Chapitre : La rentabilité des investissements
Un
projet d’investissement est l’engagement immédiat de capitaux sous diverses
formes, en espérant que leur utilisation réalisera des bénéfices.
Investir, c’est aussi, apprécier la
rentabilité d’un projet, c’est comparer ce qu’il rapporte à ce qu’il coût.
La décision d’investissement est
souvent précédée d’un diagnostic économique et financier et implique, par
conséquent, une vision de l’avenir.
Toute décision comporte aussi des éléments
de risques car les prévisions des recettes dans le futur reposent toujours sur
des hypothèses et peuvent être parois très différentes de la réalité.
1- Position du problème :
Lorsqu’une entreprise réalise un
investissement, elle veille, évidemment, à ce qu’il soit rentable. La somme des
surplus monétaires dégagés par l’investissement doit permettre de :
→
Récupérer la mise de fonds initiale ;
→
Rémunérer le capital investi.
Analyser financièrement un
investissement c’est comparer les utilisations des ressources et des revenus
futurs étalés sur toute la durée de vie de l’investissement. On procède, alors,
à l’élaboration de prévision des recettes attendues de l’investissement. On
supposera, ensuite, que les recettes et les dépenses sont connues de manière
certaine et perçues en fin d’année.
2- Calcul des flux nets de trésorerie (FNT) :
On mesure la rentabilité
d’un investissement par la différence entre le coût de cet investissement et la
somme de flux nets de trésorerie dégagés à la fin des n périodes de prévisions
appelés FNT. La période d’actualisation étant le moment de réalisation de
l’investissement.
les flux nets de trésorerie correspondent à la
différence entre ce que rapporte l’investissement (chiffre d’affaires
prévisionnel) et ce qu’il coûte (charges supplémentaires liées à
l’investissement), en tenant compte, de l’incidence de la fiscalité et du mode de
financement de l’investissement. Les flux nets de trésorerie peuvent être
calculés à l’aide d’un tableau correspondant à la durée de vie de
l’investissement.
Flux nets de trésorerie d’une période :
|
Remarque :
1)
Le monde de l’amortissement de l’investissement peut être linéaire ou
dégressif.
2)
Les flux nets de trésorerie sont appelés, également, cash flow ou
capacité d’autofinancement.
FNT = Résultat net + Dotations
3)
On tient compte dans le calcul des (FNT) de l’amortissement comptable,
qui est différent de l’amortissement financier (remboursement d’un emprunt).
4)
Dans les exemples qui vont suivre, on tiendra compte d’un taux de
l’impôt sur les bénéfices des sociétés (is) de 36 % pour toute la
durée de l’investissement.
5)
Lorsque l’investissement à une valeur résiduelle (valeur de revente à
la fin de l’amortissement), il convient de tenir compte du traitement fiscal
car la valeur résiduelle constitue une plus-value fiscale et est donc imposable
à 36 %.
Nous supposons dans les deux exemples qui vont suivre que le financement
des investissements est fait à partir de fonds propres.
Exemple :
Une société dans le secteur
agro-alimentaire veut investir pour améliorer ses stations de conditionnement.
Elle hésite entre deux investissements :
Investissement
1 :
- I0 = 750 000 dh.
- Amortissement linéaire sur 4 ans.
- Valeur résiduelle ou bout de 4
ans : 480 000 dh.
- Dépenses d’exploitation de la
première année : 150 000 dh.
- Recettes d’exploitation de la
première année : 360 000 dh.
Les dépenses augmentent ensuite de 20
000 dh par an et les recettes augmentent de 10 % par an.
Investissement
2 :
- I0 = 300 000 dh.
- Amortissement linéaire sur 4 ans.
- Valeur résiduelle nulle ou bout de 4
ans
- Dépenses d’exploitation constantes :
70 000 dh par an ;
- Recettes d’exploitation de la
première année : 180 000 dh et augmentent ensuite de 10 % par an.
Nous tenons compte d’un taux de l’impôt
sur les sociétés de 36 % sur toute la période étudiée.
