Tableau de financement

Le tableau de financement peut être défini comme un tableau qui « met en évidence l’évolution de la structure financière de l’entreprise au cours de l’exercice en décrivant les ressources dont elle a disposé et les emplois qu’elle en a effectué [1]».
D’un coté, l’objectif poursuivi par un tableau de financement est de montrer comment les nouvelles ressources financières dégagées par une entreprise au cours d’un exercice ont permis de financer ses nouveaux emplois.
Et de l’autre côté, il présente pour les analystes financiers un certain nombre d’intérêts à savoir :
·         Il renseigne sur les politiques d’investissement, de désinvestissement, de remboursement, d’autofinancement et de financement externe (emprunt ou augmentation du capital social) de l’entreprise.

·         Il constitue un précieux instrument d’élaboration du plan d’investissement, et de financement qui caractérise à moyen et long terme de l’entreprise.


·         Dans le cadre toujours de la gestion prévisionnelle, le tableau de financement est un outil efficace de contrôle de l’exécution du plan d’investissement et de financement. Ce contrôle consiste à comparer les réalisations aux prévisions et à analyser les écarts éventuels qui apparaissent afin de redéfinir les conditions de l’équilibre financier prévisionnel et mettre à jour le plan d’investissement et de financement.

Dans cette première partie, on va présenter les éléments constitutifs de ce tableau ainsi ses apports et ses limites.

Le tableau de financement du Plan Comptable Marocain de 1992, comporte de deux parties, La première représente une synthèse des masses du bilan indispensable à l’analyse de la structure financière de l’entreprise. La deuxième intitulée « Emplois et Ressources » s’intéressent à l’analyse spécifique de la variation du FR.

Le tableau de la « synthèse des masses du bilan » est un tableau succinct établi pour deux exercices (N et N-1) et dont les donnés sont tirées directement des rubriques du bilan et qui permet de calculer, sans les analyser, pour chacun des deux exercices.
ü  Le fonds de roulement fonctionnel (FRF) et ce, par différence entre les masses de financement permanent et d’actif immobilisé. La variation du FRF étant obtenue par différence entre les données des exercices N et N-1 et peut être expliquée par l’analyse des flux de ressources et d’emplois dont fait état la deuxième partie du tableau de financement.

ü  Le besoin de financement global et ce par différence entre  les masse de l’actif et du passif circulant (hors trésorerie). La variation du BFG étant obtenu par différence entre les données des exercices N et N-1  et ne peut être expliqué que par l’analyse, en dehors du tableau de financement, des variations des postes des bilans d’ouverture et de clôture.

ü  La trésorerie nette et ce par différence entre la TA et la TP ou encore par la différence entre FRF et le BFG.

Le tableau de synthèse des masses du bilan se base sur la relation fondamentale d’équilibre financier formulée de la façon suivante[2] :

Δ FRF = Δ BFR + Δ TN
Cette relation signifie que la situation du cycle de trésorerie dans l’entreprise est conséquence des situations des cycles d’investissement et des opérations courantes ; en d’autres termes, la variation de la trésorerie dépend des variations du FRF et du BFR.

Outre, pour élaborer le tableau de synthèse des masses du bilan, il est intéressant de préciser que :
-       Les augmentations d’éléments de l’actif, du BFR et de la TN ainsi que les réductions d’éléments du passif et du FRF correspondent à des emplois à financer ;
-       Les augmentations d’éléments du passif, du FRF ainsi que les réductions d’éléments de l’actif, du BFR et de la TN constituent des ressources de financement.

















Masses
Exercice  a
Exercice b
Variation (a-b)
Emplois
Ressources
1 Financement permanent
(-) Actif immobilisé
2
3=Fond de roulement fonctionnel (1-2) (A)
4 Actif circulant
(-)Passif circulant
5
6 Besoin de financement global (4-5) (B
7 Trésorerie nette (actif – Passif) = (A-B)

Toutefois, il est utile de procéder à certain reclassement qui élimine l’impact des mouvements qui ne constituent pas des flux. Il s’agit :
·      Les écarts de conversion actifs ou passifs qui représentent une différence de change potentielle, autrement dit des plus ou moins values réalisées portant sur des opérations non dénouées (non totalement réglées), sont neutralisé.
·      Etant une opération patrimoniale qui n’entraîne aucun flux, la réévaluation d’actifs doit être neutralisée.
·   Le reclassement des primes de remboursement des obligations consiste à diminuer le montant des emprunts obligataires au passif de la valeur nette des primes de remboursement inscrites à l’actif dans les immobilisations en non- valeurs.
·   Les virements de compte à compte  n’entraînent pas de flux et par conséquent ne doivent pas être pris en considération. Le montant net des immobilisations financières est déterminé en le diminuant des écarts de réévaluation et de l’écart de conversion passif correspondant est augmenté de l’écart de conversion actif.[3]
Ÿ Dans le financement permanent, l’emprunt obligataire est pris net de la prime de remboursement et les écarts de réévaluations doivent être exclus des capitaux propres, afin de sauvegarder le principe de prudence.
Ÿ La prise en compte de crédit-bail n’est pas prévue par le PC Marocain

