiques de ceux qui ont des chances de devenir des innovateurs et
des adopteurs précoces pour son produit afin de les influencer (campagnes de
communication, événementiel…). De même, le bouche-à-oreille joue souvent un
rôle important et il importe de repérer et de convaincre les leaders d’opinion
(ou prescripteurs).
Les origines du marketing
|
Où m est le nombre total d’individus qui
potentiellement adopteront l’innovation (le marché potentiel), n(t) est le
nombre d’imitateurs en t et N(t) le nombre d’adopteurs précoces en t. suivant
Bass, p est appelé coefficient d’innovation et q est appelé coefficient
d’imitation. Quelques études postérieures proposent de les appeler,
respectivement, « coefficient d’influence externe » et
« coefficient d’influence interne ». Cette proposition dérive de la
distinction de deux influences guidant l’adoption : l’influence externe,
telle que les médias ou la communication marketing et l’influence interne ou
communication interpersonnelle.
A partir du modèle de Bass, la vitesse d’adoption peut
être mesurée par l’action conjointe de ces deux coefficients p et q. Le temps
nécessaire pour atteindre ce maximum est calculé par :
t* = - [In (p/q) / (p + q)]
Beaucoup de variations sur le modèle de diffusion de
Bass ont été développées au cours du temps, nécessitant souvent plus de
précisions ou s’appliquant dans certaines circonstances.
B- Le renouvellement de la gamme :
Le renouvellement de la gamme signifie
l’introduction de produits nouveaux (ou la modification de produits actuels,
type phase 2 – ou re-lifting – de voitures) et l’abandon de certains produits.
Ces derniers sont de deux types :
-
les échecs de produits nouveaux sont très
fréquents et la décision d’abandon s’impose souvent d’elle-même. Lorsque cette
dernière n’est pas évidente, il faut choisir entre trois options : tout
abandonner très vite (arrêter les frais), modifier une composante majeure du
mix (le prix par exemple) ou repenser tout le positionnement (ex :
Twingo) ;
-
l’élimination des vieux produits s’impose
parfois car ils peuvent ne plus être rentables. Une telle décision est toujours
difficile à prendre, notamment en raison de l’attachement au produit de la part
de consommateurs fidèles et des risques de déréférencement d’autres produits de
la gamme chez les distributeurs.
C- L’extension de gamme :
L’extension de la gamme signifie
introduire de nouvelles variantes dans la même catégorie de produits. On peut étendre
la gamme vers le bas, vers le haut, dans les deux sens ou de manière
horizontale :
-
l’extension vers le bas :
l’entreprise possède des produits haut ou moyen de gamme et souhaite lancer un
produit bon marché afin d’attirer une clientèle plus large. Le risque principal
de ce type de stratégie est la dilution de l’image de marque ;
Exemple :
|
-
l’extension vers le haut : une
entreprise qui vend du bas de gamme peut vouloir rehausser sa ligne de produits
pour accroître ses marges, améliorer son image, toucher une nouvelle clientèle
et fidéliser ses propres clients qui souhaiteraient monter en gamme. Le risque
principal est lié à l’image actuelle de l’entreprise, jugée bas de gamme (au
sens péjoratif) par les consommateurs ;
Exemple :
Monoprix, à côté de sa MDD classique, a
lancé avec succès les produits Monoprix Gourmet.
-
l’extension dans les deux sens :
une société présente en milieu de gamme peut vouloir se positionner sur la
totalité du marché ;
Exemple :
Le groupe Accor possède Formule 1,
lbis, Novotel et Sofitel.
-
l’extension horizontale :
l’entreprise ajoute, au même niveau de gamme, de nouveau articles entre les
produits actuels.
Exemple :
Danette lance des produits
au chocolat sur lit de poire à côté du caramel, vanille, pistache…, et des liégeois,
des mousses…, à côté des crèmes desserts originelles.
Chapitre 3 : La politique de produit
Reviewed by IstaOfppt
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