Calculons les flux nets de trésorerie
Investissement
1 :
Années
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Recettes encaissées (1)
- Dépenses
- Dotations aux
amortissements (2)
|
360 000
150 000
187 500
|
396 000
170 000
187 500
|
435 600
190 000
187 500
|
479 160
210 000
187 500
|
= Résultat avant IS – Impôt
(36 %)
|
2 500
8 100
|
38 500
13 860
|
58 100
20 916
|
81 660
29 398
|
= Résultat après IS + dotations
= Flux nets de trésorerie
(FNT)
|
14 400
187 500
201 900
|
24 640
187 500
212 140
|
37 184
187 500
224 684
|
52 262
187 500
239 762 (3)
|
(1)
En progression géométrique de 10
% par an.
(2)
750 000/4 = 187 500 dh par an.
(3)
Investissement
2 :
Le calcul des flux nets de trésorerie permet d’évaluer
la rentabilité des investissements. Pour cette évaluation, on se placera à
l’époque 0 de l’investissement et on introduira un taux annuel d’actualisation
i.
3- Les principaux critères de sélection :
3-1- La valeur actuelle nette (VAN :)
La valeur actuelle nette, ou VAN, d’un
investissement est égale à la différence entre les flux nets de trésorerie et
le coût de l’investissement, actualisés à la date 0.
Avec : FNTk = le flux
net de trésorerie de la période k
I0 = l’investissement à la
date 0.
Un projet est rentabilité si la VAN est
positive ; une valeur actuelle nette égale à 0 signifie, en effet, que le
projet permet de rémunérer et de rembourser le capital investi mais qu’il ne
laisse pas de surplus pour l’entreprise.
Remarque :
1)
Un investissement est rentable au taux i si la VAN est positive à ce
taux.
2)
La VAN est une fonction croissante du taux d’actualisation retenu. Elle
dépend directement du choix de ce taux.
3)
Le taux d’actualisation utilisé
est généralement le taux habituel de la rentabilité des capitaux investis par
l’entreprise. Il dépend principalement de l’activité de l’entreprise, du taux
de rentabilité connu d’un autre projet, du taux de rendement d’un autre projet,
de l’inflation etc.
Exemple :
Reprenons l’exemple précédent et
calculons les valeurs actuelles nettes des deux projets au taux annuel de 14 %.
Investissement
1 :
n
VAN1 = - 750 000 + ∑
FNTk (1,14)-k +
307 200 (1,14)-4
K=1
Investissement Flux nets de trésorerie Valeur résiduelle nette
Initial actualisés à l’époque 0 d’impôt actualisée à
l’époque 0.
VAN1 = - 750 000 + 633
953,75 + 181 887,06
VAN1 ≈ 65 840,81 dh.
Investissement
2 :
VAN2 = - 300 000 + 331
565,35
VAN2 ≈ 31 565,35 dh.
Les deux investissements sont donc
rentables au taux d’actualisation de 14 %. Ici les deux investissements ne
sont pas de montants égaux. On ne peut pas choisir celui qui dégage la plus
grande VAN. Dans notre exemple, il faut choisir celui qui donne l’indice de
profitabilité le plus grand :
∑ FNT actualisés
Indice de =
Profitabilité Coût de l’investissement
ß
815 840,81
(IP)1 =
≈ 1,088 (1 dh investi rapporte
1, 088 dh)
750 000
815 840,81
(IP)2 =
≈ 1,105 (1 dh investi rapporte
1, 105 dh)
750 000
On choisit donc le deuxième
investissement.
Remarque :
L’indice de profitabilité (IP) est
calculé à chaque fois que les investissements ont des coûts initiaux
différents. On choisit, alors, le projet d’investissement correspondant, au
taux de profitabilité le plus élevé.