C’est la deuxième partie du tableau de financement, est établi également pour deux exercices et présente, en liste, les ressources et les emplois stables de l’exercice ; sur lesquels vient s’imputer la variation du besoin de financement global (BFG), calculée au niveau de la première partie, pour aboutir à la variation de la trésorerie nette.
Ce tableau vise à interpréter les variations trouvées dans le tableau de synthèse des masses du bilan. Du fait que les deux premières masses ont analysées en terme de flux de l’exercice ; les deux dernières apparaissent pour leurs variations nettes globales.
Pour construire ce tableau, il convient de préciser que:
·         La base est l’analyse fonctionnelle du bilan, en ce sens qu’il faut apporter à ce tableau les mêmes corrections que celles pour le bilan fonctionnel ;
·         Les virements de compte à compte ne doivent pas être retenus ;
·         Les flux ne doivent pas être compensés, les augmentations et les réductions doivent être analysées séparément.
TABLEAU DES EMPLOIS ET RESSOURCES
Exercice
Exercice précédent
Emplois
Ressources
    E
 RESSOURCES STABLES (FLUX) DE L’EXERCICE
AUTOFINANCEMENT (A)
X
X
Capacité d’autofinancement
(-)Distribution des bénéfices
CESSION & REDUCTION D’IMMOBILISATIONS (B)
X
X
·         Cessions d’immobilisations incorporelles
·         Cessions d’immobilisations corporelles
·         Cessions d’immobilisations Financières
·         Récupération sur créances immobilisées
AUGMENTATION DES CAP PROPRES & ASSIMILES (C)
X
X
·         Augmentation de capital, apports.
·         Subvention d’investissement
AUGMENTATION DES DETTES DE FINANCEMENT
X
X
TOTAL DES RESSOURCES STABLES
X
X
EMPLOIS STABLES DE L’EXERCICE
ACQUISITION & AUGMENTATION DES IMMOBILISATIONS
X
X
·         Acquisitions d’immobilisations incorporelles
·         Acquisitions d’immobilisations corporelles
·         Acquisitions d’immobilisations financières
·         Augmentation des créances immobilisées
REMBOURSEMENT DES CAPITAUX PROPRES
X
X
REMBOURSEMENT DES DETTES DE FINANCEMENT
X
X
EMPLOIS EN NON VALEUR
X
X
TOTAL EMPLOIS STABLES
X
X
VARIATION DE BESOIN DE FINANCEMENT GLOBAL
X
OU X
X
OU X
VARIATION DE LA TRESORERIE
X
OU X
X
OU X
TOTAL GENERAL
X
X
X
X

Toutefois, certaines rubriques du tableau des emplois et des ressources nécessitent des explications :
• Détermination de la CAF : elle peut être calculée par deux méthodes différentes : soit à partir du résultat net, soit à partir de l’excédent brut d’exploitation (méthode soustractive ou additive).
Ainsi, le PCG Marocain n’inclut pas dans le calcul de la capacité d’autofinancement les dotations de l’exercice relatives à l’actif et au passif circulant ; il considère que les provisions sont justifiées donc elles ne révèlent pas le caractère de réserve.
• Cessions ou réductions d’immobilisations : les cessions d’immobilisations sont enregistrées pour leurs prix de vente (« produits de cessions des immobilisations cédées » dans le CPC). Il ne faut pas donc inscrire au tableau des emplois et des ressources la valeur d’origine des immobilisations cédées. S’agissant des réductions d’immobilisations, elles concernent les prêts immobilisés ou les dépôts et cautionnement remboursés pendant l’exercice et l’information existe au niveau du tableau des immobilisations ;
• Augmentation des capitaux propres : seules les augmentations en numéraire par la souscription des actions ou parts sociales, ou la conversion des dettes en actions comme la conversion des obligations en actions, ainsi une augmentation par incorporation des réserves ne doivent pas être comprise ici car elle ne reflète pas un flux externe c’est un déplacement entre poste. Aussi que les augmentations en apports, qui reflète une neutralisation de flux au haut du bilan (une entrée des actifs accompagnée par une augmentation du passif).
• Subventions d’investissement : On doit retenir les augmentations des capitaux propres assimilés (nouvelle subvention d’investissement obtenue ou à obtenir par l’entreprise au cours de l’exercice) ;
• Augmentation des dettes de financement : Il s’agit des emprunts nouveaux contractés par l’entreprise au cours de l’exercice (compte tenu du retraitement des opérations de crédit-bail et déduction faite des primes de remboursement des obligations émises au cours de l’exercice). La faute qu’il faut éviter à ce niveau est de prendre cette évolution de la différence à partir du bilanfonctionnel.
• Distribution des dividendes : il s’agit des dividendes versés au cours de l’exercice provenant du résultat de l’exercice précédent.
 Acquisitions et augmentations d’immobilisations : Il s’agit essentiellement des nouvelles acquisitions (y compris celles par crédit-bail), des productions immobilisées, des dépôts et cautionnement et des prêts immobilisés accordés au cours de l’exercice. Il ne faut pas prendre en compte les augmentations provenant de virements de poste (transferts d’immobilisation en cours vers un poste d’immobilisations).
• Remboursement des capitaux propres : Il s’agit des prélèvements effectués par les actionnaires sur les fonds propres de l’entreprise (cas assez rare dans la réalité) ;
• Remboursement des dettes de financement : il correspond à la quittance des dettes contractées à long terme, son montant figure parmi les diminutions dans le tableau des dettes de financements.
Il faut noter que le règlement des concours bancaires n’est pas inclut par le PCG marocain puisqu‘elles ne sont pas considérées comme ressources durables ; comme les considère le PCG Français.
•Emplois en non valeurs : sont des investissements réalisés dans l’exercice par des éléments placés parmi les non valeurs, comme les compagnes publicitaires ou une charge latente tel que la prime de remboursement.

