Economie générale et satistique: TD
Faut-il avoir peur de l’inflation ?
Avant l'été, l'analyse le plus répandue était la
suivante : l’économie marocaine est entrain de repartir. Avec une
croissance de 5%, il faut être content. Aujourd’hui, la perspective a changé.
Pourquoi ? Parce qu’on annonce une légère hausse des prix de 2,5% en
rythme annuel. Il fut un temps où les récriminations contre l’inflation étaient
un rituel. On était dans des fourchettes 5- 7% en moyenne annuelle. Il n’y
avait guère des gens qui aient vu, à un moment de leur vie, une tendance aussi
prolongée à la baisse des prix. C’est-à-dire que la hausse continue faisait
partie de notre quotidien et que nous avions trouvé des moyens de nous en
accommoder.
Tout d’abord, s’agissant des salariés, la majorité
vouait ses revenus suivre les prix. Certes, le patronat et, surtout,
l’Etat-patron, se faisaient tirer les oreilles et n’obtempéraient qu’avec
retard et seulement sous la pression des organisations syndicales.
Quand la hausse des prix affectait momentanément leur
niveau de vie réel, salariés comme non-salariés savaient que leur appartement
ou leur maison ou coin de terre prendraient de la valeur et se disaient donc
qu’ « à quelque chose malheur est bon ». En tant que petits
possédants, ils n’étaient donc pas hostiles à une inflation, qui, en outre,
leur permettait de se targuer d’avoir eu du flair en faisant leur acquisition à
temps, avant que les prix ne fassent un nouveau bond.
Mais les possédants avaient surtout lieu de se
féliciter d’avoir emprunté pour leurs opérations immobilières ou leurs achats.
Outre qu’elle avantage les débiteurs, l’inflation allège le service de la
dette. De telles règles bien connues par l’Etat, s’appliquent à une partie de
plus en plus importante de la classe moyenne, dont une des caractéristiques est
précisément de se montrer soucieuse du bon emploi de son argent.
Les années 70 ont été celles de l’inflation.
Confrontées à une augmentation de leurs coûts, les entreprises ont augmenté
leurs prix, tandis que leurs salariés, qui refusaient de voir leur pouvoir
d’achat amputé, ont réclamé des hausses de salaires. Les marges des entreprises
ont alors diminué, ce qui a provoqué une chute de l’investissement et de la
croissance. On a alors parlé de « stagflation : stagnation +
inflation » pour décrire ce phénomène. Dans ce cas, l’inflation avait
perdu tout attrait puisqu’elle n’était plus un moyen de soutenir la croissance.
Au niveau commercial, elle réduisait la compétitivité et au niveau financier,
elle conduisait les prêteurs à imposer des taux d’intérêt plus élevés aux
emprunteurs. Dans une économie toujours plus intégrée à l’économie mondiale,
elle devenait même l’ennemi numéro un.
A l’instar des épidémies, de l’analphabétisme,
l’inflation fut considérée comme une malédiction contre laquelle il s’agissait
de mobiliser toutes les énergies et d’utiliser les meilleurs DDT. Pour toutes
ces raisons, la lutte contre l’inflation est donc de venue un des objectifs
majeurs de la politique économique depuis les années 80.
Au Maroc, comme dans la plupart des pays, l’inflation
est revenue à un taux historiquement bas. Aujourd’hui, la forte montée des prix
des produits énergétiques a contribué à nourrir l’inflation… Quand la
croissance devient un peu plus forte parce que les entreprises tournent mieux
et sont donc tentées d’augmenter leurs prix, l’inflation repart. Est- ce une
raison pour la souhaiter ? Non, car ce serait rechercher l’effet pour
avoir la cause. Cependant si quelques prix commencent à relever la tête, il n’y
a pas de quoi paniquer pour autant, car les structures de l’économie brident
l’inflation. Concurrence exacerbée, revendications salariales calmées par le
chômage, pouvoir des distributeurs : de nombreux facteurs pèsent dans le
sens de la modération des prix. Aussi, puisque l’urgence est aujourd’hui de
soutenir la reprise, il faut éviter de mener une politique économique
exagérément restrictive. Et de faire comme si l’inflation était l’ennemi
principal. Le véritable adversaire aujourd’hui est plutôt le chômage. Là réside
aujourd’hui le risque économique et social.
Source : La
Vie Economique du 06-10-2006
Travail à faire :
1- Relevez dans le
texte des termes matérialisant l’évolution des prix et expliquez- les.
2- Relevez dans le
texte, et sur la base des connaissances acquises, une certaine périodisation de
l’inflation au Maroc.
3- Dégagez
certaines causes de l’inflation.
4- Dégagez les
effets de l’inflation et classez- les en effets positifs et négatifs.
Réponses: 1- *l'inflation est une hausse continue et généralisée des prix , différente des fluctuations conjoncturelles. *une légère hausse des prix: hausse modérée des prix; *la hausse des prix: augmentation des prix sans qualificatif ; elle peut être faible ou forte , généralisée ou limitée à certains prix;*stagflation : inflation plus la stagnation de l'économie. *la forte montée des prix: forte augmentation des prix, mais sans qualificatif. 2- Les années 70 ont été celles de l'inflation, c'est le cas mêle pour les années 80. Depuis les années 90 , il y avait une hausse modérée des prix .Actuellement , l'inflation tourne autour de 3- 3,6% . 3- Le texte fait état de l'inflation par les coûts . 4- Les effets positifs: -hausse de la valeur des propriétés immobilières et foncières pour les possédants; - allègement des services des dettes et emprunts pour les débiteurs; - diminution de la compétitivité -prix pour les entreprises; - hausse possible des taux des prêts. Les effets négatifs: -baisse du pouvoir d'achat ; -elle diminue les annuités reçues par les créanciers. 5- Si l'inflation était vue comme un mal à combattre à tout prix , au moyen de politiques restrictives , il ne faut pas en avoir peur pour autant. Elle était un signe de croissance. Ne pas soutenir l'inflation et ne pas la combattre pour autant en utilisant des moyens qui bloquent la croissance .Il y a déjà des facteurs qui brident l'inflation :chômage calmant les revendications , concurrence forte entre les entreprises qui fait infléchir les prix, ouverture de l'économie aux produits étrangers à bas prix ...Il faut plutôt soutenir la reprise que de lutter contre l'inflation. Le véritable problème reste aujourd'hui le chômage. |
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