L'entreprise et son environnement TP,

Crise du travail, choc pétrolier, mutations profondes du marché : l’industrie automobile était condamnée à s’adapter. Et elle le fit simultanément dans trois directions : mise à jour de ses techniques d’organisation et de contrôle du travail ; rénovation ses bases et de ses procédés technologiques ; modification de ses critères de gestion par l’intégration des impératifs commerciaux jusque et y compris au sein des lignes de production.

         S’il n’est plus fondé sur les mêmes techniques, l’ordre règne à nouveau, pour l’essentiel, dans le travail de la grande série.

         L’informatique y est pour quelque chose. Ce que la surveillance physique rapprochée ne peut obtenir, l’ordinateur sera souvent en état de le réaliser à distance et en « temps réel ».

         Aussi et surtout, l’informatique commerce à pénétrer en masse les moyens de travail eux-mêmes : la robotique est née. Au début des années 80, c’est dans l’automobile –secteur pilote – que l’on trouve entre 40% et 60% du parc des robots installés dans l’ensemble du mobile. Les familles nouvelles de machines, automates programmables, robots, machines-outils à commande numérique, centres d’usinage, apportent progressivement deux dimensions essentielles : gains de productivité et flexibilité. Gains de productivité, grâce à une meilleure optimisation des temps d’opération et de circulation.

         Flexibilité : désormais une même ligne de robots peut fabriquer, assembler ou souder une famille de produits, sans qu’il soit nécessaire de procéder à une quelconque réorganisation ou reprogrammation. Ainsi, dans la plupart des sites de production, c’est sur une même ligne que sont désormais soudés quatre ou cinq modèles différents.

         Enfin, troisième grande révolution : la pénétration directe des impératifs commerciaux dans la production. L’origine de cette révolution est japonaise. C’est le système dit du kanban, qui se répand à travers le monde sous différentes variantes et appellations : techniques de production dites juste in time (« juste-à-temps ») dans le monde anglo-saxon, ou MAPA (méthode d’appel par l’aval) dans le cas de la France. Il s’agit, en fait, d’un renversement des techniques de programmation du travail, telles qu’elles résultent de Ford et du fordisme. Au lieu de progresser de l’amont vers l’aval,

puis de stocker ou de vendre, on procède à l’envers. On ne met en production que ce qui a été vendu, et c’est le secteur le plus en aval qui passe commande des pièces dont il a besoin aux sections de production et aux postes en amont ; et ainsi de suite en remontant. Résultat : plus de production destinée à être stockée et, surtout, plus de stocks intermédiaires eux-mêmes. La rationalisation du travail fait un bond en avant : après la flânerie des hommes, combattue par le taylorisme, la flânerie des matériaux et des produits intermédiaires est la cible du kanban japonais.

Le contrôle social se renforce, car les pièces fabriquées étant toutes immédiatement nécessaires, aucun produit ne peut être cheminé s’il ne présente toutes les qualités requises.

         Ainsi s’éloigne-t-on nettement de la grande fabrique taylorisée, rigide, à forte concentration ouvrière et où s’effectue un travail relativement homogène. L’usine post-taylorienne, longtemps annoncée comme celle de la libération des hommes, se présente pour l’heure davantage comme une machinerie complexe, compacte et serrée, multipliant à son entour les services « variables » dont elle a besoin. Elle pose un immense défi aux salariés et au mouvement syndical. Il faudra bien que ce dernier se transforme, lui aussi, pour affronter ces mutations.

Source : Benjamin Coriat

(professeur

à l’Université de Lille -I

Le Monde diplomatique –

août 1986

Travail à faire :

1-  Quelles sont les faits qui étaient à l’origine de l’adaptation de l’industrie automobile ?

2-  Quel est l’apport de la robotique et de l’informatique dans l’industrie automobile ?

3-  quel est l’avantage de la gestion par la méthode MAPA ?

4-  L’usine post-tylorienne a-t-elle libéré l’homme ? Discutez.

5-  a- La machine est-elle responsable du chômage ? Discutez.

2/2 Filière U.F. ELABORE PAR EFP ANNEE DE FORMATION 1TCE L’entreprise et son environnement AL TALLA ILIAS ISTA OUEZZANE 2015-2016

b- Comment peut-on concilier le progrès technique et l’emploi des salariés ?