Malgré que ce tableau présente un document d’analyse essentiel pour l’entreprise et le gestionnaire, le tableau de financement du PCM contient des insuffisances qu’il faut relever.


Le tableau de financement permet de rapprocher les besoins financiers de l’entreprise (immobilisations et BFR) aux ressources collectées pour les couvrir (autofinancement, capital, endettement). L’ajustement se fait par la trésorerie.

Un tableau de financement établi sur plusieurs années permet de caractériser :
Ÿ  La stratégie de croissance (ou de décroissance) interne (acquisitions d’immobilisations corporelles et incorporelles) ou externe (acquisition d’immobilisations financière) de l’entreprise ;
Ÿ  La stratégie de financement : financement interne ou externe (augmentation de capital, recours à l’endettement) ;
Ÿ  La politique de dividendes en étudiant l’évolution des dividendes distribués.


Le tableau de financement préconisé par le Plan Comptable Marocain présente quelques imperfections à savoir[4] :
Ÿ  Il n’opère aucune distinction entre Besoin de Financement d’exploitation et celui hors exploitation, et ne permet pas, par conséquent, de juger de la capacité de l’entreprise à dégager de la trésorerie par le seul fait de son exploitation.
Ÿ  Il ne permet pas, non plus d’analyser le BFR pour déterminer éventuellement le ou les éléments responsables de la détérioration de la trésorerie ou à l’origine de son amélioration.
Ÿ  La présentation en deux partie  ne facilite pas la mise en évidence des mécanismes financiers et rend plutôt difficile la lisibilité du tableau.
Ÿ  Comme dans le TF du Plan comptable Général Français de 1982, les valeurs mobilières de placement sont considérées comme une composante du BFR hors exploitation alors qu’elles peuvent être une utilisation d’excédents de trésorerie. La liquidité qui caractérise de nos jours, nombre d’entre elles (SICAV de trésoreries, titres de créances négociables,…) doit en faire une composante de la trésorerie ;
Ÿ  Le tableau de financement du Plan Comptable Marocain, qui aurait pu sortir quelque peu des sentiers battus, en raison de son élaboration relativement récente, ne nous semble pas avoir tiré parti des évolutions enregistrées, ces dernières années, en matière d’analyse financière.
De même qu’il ne nous semble pas, malgré les affirmations de ses auteurs, avoir suffisamment marqué  son arrimage aux normes internationales, en l’occurrence la HH64Norme IAS n°7 qui précise, en autres que « dans tous les cas, les variations des éléments de fonds de roulement, tels que les stocks et travaux en cours, clients, fournisseurs et trésorerie, doivent être mentionnés » dans le tableau de financement ; et que les emplois et ressources provenant des opérations d’exploitation doivent être distingués des autres emplois et ressources.
Face à ces imperfections,  des travaux récents ont permis l’élaboration de cadres différents d’analyse des flux financiers qui s’intéressent, non pas aux flux de fonds, mais aux flux de trésorerie effectivement dégagés par les opérations de l’entreprise.

C’est pourquoi, nous allons nous intéresser dans ce qui suit, aux caractéristiques de ces tableaux, ainsi  que leurs apports aux tableaux de financement  et les limitent qu’ils mettent en jeu.
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