3-2- Le taux interne de rentabilité (TIR) :
La valeur actuelle nette d’un projet
diminue au fur et mesure que le taux d’actualisation s’élève. On appelle taux
interne de rentabilité (tir) d’un
projet : le taux qui permet d’égaliser la somme des valeurs actuelles des
flux nets de trésorerie, y compris la valeur résiduelle actualisée à l’époque
0, au coût de l’investissement.
Soit
r le TIR, alors, VAN = 0 ;
n
r
est tel que ∑ FNTk (1 + r)-k
k=1
exemple :
Reprenons les projets d’investissements
1 et 2 cités précédemment ;
Pour
l’investissement 1 :
On cherche r tel que :
750 000 = 201 900 (1
+ r)-1 + 212 140 (1 + r)-2 + 224 684 (1 +r)-3
+ 239 762 (1 + r)-4 + 307 200
(1 + r)-4
On procède par interpolation linéaire.
→
On sait que un taux de 14 %, ∑ FNT (1 + 0,14)-k = 65 840,06 dh.
→
On sait encore que plus le taux augmente, quand la VAN diminue.
Par tâtonnement on
trouve :
TIR
– 17 0 – 9 707,06
= D’où TIR ≈ 17,56 %
18 – 17 - 7 676,12 – 9 707,06
Pour
l’investissement 2 :
On procède par interpolation linéaire
On a déjà trouvé la VAN = 31 565,35 dh à 14
%. Le tire est donc supérieur à
14 %.
TIR
– 18 0 – 4 677,05
=
D’où TIR =18,75 %
17 – 18 - 1 496,1 – 4 677,05
On choisit là, également,
l’investissement 2.
Remarque :
1)
Un projet peut être retenu si son TIR est au moins égal à un taux fixé
par l’entreprise (au minimum le coût di capital investi) si l’en doit choisir entre plusieurs
projets, on retiendra celui dont le TIR est le plus élevé.
2)
Le tir est le taux
maximum auquel on peut accepter d’emprunter pour financer l’investissement.
3-4- Le délai de récupération (DR) :
Le délai de récupération est le temps
nécessaire pour que le montant cumulé des flux nets de trésorerie actualisés
soit égal au capital investi. Il se calcule par interpolation linéaire.
exemple :
Reprenons les exemples 1 et 2 et
calculons les délais de récupération au taux de 14 %.
(1) Il s’agit de la valeur résiduelle actualisée.
Investissement 1 :
DR1 = 3 + = 3,796690 ans
815 840,81 – 491 995,4
Soit 3 ans 9 mois et 17 jours
Investissement
2 :
300 000 – 251 320,12
DR2 = 3 + = 3,606638 ans
331 565,35 – 250 320,12
Soit 3 ans 7 mois et 8 jours
Il faut choisir l’investissement 2
Remarque :
1)
On choisira le projet caractérisé par le délai de récupération le plus
court.
2)
Ce critère n’indique pas la rentabilité du projet.
4- Comparaison des critères :
Si on considère les projets isolement,
les méthodes de la VAN et »’a TIR aboutissement à la même
conclusion : les projets dont le taux interne de rentabilité est supérieur
au taux d’actualisation choisi par l’entreprise ont une valeur actuelle nette
positive doivent être retenus.
Si on considère des investissements
concurrents, l’application des trois méthodes VAN, TIR, DR peut conduire à des
conclusions différentes. On adopte généralement le TIR même s’il est parfois
irréaliste (quand il est très élevé) car la VAN et le DR dépendent du choix du
taux d’actualisation.
En effet, la VAN permet uniquement de
dire si un projet peut être sélectionné ou non, en fonction du choix arbitraire
d’un taux d’actualisation.
Remarque :
Dans les exemples de ce chapitre, le
calcul des flux nets de trésorerie a pris en compte le financement des
investissements sur des fonds propres de l’entreprise. N’oublions pas qu’il
existe d’autres possibilités de financement :
-
par emprunt bancaire.
-
par crédit-bail.
- par
un financement mixte (emprunt et fonds propres).
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Chapitre : La rentabilité des investissements
Reviewed by IstaOfppt
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